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Laurent Fabius, candidat pour 2012

Par      • 1 Mai, 2008 • Catégorie(s):  

Certains disent de lui qu’il ne pense qu’à elle, que la présidentielle l’obsède. Oui, l’homme est brillant. Il a tout le charisme et tout le talent nécessaire pour assumer cette lourde charge. Et pourtant…

Je crains fort qu’il ne soit jamais notre Président. Pour des tas de bonnes et de mauvaises raisons d’ailleurs. Il n’est pas aimé des Français et d’une frange importante de l’électorat de gauche qui n’a jamais oublié 1984. Le double tropisme qui est le nôtre d’être haut-normand et socialiste ne doit pas nous aveugler. Au sein du Parti Socialiste, il ne pèse plus bien lourd au niveau national malgré une forte présence résiduelle ici et là dans l’appareil. Je crains que ce ne soit pas suffisant pour s’emparer de la direction du Parti. Le Parti Socialiste ne reste qu’un simple outil… certes indispensable dans la perspective de la conquête du pouvoir en 2012.

Le plus grand reproche qui peut être fait à Laurent Fabius, c’est, de mon point de vue, l’illisibilité de son parcours. Quand il a été au pouvoir, il a toujours su se faire rond et conciliant, incarnant, que ce soit en 1984 ou en 2000, une aile très conservatrice du Parti Socialiste. Alors ministre de l’économie dans le gouvernement Jospin, il a rejeté l’extension de la CSG en 2001. Cette réforme loupée pèse lourd aujourd’hui pour notre économie et nos entreprises. Nous aurions pu nous attendre de sa part à la réforme de la taxe professionnelle.

Dans l’opposition, ses mots sonnent justes. Il s’est brillamment opposé au projet de TCE. Il a même, je crois, sauvé l’honneur perdu d’une certaine gauche. Mais au final, cette opposition fut stérile, de nombreux députés et sénateurs socialistes ayant fait hélas le choix en 2008 de se rallier à cette escroquerie intellectuelle et démocratique qu’est le traité de Lisbonne.

De nombreux électeurs de gauche ne voteront jamais pour Laurent Fabius s’il était toutefois désigné par les socialistes. Si Ségolène Royal a perdu en 2007, c’est par la conjonction d’une absence de préparation et d’appui au sein du Parti. Laurent Fabius est talentueux. Mais il souffrira de l’absence de soutien de nombreux militants et électeurs au cas où il serait désigné pour 2012. Avec lui, nous n’aurions strictement aucune chance, peut-être même de franchir le 1er tour. Je crois qu’il est parfaitement inutile de se raconter des histoires et de faire semblant.

Il arrive que des hommes aussi talentueux et brillants que Laurent Fabius passent à côté de leur destin. Faut-il s’acharner à essayer de croire au contraire ? Au nom du collectif, je ne le crois pas.

Source : le Monde

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2 Réponses »

  1. Il y a aussi l’affaire du sang contaminé qui lui collera toujours aux basques, même si selon la formule consacrée il est responsable mais pas coupable, l’information n’étant sans doute pas remontée jusqu’à lui.

    Sur le TCE il a vu la brèche et s’y est engouffré mais je suis persuadée que c’était sans conviction profonde, cependant c’est vrai qu’il a sauvé l’honneur de la gauche et ça on peut lui en être reconnaissant.

  2. La seule façon pour Laurent Fabius de tenir encore sur la scène nationale médiatique est de continuer à affirmer son éventuelle candidature à la présidence de la république. Mais il doit bien être conscient lui-même que son temps est probablement passé… même si c’est difficile en politique de l’admettre !

    Pour la présidentielle de 2007, il s’était trouvé une fenêtre de tir inespérée avec le TCE de 2005. Mais même là, il n’a pas su en tirer bénéfice politiquement.
    C’est vrai que son image dans l’opinion n’est pas jolie-jolie. Peut-être est-ce injuste ?

    Je l’aime bien par moment, Fabius, mais je le déteste aussi tôt quand il passe son temps à taper sur les autres et plus particulièrement sur Ségolène Royal, vers laquelle je penche le plus dans le parti.

    J’ai le souvenir de toutes ses petites phrases d’avant et pendant les primaires de 2006. J’en garde encore un souvenir très désagréable !

    Laurent Fabius garde encore ci et là dans le parti quelques territoires du fait de certains barons locaux anciens qui lui sont restés fidèles.
    Mais il sait aussi bien qu’il ne décrochera jamais le soutien d’une majorité des militants dans le parti. Lors des primaires j’étais même surpris de le voir arrivé derrière Dominique Strauss-Kahn alors qu’il était probablement l’un des trois candidats a voir un courant bien structuré dans le parti.

    J’espère pour lui qu’il saura se rendre utile autrement dans le parti socialiste qu’en tapant sur ses camarades ou en menant une carrière politique au gré des tactiques et des positionnements de circonstances qui lui ont tous échoués.