Eviter la clochardisation des université françaises
Par Denis


Les dissonances médiatiques et politiques autour du mouvement des étudiants et des lycéens pour l’abrogation de la loi LRU (Libertés et responsabilités des universités) dite loi Pécresse ne doivent pas nous faire oublier l’essence et l’esprit de cette loi.
Grosso modo, l’esprit de la loi est de naïvement de nous faire croire qu’en donnant l’autonomie en terme de budget et de recrutement, les Présidents des universités – ces surhommes – pourront résoudre la quadrature du cercle. L’argument choc des partisans de la réforme est symbolique : regardez où en sont nos universités dans le classement de Shangaï… sans jamais évoquer les critères du dit classement. L’objectif est-il de paraître ou de faire. autrement dit, l’objectif est-il de briller mondialement dans le classement de Shangaï ou de disposer d’universités de qualité, qui fournissent des chercheurs, de l’innovation et des salariés compétents.
40% des étudiants inscrits en1ière année sont recalés au terme d’une année d’étude qui leur aura servi à rien. Un an de perdu ! La multiplicité des structures d’orientation fournit le résultat contraire à celui recherché. Il ne s’agit pas d’un problème de sélection. Il s’agit d’un problème d’orientation. L’université – pour l’avoir pratiqué jusqu’en maîtrise – requiert non pas que les jeunes soient des experts de tout et de rien. Elle requiert de l’autonomie. Et, sur ce point, nous ne serons jamais des égaux ! La surcharge en terme d’effectifs a aussi comme effet de rendre les structures inadaptées et les cours de piètre qualité, laissant le champ à des méthodes pédagogiques dignes de la IIIième République. L’université doit offrir de véritables chances à ceux et celles qui l’ont choisie, indifféremment de leurs conditions sociales et de la CSP de leurs parents.
La réforme Pécresse consacre le désengagement budgétaire de l’Etat. Les étudiants l’ont parfaitement compris. L’idéologie des nouveaux maîtres de la France est, au travers de l’autonomie, en appeler aux financements privés. A l’heure où les entreprises ferment leurs labos de recherche, pourquoi croire qu’elles donneraient de l’argent là où elles ont fait le choix de se désengager ? Quant aux publications, véritables marqueurs de la qualité d’enseignement dispensé, il faut savoir que certaines universités américaines, sous l’aimable pression de leurs investisseurs privés, bloquent la parution des travaux de leurs équipes de recherche ! Dès lors, quelle valeur peut bien avoir le classement de Shangaï ? Et puis, à supposer que l’aura de quelques présidents sous la pression amicale de leurs amis politiques obtienne ici ou là quelques subsides, comment ne pas imaginer que les cursus ne s’adaptent pas aux desiderata de leurs financeurs ? L’autonomie ne risque-t-elle pas de répondre aux besoins de l’emploi local de court terme, privant les jeunes et le tissu des entreprises locales de perspectives technologiques nouvelles à moyen et à long terme ?
En cherchant l’autonomie des universités, l’Etat cherche à couper le robinet de façon à rationaliser l’offre des universités en faisant ressortir les pôles d’excellence et disparaître les moutons noirs du troupeau. Autrement dit, le gouvernement cherche à appliquer les mécanismes eugénistes de la sélection naturelle à l’université française. Vous l’aurez compris. Cela n’a en fait rien de naturel. Et puis, le meilleur est-il toujours celui qui réussit ?
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la loi peresse ouvre la porte a de nombreuses derives mais le loup est dans la bergerie depuis longtemps la reponse proposée aux étudiant aujourd’hui était deja elle proposée apres le cpe
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