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La semaine d’un travailleur non salarié

Par      • 9 Juin, 2007 • Catégorie(s): Formation  Formation    

Le travail c’est pas la santéLundi matin, le réveil sonne vers 4 h 00. C’est dur de chez dur. Je dois préparer des aspects techniques de ma journée de vendredi. 7 h 30. Je pars vers Caen où j’ai rendez-vous à 9 h 00 pour une formation de 4 jours sur SQL Server. Devant les portes de Nxp (ex-Philips Semi-Conducteur vendus à un fond de pension), je ne reconnais plus rien. Les bâtiments qui ont été construits dans les années 2000 viennent d’être entièrement détruits. Philips a vendu les terrains à Carrefour. Le repreneur en loue une partie. En France, c’est vrai, les plus-values se font désormais dans l’immobilier. Autrement dit, on gagne de l’argent en dormant. La journée se passe très bien. Je rentre vers 19 h 00 chez moi. Les 3 journées suivantes suivront le même rythme. Les coups de pompe se font sentir vers 15 h 00 de l’après-midi. Faut dire que j’ai profité de ce début de semaine pour démarrer un régime. Se battre contre sa nature, contre soi-même, c’est sans aucun doute l’un des combats les plus difficiles.

Variation mercredi soir : je ne peux pas aller à la réunion d’Alfred à Brionne. J’ai un conseil municipal. Je suis désigné secrétaire de séance. Nous instituons la PVR, suite à la mise en oeuvre de la carte communale. Nous nous attardons le maire, les adjoints sur la situation du canton et sur la situation de l’agriculture dans notre pays. Une grande proximité de vue s’exprime de nos échanges. Je vois B. très surpris de mes positions sur cette question. « L’agriculture ne produit pas des marchandises comme les autres. La théorie de l’avantage comparatif ne doit pas s’exprimer dans ce secteur comme dans bien d’autres. Nous devons maintenir, coûte que coûte, notre agriculture. Elle contribue à notre assurance-vie pour l’avenir. » Le maire me demande si je me présente aux élections cantonales. Je n’en sais rien même si ma pensée se précise peu à peu sur cette question.

Lors des repas pris chez Nxp, nous échangons avec les salariés sur la mondialisation, sur l’énergie, sur l’enjeu d’une forte syndicalisation. Là-encore, de grandes convergences s’expriment. D. me parle du moteur à air comprimé sans aucun rejet en CO2 direct. Problème : comment produire de l’électricité proprement ? Nous touchons nos limites.

Vendredi : Lille. Je suis prêt. Il s’agit d’accompagner une entreprise sur la mise en oeuvre de ses produits relatifs à la sécurité. Levé à 4 h 00… départ vers 6 h 30. J’arrive sur l’A1. Quelques ralentissements me font perdre du temps. J’arrive en retard. La journée se passera bien. La stagiaire, I., est membre du CE. Elle est normande d’origine. Le midi, elle m’invite à la brasserie du coin. C’est de la cuisine africaine : je déguste un poulet maffé, me souvenant d’un restau elbeuvien qui était devenu ma cantine en 1988-89. Nous échangons sur le syndicalisme, l’entreprise, les changements qui sont intervenus lors d’une fusion. L’entreprise fabrique de la peinture. Une marque célèbre obligée de déménager du fait que la Mairie du temps de Pierre Mauroy a accordé un permis de construire à un hôpital qui se situe à moins de 50 mètres de cette entreprise qui utilise de très nombreux produits chimiques. Le monde bouge. Lors d’une pause, nous parlons à plusieurs des radars automatiques et de la répression routière. Très bonne journée. Ah oui, j’oubliais de vous dire. Ma famille est originaire du Pas de Calais et du Nord. La journée se passe merveilleusement bien. Je rentre vers 20 h30. Fatigué et aussi heureux d’avoir discuté avec quelques salariés dans la chaleur si caractéristique des gens du nord. J’étais chez moi, parmi les miens.

Samedi : je travaille à Paris, à Arcueil, porte d’Orléans. Formation d’ingénieurs réseau. Je suis à la bourre. Je mets les gaz. Effet de serre garanti. E. m’attend. Je m’excuse de mes 5 minutes de retard. La journée se passe bien malgré ma fatigue. Le démarrage est dur. Je cherche mes mots. Puis, tel le cheval retournant à l’écurie, je retrouve le rythme, les mots. A midi, nous mangeons dans un restau japonais avec les stagiaires. 8.5 euros le repas. Les mets proposés sont d’une qualité exceptionnelle. L’ambiance de ces samedis travaillés est particulière. Le contact, la proximité sont plus forts. Je passe une superbe journée avec le sentiment d’apporter une plus-value à un auditoire réceptif. Je rentre à 19 h 30. Le comité des fêtes de Saint Eloi vient d’achever la ballade qu’il avait programmée. Nous avions fait le repérage, F. et moi, samedi dernier.

Voilà. Il me tardait que cette semaine s’achève. Et , je n’ai qu’une hâte. Me coucher. Travailler plus pour gagner plus… sans doute. Le problème est qu’au fil des années, j’ai l’impression de devoir en faire davantage pour gagner moins. Demain matin… VTT. Demain après-midi… bureau de vote. Lundi repos. Ouf. Mardi… Poitiers. Une autre semaine commence.

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4 Réponses »

  1. Votre semaine me donne le tournis…

    Moi qui ronchonne les semaines où je fais 50 ou 60 heures parce que certains de mes étudiants ne bossent pas assez ou que mon magistrat méprise la jurisprudence… et tout ça pour un salaire de misère…

    Ce n’est rien à côté de vous… moi je ne suis vraiment débordée que quelques semaines par an…
    Je vous trouve courageux et votre implication dans la vie politique l’est d’autant plus !

    Bravo !

    Et puis merci pour votre générosité.
    Moi qui suis normande pure beurre d’origine rosbif je suis sauvage et je ne suis pas à l’aise avec la chaleur des gens du Nord ou du Pas de Calais, mais j’ai une amie très chère née à Lille qui comme vous déborde de courage, de sincérité, d’honnêteté et d’humour.

    Je crois qu’à la section nous sommes tous conscients de vos efforts et pour ma part je vous en suis reconnaissante.

    Vous êtes l’exemple type de celui qui ne peut pas travailler plus, sauf à risquer de vous tuer à la tâche !
    Sarkozy a embobiné les ouvriers… et ils risquent de le payer cher !

    Prenez soin de vous !

  2. J’ai juste voulu illustrer le terrible danger et le contre-sens du Travailler Plus pour gagner plus.

    Merci pour le soutien.

  3. T’as des gênes Sarkozyste ou quoi?
    Il ne manquerait plus que le footing !!!

  4. Mes gènes sont ceux d’un petit fils de mineur auquel on a appris que la valeur travail n’était pas de droite. ;+)

    Le jogging… euh, j’ai pas le temps en ce moment. Je me lève trop tôt. ;+) Mais promis, quand je pourrais, je m’y remettrais.