Rénovation du Parti Socialiste : sachons tuer nos pères !
Par Denis


Un texte du 10 août 2007 alors que je militais au Parti Socialiste. Je l’aime bien ce texte.
Je me mets, pendant quelques jours, en vacances d’Internet. Le fonctionnement de ce blog risque d’en être quelque peu perturbé d’ici la semaine prochaine. Ne croyez pas à la censure des commentaires. Il reprendra un cours tout à fait normal d’ici le 4 août.
La victoire de Nicolas Sarkozy de 2007, à bien des égards, a d’énormes points de ressemblances avec celle de François Mitterrand de 1981. Suivant les préceptes de son maître « communiste », Antonio Gramsci, le candidat de la droite a compris que la conquête du pouvoir se fait par les idées. Là ne s’arrête pas la ressemblance entre les deux hommes. Tous deux avocats de formation, ils ont su utiliser un art oratoire qui ne se dément ni chez l’un ni chez l’autre. Malgré des qualités personnelles évidentes, il faut aussi chercher les raisons du succès dans l’entourage des deux hommes. Pour gagner, il faut savoir s’entourer. C’est d’ailleurs ce qui aura cruellement manqué à Ségolène Royal partie trop tard dans cette bataille qui n’était pas taillé, à vrai dire, pour ses épaules.
Leur culte du symbolique plus intime chez Mitterrand, plus instrumentalisé avec Sarkozy avait avant tout pour but de fédérer un ensemble de Français dans le perspective du second tour. Nous n’avons pas su analyser en profondeur l’apport décisif d’Henri Guaino dans le dispositif de campagne de Nicolas Sarkozy. En face, nous n’avions que de piètres énarques à proposer, bons techniciens rodés à la culture de l’entre-soi, peu enclins à la recherche de la diversité ! Affamés par les ors de la République, ces énarques n’auront pas su résister au chant de la sirène sarkozyste. Trop aveuglés par l’absence d’un leader réellement charismatique à gauche, nous avons cru que la victoire de la droite était dû, pour l’essentiel, à son leader. Tout cela est parfaitement faux.
A gauche, le symbolisme conjugué au messianisme de l’engagement se conjugue vite en mysticisme machiavélique. Ségolène Royal se croyait habitée. Par qui ? Pour quoi faire ? La lecture de Saint Thomas d’Aquin ne suffit pas à partager une communauté de destin avec François Mitterrand. La dame blanche qu’elle chercha à être était à l’opposé de l’imaginaire de gauche et la référence à Jeanne d’Arc n’avait sans doute comme but ultime de faire revenir dans son giron quelques électeurs lepénistes égarés. En tout cas, osons le croire ! Encore une semaine de campagne de plus, et nous allions nombreux, le dimanche 6 mai, vaquer à d’autres occupations. L’utilisation de références symboliques historiques exige d’autres conseillers que de simples vendeurs de machines à laver !
Si François Mitterrand a su pratiquer la baiser de la mort vis à vis de la gauche communiste, sa grande œuvre aura été de laisser le Parti Socialiste orphelin, sans timonier. Le père a tué ses fils. Cette victoire pour la droite n’est pas sans lui poser de réels problèmes comme elle nous en a posé à nous-mêmes. Pour 2012, sans successeur, Nicolas Sarkozy n’aura comme seule solution de se faire réélire. Comptons sur lui pour mettre tous les moyens médiatiques et financiers, toute l’énergie et tout le talent réel dont il dispose afin de nous battre une seconde fois. Dans son histoire, le Parti Socialiste n’a eu que très peu de leaders charismatiques dont l’autorité morale savait faire taire les « petits Napoléons ». Même en 1978, François Mitterrand fut contesté et dût affronter l’opposition interne conduite par Rocard-Mauroy. Il dût alors son salut à Jean-Pierre Chevènement ! Jaurès dût pactiser avec Jules Guesdes. Blum, malgré toute l’autorité morale qui l’amena à diriger le gouvernement de Front Populaire, ne dirigea jamais la SFIO avant 1936.
Tous ces fantômes qui rodent dans notre imaginaire réduisent nos problèmes du moment à la question de la recherche d’un leader. Nous ne devons pas être « impressionnés » par la victoire de la droite. Autrement dit, ne comptons ni sur Ségolène Royal, Arnaud Montebourg, Manuel Valls, Gaëtan Gorce et encore moins François Hollande pour pouvoir l’emporter en 2012. L’invocation de nos mythes errants pose la question de notre autonomie. « Qu’aurait fait François Mitterrand [Blum ou Jaurès NTDLR] à ma place ? » Eh bien, tous ces grands hommes sont morts. En l’état, ils nous seront d’aucun secours.
A y regarder de plus près, la situation du Parti Socialiste est des plus enthousiasmantes. Je vous conseille même d’y adhérer en masse. Elle exige de nous que nous quittions la paresse intellectuelle qui nous a envahis, contaminés que nous sommes du confort institué par la société. Elle exige que nos dirigeants quittent les ors de la République pour d’autres destinées. Michèle R., ancienne secrétaire de section, me disait : « Encore faudrait-il que nos militants se remettent à penser !« . La recherche du grand timonier s’inscrit hélas dans l’absence de volonté de répondre aux enjeux politiques de la société française, de l’Europe et du monde. Courage… fuyons ! En 2012, nous ne pourrons pas l’emporter si nous continuons à croire à la « providence ». C’est à l’opposé de tout ce que nous sommes. Quel que soit son talent, rien ne dit que le ou la meilleur(e) d’entre nous gagnera en 2012. Aujourd’hui, l’essentiel est la victoire que nous avons à mener sur nous-mêmes !
Alors, Denis, on as tuer la mère par la même occasion.
Je vois que tu parles aussi de « paresse »…Comme chante Souchon: « on avance, on avance.. »
Elle était à l’heure de nos choix la meilleure d’entre nous !
Si elle l’était à nouveau en 2012, je n’hésiterai pas une seconde à lui redonner ma voix. Question de voie ?
Entièrement d’accord avec vous Denis !
Et je pense qu’à la section je ne suis pas la seule.
Franchement, que voulons-nous?
Que le PS ne soit plus qu’un parti contestataire, ce qu’il est depuis 2002, et incapable de reprendre le pouvoir au niveau national?
En est-on encore à nous demander qui soutient qui, qui est contre qui, à nous soucier des petites querelles fratricides qui font que la droite risque d’avoir encore de beaux jours devant elle?
La direction du PS qui fait preuve d’une « fainéantise » intellectuelle insupportable depuis 6 ans, aucun grand débat de fond depuis 2002, un programme présidentiel 2007 bâclé, constitué d’un bric-à-brac de mesurettes irréalistes…
Le PS doit redevenir un GRAND PARTI DE GOUVERNANCE – le seul capable d’infléchir le destin de notre pays et de l’Europe !
A cette fin, une pétition est en ligne depuis quelques semaines pour contraindre la direction du PS à se remettre au plus tôt au travail en vue de l’élaboration d’un vrai programme de gauche, réfléchi, construit, très ambitieux mais crédible (sur l’initiative de Pierre Larrouturou, l’auteur du désormais fameux « Livre Noir du Libéralisme ») :
http://www.nouvellegauche.fr
(ce type d’action est inscrit dans les statuts du PS)
Pierre Larrouturou et son équipe ne se contentent pas de critiquer la direction du PS, ils font 20 propositions radicalement à gauche mais réalistes car déjà testées avec succès pour la plupart en France localement ou à l’étranger.
Exemples :
– La semaine de 4 jours à la carte qui fonctionne parfaitement dans 400 entreprises depuis 1995 avec des milliers d’emplois en CDI créés – permettant à terme de rééquilibrer le rapport de force entre salariés et employeurs – concept généralisé sous une forme un peu différente aux Pays-Bas => chômage et précarité les plus bas d’Europe !
– Création d’un impôt sur les bénéfices européen, les USA ont mis en place un impôt fédéral équivalent depuis les années 40, car le dumping fiscal pratiqué par les états menaient le pays à la catastrophe – le taux d’imposition sur les bénéfices est plus faible en Europe qu’USA, un comble !
etc…
Le collectif de P. Larrouturou ne prétend pas avoir réponse à tous les problèmes et leurs propositions peuvent être certainement améliorées, encore faut-il qu’elles soient débattues!
Ses membres ne prétendent pas non plus être les seuls à gauche à avoir des idées novatrices.
Enfin, ils ne discutent pas le fait que Ségolène Royal est incontestablement la mieux placée actuellement comme future présidentiable ou 1er ministrable en cas d’alternance (suite à une élection législative anticipée – on peut rêver…).
Alors AGISSONS !
http//www.nouvellegauche.fr
PS : Je précise que je n’ai personnellement aucun lien particulier avec l’équipe de M. Larrouturou ni avec l’éditeur de son livre, je suis juste un citoyen qui tente par tous les moyens d’apporter sa petite pierre à l’édifice d’un renouveau de notre société française et européenne.