Dopage : Bernard Amsalem, seul contre tous ?
Par Jerome Pasco

C’est un article publié dans le Canard d’hier qui me pousse à écrire ce billet. Un article qui met encore un peu plus en exergue le malaise qui entoure la question du dopage aujourd’hui en France.
On apprend dans cet article que la Direction du journal l’Equipe fait pression sur ses journalistes pour qu’ils évitent de mettre leur nez dans les affaires de dopage. Pour le dopage aussi, désormais, c’est service minimum. L’association des journalistes du quotidien sportif a bien tenté de monter au créneau, mais cela n’a pas eu beaucoup d’écho.
Or, l’article du Canard ne fait que confirmer une tendance qui se dessine depuis plusieurs mois, à l’Equipe certes, mais aussi dans d’autres « institutions sportives » notamment tenues par le groupe ASO (Amaury Sport Organisation), qui organise le Dakar, le Tour de France…
Ainsi, il y a quelques mois commençait une campagne interne, dont les médias ne se sont pas beaucoup fait l’écho, et qui, pourtant, revêtait des enjeux énormes. Il s’agissait de la campagne pour la Présidence de la fédération française d’athlétisme. Fédération dirigée par Bernard Amsalem depuis plusieurs années. A sa tête, Bernard Amsalem a mis en place et appliqué un plan sans précédent de lutte contre le dopage. N’hésitant pas à traquer les tricheurs et leurs filières, Bernard Amsalem a par le passé, pris des sanctions exemplaires à l’encontre d’athlètes connus ou pas, préférant défendre l’éthique sportive plutôt que cultiver la politique du résultat à n’importe quel prix.
A ce titre, Bernard, a été un véritable précurseur, aidé, lors de sa prise de fonction en 2001, par le gouvernement de Lionel Jospin et, en particulier, par Marie-Georges Buffet. Période pendant laquelle le dopage était une véritable préoccupation gouvernementale, période qui a abouti aux premières et dernières lois sérieuses de lutte contre le dopage.
Depuis, Bernard Amsalem se sent bien seul. Un sentiment de solitude qui s’est accentué sensiblement depuis 2007, et, en particulier, depuis la nomination de Bernard Laporte au Gouvernement.
Ainsi, de manière presque imperceptible, la chasse aux empêcheurs de se doper en rond, a été ouverte par l’ancien entraîneur du 15 de France.
Le premier sur la liste fut Patrice Clerc, ex patron du Tour (propriété d’ASO), membre de la confrérie des chevaliers blancs de la lutte anti-dopage, viré comme un mal-propre. Résultat le Tour 2009 accueillera à bras ouverts les Armstrong, Basso, Landis et autres adeptes de la piquouse… place au spectacle, place au fric… le reste, circulez, y’a rien à voir !
Bernard Amsalem était aussi sur la blacklist de LAPORTE. Alors quand il a remis son mandat en jeu au mois de décembre dernier, il fallait lui faire la peau. Après le vélo, l’athlétisme… Bernard a donc du affronter une campagne de dénigrement à son endroit relayée par… l’Equipe bien-sûr (propriété d’ASO) qui ne lui a pas fait de cadeau, allant jusqu’à publier des papiers dont on se demande s’ils n’étaient pas directement écrits par le cabinet de LAPORTE. Comme si cela ne suffisait pas, on lui a collé la candidature de Philippe LAMBLIN, ex président de la FFA, qui avait un bilan plutôt léger en matière de lutte contre le dopage, et donc un profil plus conforme aux attentes de certains dirigeants du sport d’aujourd’hui.
Bernard Amsalem a été réélu. Largement. Preuve, s’il en est, que certains autres dirigeants sportifs ont conscience de l’image que doit renvoyer leur sport. Preuve aussi que l’ingérence de quelques malfaisants a ses limites.
Mais jusqu’à quand ? Jusqu’à quand allons nous tolérer l’omerta qui pèse dans le football ou dans le rugby, par exemple ? Jusqu’à quand allons tolérer que des dirigeants exemplaires comme Bernard Amsalem soient l’objet de campagne de déstabilisation ? Jusqu’à quand allons nous rester passifs face aux connivences de plus en plus étroites entre politiques, pourvoyeurs de sport-business et sportifs peu scrupuleux ?
En attendant, je tenais à tirer un grand coup de chapeau, à tous ceux qui comme Bernard Amsalem, aiment le sport et les sportifs. A tous ces bénévoles qui font du sport un élément majeur de la cohésion sociale, un facteur d’intégration, une véritable école de la vie… tout simplement.
Crédit photo : RMC.fr, Ligue Nationale d’athlétisme
Je me souviens d’un fou-rire que mon père et moi avions eu devant la télévision en entendant Bernard Laporte, alors à la tête du XV de France, dire que ce n’était pas grave que Pieter De Villiers ait pris de la cocaïne car c’était un « produit festif » ! Ca démontrait bien l’éthique du bonhomme !
Je suis tout à fait d’accord avec toi! Et le livre, La Face cachée de l’Equipe, révèle les pratiques scandaleuses de la direction du journal envers les enquêtes liées au dopage. La mort de deux cyclistes ce matin révèle l’ampleur du malaise et le danger du dopage.
oui en effet Poujal, voilà l’actualité cyclisme du jour:
http://www.sports.fr/cmc/cyclisme/200906/le-peloton-endeuille_213988.html
Tant que l’espèce de ceux qui préfèrent mettre le business avant la santé des athlètes sera encore de ce monde, de tels drames continueront à émailler l’actualité du « SPORT », dans l’indifférence quasi générale…