L’agriculture biologique ne connaît pas la crise !
Par Denis



Alors que la démographie agricole ne fait que de décroître amenant la population agricole sous la barre du 1 million de personnes en 2004, l’agriculture biologique se porte bien. Les chiffres de l’Agence Bio montre que le nombre d’exploitations bio a cru de 2.5% par an de 2001 à 2006. Dans le même temps, les surfaces consacrées au Bio se sont accrues de 30%.
Même si l’analyse en flux est très positive, l’agriculture biologique reste un phénomène « mineur » . En effet, fin 2006, seules 11 640 exploitations agricoles sur 589771 (chiffre de 2003) s’étaient engagées dans le mode de production « bio », soit une superficie de 552 824 hectares, c’est-à-dire 2% de la Surface Agricole Utile (SAU) nationale.
L‘analyse de Claude Bourguignon, Directeurs du Laboratoire d’analyses microbiologiques des sols (LAMS) en Bourgogne, sur la pollution et l’usure des sols ne donne aucun doute sur la nécessité d’engager la totalité de la filière agricole vers le mode de production « biologique ». Ces déboires avec l’Inra attestent du niveau de résistances de la techno-structure française. Pourtant, nous n’aurons sans doute pas le choix.
Le modèle poussé par l’agriculture bio comprend d’autres aspects et notamment celui de la distribution en circuit court. Face à l’explosion des coûts de transports liée à celle des combustibles fossiles, la théorie de l’avantage comparatif qui pousse votre yaourt à faire plusieurs milliers de kilomètres avant d’arriver dans votre estomac n’est plus tenable économiquement. Le site Paysans.net, dont Pierre s’est fait le promoteur dans ce blog, vous permet rapidement de trouver les producteurs bio à côté de chez vous. La constitution d’AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) devrait à terme structure et renforcer l’offre sur l’ensemble du territoire, du département de l’Eure et du canton de Brionne. Bruno avait évoquée la création prochaine d’une AMAP à Bernay. Au niveau local, les collectivités territoriales doivent mettre en avant un modèle de discrimination positive favorisant les modes de production « propres ».
Le législateur français soumis à la pression des lobbies de la grande distribution doit étendre la notion de commerce équitable à l’ensemble des producteurs et pas seulement à ceux des pays du tiers-monde. La subsitution de la grande surface par les réseaux d’AMAP n’est pas pour demain. Sans doute pour jamais. La grande distribution, maître d’oeuvre et d’ouvrage en matière de « consummaction« , doit rémunérer la production paysanne à sa juste valeur. En parallèle, le législateur aurait tout intérêt à associer le statut de commerçant à toutes formes juridiques liées à l’agriculture de sorte de permettre par nature la distribution en circuit-court. Les risques sanitaires, la fraude ne doivent nous empêcher de faire des propositions concrètes sur ce sujet.
Reste la douloureuse question des prix qui fait, que malgré la qualité, les Français aussi par commodité préfèrent remplir leurs caddies de produits agricoles issus de l’agriculture productiviste. Alors que nos gouvernants actuels nous promettent l’augmentation de la TVA sociale de 5 points pour début 2008, ils seraient pourtant bien avisés de chercher à favoriser les circuits courts et les productions non polluantes en instaurant une TVA écologique sur les aliments. L’appel d’air pour le mode de production biologique serait de nature à le rendre très vite dominant. C’était une proposition de Yann Wehrling. Pour ma part, j’y souscris totalement !
Comme je le rappelais récemment, le choix d’un mode de production doit se faire sous la contrainte de l’indépendance alimentaire de l’ensemble de la population française. La folie de la vision anglaise et au delà des commissaires européens ne doit, sur ce point, pas nous faire dévier d’un pouce. Il reste aux tenants de l’agriculture bio de faire la preuve que ce modèle peut nous permettre de concilier ce qui semble pour beaucoup inconciliable.
Sources : rapport du ministère sur l’évolution de la démographie agricole, Planète-info, Abcd Presse, lire Jean Keilling