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Rénovation du Parti Socialiste : la mauvaise question du leadership

Par      • 15 Août, 2007 • Catégorie(s):  

Antonio NegriElle est dans toutes les têtes. Mais qui ? Qui va pouvoir s’imposer au Parti Socialiste ?

A peine remis de notre défaite, la question inonde nos conversations dans la douceur tropicale de cet été si particulier. Dans le blog de Brionne, Virginie s’est astreinte à nous faire le tour du propriétaire des p’tits gars qui n’en veulent : Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon, Gaëtan Gorce. Sans doute, aura-t-elle oublié Benoît Hamon, un p’tit jeune qui n’en veut aussi. Mais au fait, qui n’en veut quoi ? La question du qui ne doit pas nous faire oublier celle du pourquoi, quoi et du comment. Je ne reviendrai pas une fois de plus sur ce que nous pensons d’Arnaud. A chacune des ses apparitions, nous sommes contraints de pratiquer le tir aux pigeons. Malgré son talent et toute l’amitié que nous lui portons, ses mots sonnent désespérément creux, desservant un talent oratoire certain. Quant à Manuel Valls, il a eu une nouvelle idée : renommons le Parti Socialiste. Dommage que le Maire d’Evry n’exerce pas son énorme talent dans notre région : il aurait sans doute eu l’idée de réunifier la Normandie !

Et puis, il y a Filloche, Mélenchon, Fabius et Emmanuelli. Evidemment, je m’excuse de mettre côte à côte la vision d’un inspecteur du travail – quelle qu’en soit sa qualité et sa pertinence – avec celle d’un ancien premier ministre et d’un ancien premier secrétaire aux talents certains. Quant à Mélenchon, passons : le cas de cet homme relève de Dieu (jeu de mots).

Enfin, il nous en reste d’autres. François et Ségolène ? François Hollande, en dehors de son humour exceptionnel et de sa connaissance de l’économie, a en outre cette capacité d’incarner le moins disant idéologique qui l’a mis au centre de la vie de notre Parti, par « erreur », pendant 10 ans. Il est l’incarnation du vide de nos représentations. Pire, il l’institue. Quant à Ségolène, malgré mes critiques tous azimuts sur la jeunesse de sa genèse, sur sa déviance mystico-messianique à contre-courant de l’imaginaire de gauche, sur son entourage proche confondant politique et vente de machines à laver, ses intuitions et la plupart des propositions demeurent, de mon point de vue, tout à fait pertinentes. Nous la reverrons au tout premier plan dès l’automne 2008. D’ici, gageons qu’elle aura su sortir d’un réarmement idéologique par compilation. Au rayon des idées, les supermarchés regorgent de produits périssables !

Tonio Negri expliquait que les partis politiques de gauche étaient à l’image du mode de fonctionnement des structures dans lesquels leurs membres évoluaient. Autrement dit, le Parti Socialiste est l’empreinte de ses membres, pour l’essentiel, des élus, des salariés, des fonctionnaires et des retraités qui ne font que transposer des modes d’organisation dans lesquels ils exercent ou exerçaient. Peut-il en être d’ailleurs autrement ? Tonio Negri en appelait à la nécessité de s’auto-diriger. Sachons donc nous réinventer en « exorcisant » le plus possible les déterminismes qui pèsent sur nos consciences et nos intelligences. Il nous reste un an. C’est peu.

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11 Réponses »

  1. En effet, le débat sur l’avenir du parti ne doit pas se résumer à un débat de personnes. Mais je reste persuadé que la question du leadership doit être tranchée.

    Je prendrais un seul exemple: les sections où le leadership est assuré (par une personne ou un groupe, incontesté et respecté), le travail est fait et bien fait, les débats sont de qualité et les militants disciplinés. En revanche, dans les sections où la question du leadership n’est pas tranchée, où émergent deux, trois, voire quatre pseudos-leader, c’est le bordel le plus complet. Et on en connait!!!

    Ce constat est une constante invariable. Il nous faut un ou des leaders, des gens qui donnent le tempo, le rythme de l’action politique. Des gens qui savent faire preuve d’autorité.

    Je ne constate qu’une chose: depuis que je milite, depuis 10 ans, jamais je n’ai connu de véritable leader, en tout cas au niveau national(pour ma part j’ai trouvé mon leader local)… et j’en suis politiquement orphelin.

  2. En fait ce n’est pas que j’ai oublié Benoït Hamon, c’est carrément que je n’y ai pas pensé !
    Sa « visibilité » est peut-être évidente à Paris et dans la région parisienne, mais pas franchement en province (même si je déteste ce mot, comme si Paris c’était le top et nous des bouseux).
    Si vous m’en laissez le temps, je ferai un billet sur lui !

  3. Mauvaise langue, je n’ai pas fait le portrait de Montebourg, ça m’aurait filé de l’urticaire !
    Juste celui de Manuel Valls, de Gaëtan Gorce et de Vincent Peillon (déjà avec Peillon j’étais au bord de l’eczéma !).

  4. @Jérôme

    J’adhère à 200% à la vision de Jean Glavany.

    Il est temps de reprendre le chemin de notre autonomie et aussi celui du collectif. S’affilier à des leaders, c’est souvent valider leurs carrières, leurs schémas individuels . Très vite, la dérive autocratique les pousse vite à l’autisme. D’autre part, leur formation et leur amour de soi les amènent très rapidement vers le hors sol.

    Ni la victoire de Sarkozy ni celle de Mitterrand ne doivent nous « impressionner » au point qu’elles nous conduisent à penser que la recherche de leadership est la seule réponse à nos problèmes d’une grande « complexitude ». En tout cas, pas maintenant. Faisons la synthèse de ces expériences. Agrémentons nos analyses de notre réalité. L’équation n’est peut-être pas aussi compliquée à résoudre.

    D’ailleurs, à l’analyse de la victoire de Sarkozy, je crois que le collectif était extrêmement présent. Cette victoire ne doit pas tout à son « génie ». Au moins, a-t-il eu celui de savoir s’entourer. J’ai souvent rappeler le rôle d’Henri Guaino, celui de Fillon dans la synthèse du projet UMP. Ces hommes ont été majeurs dans son dispositif. C’est dans l’acceptation et la recherche de la diversité que nous trouverons la réponse à nos problèmes. Posons-nous d’abord la question de savoir qui sont les socialistes. Comment élargir nos bases, notre doctrine ?

  5. Sans leader nous ne sommes rien Denis. Sans être tourné vers le passé je rappelle juste que notre dernière victoire à une présidentielle date de 88, bientôt 20 ans… dernière date à laquelle le PS ne se posait pas la question du leadership… parce qu’il était là présent, absolument incontestable.

    Depuis cette époque, depuis la fin du leadership au PS, c’est la guerre des courants qui a pris la relève… pourquoi?… Et bien justement pour asseoir un nouveau leadership… en vain. Une absurdité qui continuera tant qu’un leader n’aura pas émmergé.

    L’analyse de Glavany me fait marrer, lui qui a usé et abusé de son propre leadership, chez lui pour se faire élire et réélire…

  6. 1988… Parlons-en : un septennat pour tout de même pas grand chose ! Mitterrand malade, incapable d’exercer le pouvoir à partir de 1993… Quelle image pour le Parti Socialiste ! Oui, Mitterrand nous a tuer (faute volontaire)… pour longtemps et aujourd’hui encore. Ils nous hantent. Il faut lire Michaux sur cette question « dramatique ».

    Sur les courants, tu le sais, je suis d’accord avec toi. Mais il faut aussi savoir d’où on vient.

    Que, dans tes représentations personnelles, tu crois à la prégnance du leadership comme outil de conquête du pouvoir, me semble parfaitement compréhensible ! Je n’ai pas dit que nous n’avions pas besoin d’un leader. J’ai dit que nous nous posions de mauvaises questions au mauvais moment. En quoi le fait d’avoir un leader , sans idées, peut-il nous être utile ?

    Nous avons à engager le travail de réarmement idéologique, faute de quoi nous continuerons à produire de la bouillie et à croire à la conquête du pouvoir sans la nécessité de l’accompagner de la moindre idée. « La conquête du pouvoir se fait par les idées. » Je suis au regret de te dire que nous n’en avons pas plus à force de croire en la providence. Dans ce cas, pourquoi ne pas aller mettre des cierges dans les églises ? ;+)

  7. Un leader n’est pas forcément « sans idées » Denis… Je ne crois pas à la seule prégnance du leadership, mais à un équilibre entre les idées et les gens qui les portent.

    En politique il faut du charisme, de l’autorité, une légitimité aux yeux des électeurs… mais il faut aussi une ligne politique claire, des idées fortes et une construction intellectuelle qui permette de répondre aux attentes et aux besoins des citoyens.

    Parfois dans une élection, les électeurs votent plus pour un leader charismatique que pour un programme, parfois c’est l’inverse… depuis 1995, le PS n’a trouvé ni l’un ni l’autre.

  8. Précision

    Quand je disais « sans idées », j’entendais sans le projet et le programme issu du travail collectif lié à l’activité naturelle d’un Parti Politique. Ce travail, les militants du PS, par « paresse », l’ont confié à des élus et à des experts (des leaders) qui me semblent être eux-aussi dans la recherche d’optimums individuels.

    Il ne s’agissait pas d’opposer leader et intelligence. Tu l’auras compris évidemment.

  9. @ Denis
    le second septennat de Mitterrand a tout de même permis au RMI de voir le jour ainsi qu’à la CSG, rien que pour cela on ne peut pas dire qu’il n’a servi à rien.

    concernant la position de Glavany je suis 100% d’accord avec Jérôme :
    http://nicopolitique.blogspirit.com/archive/2007/08/16/le-ps-n-est-pas-mort-glavany-bouge-encore.html

    mais tout cela ne change au fond du problème de la nécessaire rénovation du parti…

  10. Pour le RMI, faut voir ! Je n’y ai jamais été favorable. Cela a été fait pour « soulager » l’assurance chômage. Sans volet insertion, la mesure a été complètement détournée. Pour la CSG, d’accord à l’exception de l’imbécillité de la partie non déductible. Inventer l’impôt sur l’impôt a été une grande trouvaille après la taxe professionnelle. Deux élèves de la même promo ! Un grande vision de la France ?

    Mitterrand n’avait pas les forces pour la généraliser et la substituer au système actuel de cotisations sociales. En avait-il l’envie… du Prince ?

    Sur Glavany, je réitère mon regard quant à la pertinence de l’analyse. Quant à l’homme… franchement, dans la continuité de mon analyse précédente, peu me chaut !

  11. @ Denis
    qu’une mesure soit détournée par d’autres après son instauration ne la rend pas condamnable en soi…
    et le RMI et la CSG restent tout de même deux grandes avancées acquises par le PS ces 20 dernières années, comme il n’y en a pas tant que cela j’aime autant me souvenir d’elles :-(((

    honnêtement l’analyse de Glavany ne casse pas des briques : qui ne serait à priori d’accord avec le fait que les idées et le respect des militants sont plus important que l’affiliation à un leader ???
    une fois qu’on a dit ça , on n’ pas beaucoup fait avancer le problème…
    et puis Glavany n’est pas exactement le mieux placer pour contester le principes des écuries au PS :-(((