DSK : le plus mauvais candidat socialiste !
Par Denis


Le 24 février, au détour d’un échange avec Bruno Duvic sur France Inter, Alain Juppé nous a confirmé que Nicolas Sarkozy se représentera bien en 2012. En confiant l’intérieur à Claude Guéant, en retrouvant Brice Hortefeux à ses côtés dans le rôle de conseiller « spécial », en mettant de vieux grognards tels que Juppé et Longuet respectivement au quai d’Orsay et à la défense, le candidat entend avoir les coudées franches pour préparer la campagne de 2012. Conscient qu’il sera évalué sur sa capacité à refaire descendre le chômage dans notre pays, il multiplie les effets d’annonce concernant l’emploi des jeunes et des seniors. La recette est toujours la même : l’Etat prendra à sa charge les exonérations de cotisations des entreprises ! En multipliant les déplacements en province, apparaissant dans la presse quotidienne régionale, aux informations régionales et au 20 heures de TF1, il entend être, aux yeux des Français, celui qui agit, là où d’autres s’occupent des affaires du monde.
La primaire socialiste aura-t-elle lieu ?
Il y a sans doute plusieurs explications à la décision prise par le Parti Socialiste de l’organisation du vote aux primaires en octobre 2011, à un peu plus de 6 mois de l’échéance. La 1ère, sans doute, est de ne pas vouloir user le candidat ou la candidate. La 2e est de permettre à DSK d’être candidat. Au risque de regarder les trains passer, la 3e raison serait d’attendre le plus tard possible pour coller aux problématiques du pays telles qu’elles apparaîtront à l’automne 2011. Cette stratégie a d’ailleurs montré toutes ses limites en 2006. Bis repetita placent ?
En dehors de Ségolène Royal et, dans une moindre mesure, de François Hollande, qui se prépare, réellement, à être candidat aux primaires socialistes ? Une candidature à la présidentielle ne s’improvise pas. Et la seule, pour l’instant, à remplir les conditions optimales pour être candidate reste Ségolène Royal. Malgré toute l’énergie mise par ses adversaires politiques et ses amis socialistes à la démonter aux yeux de l’opinion dans la continuité du schéma tactique imaginé par Nicolas Sarkozy dès 2006, la présidente de la région Poitou-Charentes peut compter sur une base militante dont aucun candidat putatif ne dispose aujourd’hui. Et, dans l’hypothèse d’une primaire, Ségolène Royal conserve toutes ses chances quoiqu’on en dise.
La stratégie de Sarkozy : Marine Le Pen au 2e tour en 2012
L’émergence médiatique de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon ne doit rien au hasard pur. L’hôte actuel de l’Élysée entend drainer tous les mécontents à sa politique vers les deux pôles contestataires afin d’affaiblir la base électorale du Parti Socialiste. Il prend aussi le parti de se tirer une balle dans le pied. Cela pourrait lui coûter cher dans l’hypothèse d’un 2e tour avec Marine Le Pen. Mais Nicolas Sarkozy pourra alors compter sur l’appel des socialistes, des centristes et des écologistes à voter pour lui au 2e tour.
Rappelant à chaque occasion par des tapes amicales toute l’estime qu’il a pour DSK, le chef de l’Etat entend amener les électeurs à considérer que le directeur du FMI est devenu de droite. Dans ce cadre, Sarko-DSK ou DSK-Sarko, ce serait bonnet blanc et blanc bonnet. L’objectif, dans l’hypothèse où DSK se déclarerait candidat et serait vainqueur à la primaire, est de l’obliger à rougir son discours de manière à détourner l’électorat centriste vers Eva Joly et François Bayrou. Sarkozy sait qu’il ne sert à rien d’essayer de conquérir un électorat qu’il a de toute façon définitivement perdu.
Il y aurait beaucoup de questions à se poser sur le soin particulier qu’a mis le chef de l’Etat à propulser à l’avant-scène l’écologie au travers de l’organisation du Grenelle de l’environnement. Sans lui, sans Jean-Louis Borloo, sans Nicolas Hulot, il n’y aurait jamais eu d’Europe Ecologie. Eva Joly, par sa capacité à fixer une part non négligeable de l’électorat centriste, serait la candidate idoine pour l’actuel chef de l’Etat. C’est, sans doute, ce qui a poussé Dany Cohn-Bendit à demander l’accélération du calendrier au sein d’EELV afin que les socialistes disposent de toute la lisibilité nécessaire pour se prononcer.
De toute évidence, la candidature de DSK est un piège pour la gauche. Nicolas Sarkozy, au travers de la mise en place de son schéma tactique qu’il a construit au lendemain de son élection de 2007, a d’ailleurs très largement anticipé la possibilité de la candidature du directeur actuel du FMI. Avec DSK, les socialistes prennent le risque d’un nouveau 21 avril dont l’issue pourrait nous révéler bien des surprises.
Crédit photos : lancien
Je reste persuadé que si DSK devait être le candidat des socialistes, le second tour verrait alors s’opposer Nicolas Sarkozy à Marine Le Pen…
Ségolène Royal a encore toutes ses chances pour la primaire mais je pense que F. Hollande aurait plus de chances en cas de présence au second tour : les Français ne sont toujours pas prêts à élire une femme à la tête de la République. Et FH est bien plus consensuel à gauche que DSK sans pour autant effrayer les centristes.
Ce n’est vraiment pas gagné d’avance en 2012 pour la Gauche…
et si Juppé devait reprendre le flambeau de Sarko, ce serait je le crains encore plus difficile.
@Emmanuel
J’ai dit ce matin tout ce que je pensais de François Hollande. ;+) Restent Martine et Ségolène. Martine, j’en parle demain ? ;+)
@ Denis : d’accord avec toi dans les grandes lignes concernant Hollande… mais Ségo a tellement pris de coups dans le dos que je crains qu’elle ne puisse pas emporter la primaire… Alors entre Hollande et DSK, je préfère encore choisir Hollande, moins libéral.
Aubry, je n’y crois pas : pour elle Matignon si DSK devait l’emporter.
Bizarre, vous avez dit bizarre….