L’environnement en question à Lyon
Par Denis


Hebdo 27 fait un compte-rendu détaillé des états généraux du projet de Lyon du 22 avril consacrés à la question de l’environnement et du développement durable.
Pierre-Alain Muet plante le décor : la productivité du travail au cours du XXième Siècle a été multipliée par 20. Dès lors, le facteur de production le plus rare devient les ressources non renouvelables (pétrole, gaz, uranium, matières premières, …). Ca se vérifie. Il propose de mettre en place une « véritable taxation écologique » qui tienne compte de la rareté des ressources. On aurait aimé avoir plus de détails sur les modalités de la dite taxation. En conclusion, il préconise un nouvel indicateur du développement économique : l’IBDE (Indice de Bien-Etre Durable) en remplacement du PIB. Cet indice intégrerait des éléments aussi composites que les coûts liés à la congestion urbaine, la pollution et la destruction de ressources non renouvelables, etc.
Les propos de Béatrice Marre, secrétaire d’Etat à l’environnement, prolongent ceux de Pierre-Alain Muet. Deux idées intéressantes : la relocalisation de la production et la mise en oeuvre de plans d’urgence locaux. Une façon chatiée de prendre acte du caractère urgent des mesures à prendre ! Le baril est à 75 dollars. Et le pire est devant nous.
La production des ateliers revêt parfois un caractère énigmatique. Ainsi, l’atelier n°1 retient l’idée de « préparer l’après-pétrole et de sortir du tout nucléaire ». Bien. On s’en doutait un peu : on n’a pas le choix ! Les réserves en pétrole nous permettent de produire durant 15 ans au rythme de la demande actuelle. Pour le nucléaire, les réserves en uranium assurent une production pour 40 à 50 années… au rythme actuel de la production. Or, beaucoup de pays souhaitent se rééquiper en matière de centrales électro-nucléaires. Les réserves en seront affectées d’autant.
L’atelier n°2 n’est pas en reste lorsqu’il demande un effort dans le domaine de la recherche « pour comprendre comment et pourquoi les gens consomment et rechercher d’autres modèles de comportement » !!! No comment. Le sujet est très, très sensible. On est pas loin des problématiques du contrôle social. Pertinent et pas très consensuel. Intéressant tout de même.
L’atelier n°3 propose le triplement des crédits consacrés au ferroutage et l’institution d’une taxe sur l’emploi du kérosène et du fuel dans les transports de fret. Ouf… du concret. Ce qu’il faut préciser, c’est que la modification de l’utilisation des moyens de transport signifie, de pair, la modification des conditions de la production et la remise ne cause du JAT (Just At Time) et des stocks zéros. De telles décisions signifient une concertation avec les chefs d’entreprise et nos voisins européens pour qu’elles soient acceptées ou acceptables. Très productif, l’atelier n°3 propose de favoriser les déchets recyclables et biodégradables ainsi que de traiter le problème des déchets à la source, au niveau de la production.
L’atelier n°4 préconise la maîtrise de l’étalement urbain. Très discutable et en contradiction de la maîtrise des coûts de la congestion urbaine. La concentration urbaine peut aussi engendrer des coûts dont la révolte de novembre nous a donné un avant-goût. Il est aussi vrai que l’étalement urbain engendre de forts coûts de transport.
Il reste que les grands absents du débat sont les Ogm et la production, la distribution, la détaxation des biocarburants, biéthanol en tête. Si nous pouvons nous passer de pétrole, nous ne pouvons pas nous passer de carburants. Nos habitats et l’organisation de l’activité économique ne permettent pas d’envisager cette rupture culturelle majeure à très court terme. A moins que des événements extérieurs ne nous l’imposent plus vite que prévu.