Morale en Sarkollande
Par Denis


Dans mon esprit malingre, la morale, c’était un « enseignement » dont l’objet était de savoir ce qui était bien ou mal, juste ou injuste. Et les cris d’orfraie de Luc Chatel aux velléités laïcardes de Vincent Peillon à refaire de la morale à l’école me plongent dans une grande perplexitude. C’est, en effet, sous l’égide de Xavier Darcos (vous savez, le ministre de Nicolas Sarkozy qui ne savait pas faire une règle de trois), que les cours d’instruction civique et de morale ont été ré-institués. L’objectif était alors de faire réapprendre les bonnes manières à des enfants qui semblaient en manquer singulièrement ! A la vue des papiers d’emballage qui s’amoncèlent au pied de ma haie mitoyenne à l’école de Saint-Eloi-de-Fourques, le changement, c’est pas pour maintenant. L’emballage Durex que j’y ai retrouvé me laisse à penser que le mal est bien plus profond.
Maréchal, nous voilà !
Dans son interview dans le JDD, Vincent Peillon s’est exprimé en ces termes : « Le redressement de la France doit être un redressement matériel mais aussi intellectuel et moral. » Ni une ni deux, il n’en fallait pas plus à Luc Chatel pour établir un parallèle avec la déclaration de Philippe Pétain – dont la tombe fut fleurie par la République sous François Mitterrand – du 25 juin 1940, dans une France en pleine débâcle : « Notre défaite est venue de nos relâchements. L’esprit de jouissance détruit ce que l’esprit de sacrifice a édifié. C’est à un redressement intellectuel et moral que, d’abord, je vous convie. Français, vous l’accomplirez et vous verrez, je vous le jure, une France neuve sortir de votre ferveur« . Même si le parallèle est saisissant, il est difficile de ranger dans le camp de Philippe Pétain un homme comme Vincent Peillon.
Vous aurez remarqué que la contre-offensive menée par les caciques du Parti Socialiste ne porte pas sur le fond de la reprise à son compte par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault d’un thème de la droite française. Ségolène Royal en avait fait un des thèmes de sa campagne de 2007.
Les forces de l’esprit ?
Hier soir, au journal télévisé de France 2, David Pujadas s’est arrêté sur cette phrase de Vincent Peillon : « Il faut assumer que l’école exerce un pouvoir spirituel dans la société. » Les tropismes du ministre de l’éducation nationale ne doivent pas l’amener à oublier que la mission de l’école, c’est d’apprendre à lire, écrire, compter et raisonner. L’objet de son ministère n’est pas de transformer tous nos instits en curés laïcs. C’est à chacun, selon son libre arbitre, de faire le choix de la forme de spiritualité qu’il juge ou jugera la plus adaptée. Quel peut être, en effet, le libre arbitre d’un adulte qui ne sait ni lire, ni écrire ?
il faut quand meme avoir l’esprit tordu,voir malade pour trouver des similitudes entre la pensée de vincent PEILLON et celle du maréchal PETAIN !.ce type de débat me fatigue.avec quelques mots bien choisis d’un discours ou d’une déclaration on peut tout faire meme le pire.çà me rappelle les supposées similitudes entre MELANCHON dont je ne suis pas un admirateur et le sieur ou la demoiselle LEPEN.! ….INFECTE !!.il faudrait peut etre sortir les mauvaises odeurs .! pour ma part à « l’école des garçons obligatoire laique et gratuite » 60 ans après je me souviens du 1er quart d’heure du matin de la leçon de morale au quotidien.mon instit,parvenait sans bruit à nous captiver et nous AIMIONS ce dialogue.j’ai une admiration et une reconnaissance sans borne pour cet homme.autre chose à cette époque les fournitures scolaires étaient totalement gratuites.cela allait du porte plumes avec boite de plumes !!crayon ARDOISE,pour le calcul mental ! aux cahiers et tous les livres bien sur.tout cela était sur les tables le jour de la rentrée.AUCUNE DEPENSE pour les familles si ce n’est la fameuse blouse grise !!!.pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple !!!…il est vrai que la grande distribution n’existait pas.bonjour les dégats…….YVON ancien combattant…..
@Yvon
Je suis d’accord avec toi sur le fait d’associer Peillon à Pétain, comme on aurait hélas pu le faire à gauche pour Darcos. En revanche, le buzz autour du tweet de Chatel a curieusement fait taire toutes les critiques de fond. Est-ce le rôle de l’école que d’enseigner la morale ?
@-denis:
pour moi très nettement OUI !.dès lors que l’on ne parle pas de moeurs (c’est quoi avoir de bonnes moeurs ??.),mais de l’enseignement des règles à suivre pour faire le bien et éviter le mal.il devrait aller de soi que l’éducation, la morale reste d’abord l’affaire des parents puis de toutes les structures d’accueil éducatif.l’affaire des parents ? dans l’idéal certainement mais on n’ est que dans l’idéal,une illusion,une chimère….au risque de faire hurler c’est la vocation 1ère de l’école de suppléer les parents dans l’incapacité,l’impossibilité d’assumer l’éducation,dans tous les sens du terme,l’instruction de leur enfants.
@Yvon
Oui, la morale s’inscrit dans le champ privé et c’est tout d’abord l’affaire des parents ! Les instits n’ont pas à se transformer en curés laïcs ou en je ne sais quels autres moines défroqués !
Morale Pétiniste ou non, qu’est-ce qu-on n’en a à faire.
c’est juste un pare feu lancé par Peillon pour focaliser les médias sur la morale alors que l’éducation nationale est dans une mélasse qui positionne les gamins d’échec scolaire en échec scolaire….et de désillusions.
Programmes inadaptés rythme scolaires irrationnels, n’est-ce pas là la vraie information . Car rappelons-le le PS a promis du changement dans L’ E;N
C’est au gouvernement qu’il faudrait faire la morale et une piqûre de rappel
@Fred
Le gouvernement n’a pas grand chose à dire. Alors, il en finit par traiter de l’accessoire, alors que nous rentrons dans le dur d’une crise économique, sociale et écologique sans précédent.
Nos dirigeants semblent avoir oublié les enseignements de la gestion désastreuse du chancelier Heinrich Brüning qui amena les nazis au pouvoir.
@Yvon et Denis,
Comme toi Denis, je pense que la mission de l’école est de doter les élèves des outils indispensables pour leur vie à venir, lecture, écriture, mathématiques et de les ouvrir à la culture qui pourra les enrichir. A l’école, on apprend, on apprend à apprendre, et on apprend à raisonner.
Que vient faire la morale dans tout cela ? Elle vise à redonner un destin commun à une nation, sur des valeurs communes. Quelles sont donc ces valeurs que nous partageons ? La sublimation de la réussite personnelle ? L’amour du travail bien fait ? Les valeurs de partage, d’assistance ? L’humour ? Le plaisir ? Le respect ? L’amitié ? Le don de soi ? Le courage ? L’abnégation ? La force ? La soumission ? Qu’est-ce que l’égalité ? Ou s’arrête la liberté, où commence-t-elle ?
Comme l’a dit R. Bordochenel, nous ne partageons pas les mêmes valeurs. La lutte des classes est aussi une lutte des valeurs.
Il y en a une qui est naturellement reconnue aux adultes, c’est la responsabilité.
Les parents sont responsables d’eux-mêmes, de leurs actes, de leurs enfants. Leur éducation est leur responsabilité. Ils le font dans un monde dont la morale échappe à beaucoup, si tant est qu’il y en ait une.
Les seules bornes sont le respect de la loi, sinon de la force.
« Bonne réputation vaut mieux que ceinture dorée », écrivait Topaze au tableau, avant de comprendre que l’or donnait du brillant à la réputation.
Au delà de ce que représente ou est la morale, est-ce bien, dans les temps impartis à l’éducation à l’école, la mission des enseignants ? Les enseignants sont-ils eux-mêmes outillés pour inculquer la morale ? Est-ce une introduction à la philosophie ou juste un manuel de savoir-vivre – mission que l’école essaie déjà de remplir, dans des conditions parfois difficiles ? Si tous les enseignants ne partagent pas les mêmes valeurs morales, l’Etat comblera-t-il ces lacunes en faisant redescendre un programme de morale à l’usage des enseignants et des élèves, même si ces valeurs se réduisent à des petites phrases bien entendues mais mal comprises ? Quelles sont les valeurs de l’Etat, et celles de ses représentants pour se revendiquer de ce droit de les inculquer, quittes à n’y voir qu’un conditionnement borné et inefficace ? Les enseignants ont-il le temps de passer de longues minutes par enfants afin d’expliquer les causes et les conséquences, en fonction des actes de chacun des enfants ?
Pour ma part, il m’arrive, trop souvent, par « manque de temps », de faire la morale à mes enfants. J’essaie quand je le peux de leur faire comprendre les conséquences de leurs actes, et de leur donner les moyens de réfléchir et de réparer.
Et dans mes discussions avec mes enfants, il m’arrive d’être en désaccord avec des valeurs largement partagées. J’essaie de faire en sorte qu’ils puissent concilier les valeurs que je voudrais partager avec elles (ce sont des filles) et les règles auxquelles elles sont confrontées dans le fonctionnement scolaire.
La dernière en date est le partage du savoir. Ma grande m’a expliqué que les élèves copiaient, et que les bons élèves étaient obligés de protéger leur copie avec le bras d’un regard vorace de mauvais élève qui n’avait pas travaillé.
Cela va à l’encontre de mon apprentissage. Notre savoir, nous l’avons reçu des autres, il n’est pas une propriété. Ainsi à l’école, il peut être interdit de poser une question lorsque la réponse nous échappe à un semblable qui détient la réponse, et son explication. C’est le contraire de la solidarité et l’interdiction du travail d’équipe. La docte science tomberait de l’estrade pour se déverser dans le récipient vide de leur cerveau. Alors que la réponse est là, à portée de main. Que celui qui explique ce qu’il a compris le fait tant pour lui que pour son ami(e).
J’ai expliqué, et j’ai expliqué qu’il ne fallait pas déranger pour autant le cours, et qu’un minimum de discrétion était prudent. Ma morale vaut ce qu’elle vaut.
L’école est déjà un endroit où l’on apprend, et le savoir-vivre est une des matières transverses. Tenons-nous en là. Elle est déjà un endroit de tension, comme elle en est un autre de sécurité. Elle n’a pas pas à être un alibi politique.
Pour rire, j’aimerais bien voir la rédaction des valeurs morales de notre gouvernement, et de les appliquer à ses servants et servis, c’est à dire, d’en faire des lois.
@nono
J’approuve bien sûr ton commentaire à une petite nuance près sur la question du partage de la connaissance. Si nous admettons qu’elle est partagée par nature, la connaissance ne peut pas être l’œuvre de quelques uns. Autrement dit, le partage ne vaut que par l’échange et aussi par le fait que celui qui ne sait pas apprendra tôt ou tard à celui qui sait !
C’est mon seul point de désaccord.
Ce n’est pas un point de désaccord, Denis. On prend ce qu’on sait, et on apprend de ceux qui savent. Ou croient savoir, et en tous cas ont une réponse.
Certains sont bons en maths, d’autres en français, en science, en sport, en bricolage, en jardinage, en dessin, en musique, j’en passe… Personne n’est omniscient.
Partager, ce n’est pas donner, c’est donner et recevoir. Dans le moule de l’école, c’est plus compliqué, car les savoirs sont très centrés sur le français, les maths et les acquis de base. Le socle.
L’école mériterait que l’on mette le partage des savoirs et des compétences plus en avant. Mais cela demande plus de temps d’enseignants, donc plus de moyens.
Je suis d’accord avec ton désaccord, j’essayais de faire court, pour une fois ;-)
C’est très drôle Denis. En anglais, cela donne : I approve this message. But…
apparemment la diversion fonctionne…
On ne parle plus de manque de postes ou de programme catastrophique…mais de morale.
Bien joué Vincent, il sont tombés dans le piège…
à lire ou relire : la MORALE LAIQUE est définie par jean JAURES dans un discours resté fameux prononçé en….1892 !…..120 ans….
Non fred, on parle des 13.000 suppressions de postes, des moyens en berne, mais cela n’empêche pas de parler de morale puisque le sujet est sur la table. Et que justement il sert de faux nez.
Et cette demande de morale correspond à un vrai problème de fond : des jeunes largués, et désillusionnés, comme le sont leurs parents, comme le sont les citoyens, les chômeurs et ceux qui ont peur de le devenir. J’entends beaucoup de gens dire qu’ils « savent » qu’ils n’auront pas leur retraite, à force de s’y préparer, il ne seront même plus choqués lorsque le MEDEF dira qu’il ne leur est plus possible de participer aux charges des personnes qu’ils n’emploient pas. Et les gens ont aujourd’hui peur des autres. Ils ont peur de l’avenir. Ils ont de plus en plus peur.
Face à tous les enjeux à l’échelle mondiale, on a besoin d’évoluer, notre modèle ne répond plus aux réalités.
De plus en plus de monde, de moins en moins de ressources, comment peut-on croire que les solutions des années 80 et plus peuvent encore fonctionner aujourd’hui. Évidemment les gens n’ont plus confiance. On doit changer, mais si possible pas à coups de gourdins, il faut réinventer notre modèle maintenant, dans l’intérêt collectif.
Oui, il y a un problème de comportement à l’école, il y a plein de problèmes à l’école, et après l’école. Mais les causes ne sont surement pas le manque d’apprentissage de morale aussi laïque soit-elle, et la solution n’est sûrement pas le rétablissement de celle-ci, mais peut-être plus par plus de solidarité de la société, plus de justice, et surtout, plus d’investissement. Réfléchir collectivement, faire les choix, investir pour parvenir à les rendre réels.
Mais d’investissement, soeur Anne, on ne voit que la route qui poudroie et les discours qui verdoient.
Les socialistes ont dans leur musette des contrats d’avenir. C’est bien, mais cela ne change rien au fond du problème.
La morale, ça ne coûte pas cher, et ça laisse un peu de temps pour voir venir. Et après…
@- nono :
oui,c’est vrai,j’entends aussi des gens,des jeunes surtout qui « savent qu’ils n’auront pas de retraite »
terrible !