Hausse du prix des matières premières et éco-irresponsabilité
Par Denis



Jeudi dernier, l’un des intervenants de la CCI de Châteauroux où j’intervenais téléphona pour dire qu’il arriverait en retard… du fait d’un vol de câbles sur la liaison ferroviaire Tours-Châteauroux. Dans les bouches du Rhône, deux entreprises de recyclage, sous-traitantes de France Télécom, faisaient commerce à partir des fils de cuivre appartenant à l’opérateur historique qu’elles déterraient. Parmi les abonnés de l’opérateur, de nombreuses perturbations s’en suivirent. La tonne de cuivre est passé de 5000 à 7000 dollars de 2006 à aujourd’hui ! Près de chez moi, l’un des habitants a comme passe-temps fort « agréable » pour son voisinage , le samedi après-midi, de faire brûler les câbles pour en recueillir le précieux métal.
Le plomb n’est pas en reste et la flambée du prix des onduleurs doit au triplement du prix de la tonne – 1200 à 3785 dollars – entre 2006 à aujourd’hui. Le secteur des NTIC devrait connaître dans les prochains mois une flambée des prix sachant que le prix de nombreux composants est adossé à celui du Nickel, du Cobalt pour les batteries de type lithium-ion et de l’indium pour la fabrication des écrans Lcd. Comme tous ces matériaux sont importés de Chine, du fait du renchérissement du prix de l’énergie, il faudra s’attendre à ce que nous travaillions plus pour dépenser beaucoup moins. Pour l’heure, l’effondrement du dollar joue le rôle d’amortisseur… relatif.
Le colonialisme, puis l’ère de domination économique exercée par les pays du Nord sur les pays du sud semblent définitivement révolus. Elles ont permis au capitalisme d’asseoir une certaine prospérité des classes moyennes « occidentales ». Nous paierons dans les prochaines années le prix de ce que nous aurions dû payer auparavant. Si nous n’inversons pas les mécanismes de la répartition qui ont vu glisser 10 points de PIB des revenus du travail vers les profits, la période d’enrichissement relatif des classes moyennes ne sera qu’un vague et lointain souvenir.
Sur le plan strictement environnemental, certains pays et notamment les Etats-Unis ont fait du recyclage une priorité absolue. La prise de conscience n’est pas propre aux pays du Nord. Chez nous, combien de temps faudra-t-il attendre pour que nous prenions tant sur le plan individuel que collectif toute la mesure de l’enjeu environnemental ? La hausse du coût de l’énergie, la baisse du pouvoir d’achat risquent d’être sur ce plan bien plus efficaces que le grenelle qui vient de s’achever. Avec IBM et Alienware, les industriels du secteur de la High-Tech semblent réagir pour maintenir un niveau de prix suffisamment attractif. Par nécessité, Google s’intéresse aux énergies renouvelables. Un rapport récent commandé par la Commission européenne faisait le constat de la faible efficacité de l’Europe en matière de recyclage. Il y a pourtant un lien direct entre notre niveau de consommation et la production de déchets.
Sans doute, parce que le prix de l’énergie et le prix de la main d’œuvre des pays émergeant sont encore insuffisamment élevés, nous continuons de charrier nos déchets électroniques et autres bateaux vers l’Inde, le Bangladesh et la Chine. Pour combien de temps encore ? Certaines villes de France telles que la ville de Rennes proposent des solutions innovantes. Devra-t-on en venir à ce que nous payions nos déchets au poids ? En Belgique, la quantité de déchets rejetés a été divisée par 3. En France, le risque est que la quantité de déchets jetés dans la nature soit multipliée par 3 !
En France, 20% de nos concitoyens restent éco-irresponsables en refusant le tri de leurs déchets. Les circonstances font que cela ne pourra pas durer bien longtemps.
Autres sources : The Inquirer