Les huîtres triploïdes : sécurité ou danger ?
Par Virginie

J’ai découvert très récemment le plaisir des huîtres – en effet je me refuse à manger un animal vivant – et j’adore les huîtres de Saint Vaast et leur délicieux goût iodé. Il paraît que la fameuse huître de Cancale a un petit goût de noisette… en bonne normande je me contente pour l’instant de celles de Saint Vaast, mais j’aimerais beaucoup goûter les différentes variétés d’huître pour satisfaire la curiosité de mes papilles ! Le pourrai-je encore longtemps ? Rien n’est moins sûr.
En effet, quand j’étais petite – j’en connais un qui est en train de penser que je le suis toujours ;+) – mon entourage ne mangeait des huîtres que les mois en « r » donc en hiver. Or, maintenant on peut en manger toute l’année. Un progrès ? Hum… j’en doute. L’Ifremer – Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer – a dans ce but inventé l’huître triploïde.
Jouer à l’apprenti sorcier.
Les chercheurs ont fabriqué une huitre mâle tétraploïde – avec des triplets de chromosomes au lieu de doublets – et ce super producteur est trempé dans un gros bocal en verre rempli d’eau de mer. Pour l’inciter à libérer sa semence, on lui fait subir un choc thermique en faisant grimper la température de l’eau à 27 degrés. Cette semence est transmise à une vingtaine de femelles normales – diploïdes – sélectionnées pour leur fertilité. Les spermatozoïdes du super mâle vont féconder en une demi-heure près d’1,5 millions d’oeufs pondus et donner ainsi des larves triploïdes.
Objectif superproduction !
Un mâle tétraploïde peut générer à lui tout seul plus de 200 tonnes d’huîtres ! Ces huîtres sont nourries pendant deux mois par du phytoplancton artificiel donné en nurserie. Ensuite elles seront cultivées en pleine mer par les ostréiculteurs pendant seulement deux ans au lieu de trois ans pour une huître « normale ».
Stérilité programmée.
Les huîtres triploïdes sont stériles ! Elles ne dépensent donc pas d’énergie pour la reproduction et poussent donc plus vite que les autres. En outre beaucoup d’amateurs occasionnels d’huîtres ne les apprécient pas lorsqu’elles sont « en lait », c’est à dire en pleine production des gamètes durant l’été. Le consommateur est censé sortir gagnant en pouvant consommer des huîtres « grasses » toute l’année.
Un goût différent.
Leur goût est ainsi plus sucré – même si cette différence est assez subjective et dépend aussi des aléas saisonniers – du fait de l’importante teneur en glycogène des huîtres triploïdes qui, n’ayant pas d’efforts à fournir pour la reproduction se concentrent alors dans le stockage de leur énergie sous forme de ce polymère de glucose.
Des ostréiculteurs dépendants !
Les écloseries disposent désormais d’un monopole de production. Une huître sur deux, aujourd’hui, serait une triploïde ! Et les ostréiculteurs doivent acheter à chaque production des larves de triploïdes puisque les huîtres triploïdes sont stériles. Tout comme les agriculteurs qui achètent chaque année leur graines ou plans OGM !
Un danger pour la nature.
Le but était de trouver des souches d’huîtres résistantes aux maladies, or, des bassins d’huîtres ont été frappés de mortalités considérables, parfois jusqu’à 80 %. Certains ostréiculteurs tiennent pour responsables les huîtres triploïdes, notamment de la mortalité des huîtres juvéniles. En outre, ceci risque de déboucher sur une réduction des souches d’huître et donc sur une diminution de leurs variétés, c’est à dire sur une uniformisation voire sur une perte de la biodiversité ! L’Irlande a même interdit jusqu’à nouvel ordre l’importation de naissains en provenance des écloseries françaises pour protéger ses bassins !
Boycott des triploïdes !
Faites bien attention aux huîtres que vous achetez. Préférez les nées et élevées en mer. Mangez les à la bonne saison, tout comme les fraises ! Respectez le rythme de la nature !!! Vous pouvez faire un tour sur le site des ostréiculteurs traditionnels, des professionnels qui ont décidé de prendre leur destin en main et de valoriser les huîtres nées en mer. Soyez vigilants, car l’Ifremer compte bien faire le même tour avec les moules !
Crédit photos : Les ostréiculteurs traditionnels ; Oleron Plage.
Tout à fait d’accord sur cette analyse liée à la saisonnalité qui peut s’appliquer à des très nombreux domaines sur le plan alimentaire. Idem pour les mois d’hiver en R ! Et puis, je n’aime pas, à titre personnel, les huîtres laiteuses.
Bonsoir, je voudrais apporter une information. On peut manger des huîtres les mois en r, c’est juste qu’elles peuvent être en lait, et cela leur donne un goût différent mais il n’y a aucun risque pour la santé humaine!!!!! Moi, quand elles sont en lait, je les adore grosses passées au four c’est excellent.
Bonjour Virginie, je me suis permis de mettre un lien vers votre article sur le mur du groupe facebook de l’association »ostréiculteur traditionnel » :http://www.facebook.com/group.php?gid=144050443805&ref=search&sid=1324494908.2287362083..1 cordialement Antoine Mahé
Merci mahe ! Bon combat !
Pas de quoi Virginie ^^
Bonjour à tous,
je tenais à réagir sur le sujet des huitres parce que dimanche 24 janvier j’ai vu un reportage à la télé sur le problème des huitres triploïdes, les journalistes précisaient qu’il ne s’agit pas d’OGM, mais il est vrai que ce croisement date déjà des années 90 et que malheureusement il y a des effets sur les autres huitres. La mortalité des huitres s’était produite auparavant des les années 70, des ostréiculteurs étaient partis à l’étranger chercher une espèce résistance et hélas aujourd’hui on assiste à nouveau à ce phénomène, il y a apparemment un Virus présent latent dans les huitres mais qui se réveille et qui est responsable de cette mortalité. Peut être cela a t-il un lien avec les triploïdes mais ce ne sont que des présomptions. Ce qui me choque surtout dans cette histoire c’est que l’Homme cherche à forcer la nature , la recherche permanente de produire un maximum est surtout responsable de ce gachis aujourd’hui. Pour la viande , c’est un peu la même chose, les consommateurs ont malheureusement peu de choix quant à la possibilité de consommer des viandes de qualité ; car les viandes de la filière Bio sont hors de prix. A ce jour, il faut donc surveiller la provenance des produits que nous consommons sauf que la mention triploïde n’est pas obligatoire ! leur traçabilité n’existe pas ! à moins de se munir d’une loupe …. consommateurs d’huitres et pour tous les autres … soyez prudents !
Merci Fanie pour ce commentaire !
je t’en prie…. je surveille au mieux ce que je mange mais c’est pas évident !
Bonsoir Fannie,tu peux trouver un vendeur d’huitres nées en mer près de chez toi en consultant le site:http://www.ostreiculteurtraditionnel.fr/ dans la partie « où sommes nous? » cordialement antoine
Bonsoir Antoine, près de chez nous Fanie et moi (Haute-Normandie) il n’y en a pas…
Bonsoir Virginie,l’association ne compte qu’une Quarantaine de membres pour le moment mais avec 30% des ostréiculteurs francais qui travaille exclusivement des huitres nés en mer ce chiffre devrait rapidement augmener et j’éspère que très bientot vous aurez des ostréos-trads en haute normandie. antoine
pardon pour les fautes:neés,augmenter ^^
Merci Antoine, j’espère aussi. Pour les fautes, pas grave… qui n’en fait pas ?
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