Prévoir le futur : avons-nous encore besoin des instituts de sondage ?
Par Denis


« Les cons, ça ose tout et c’est même à ça qu’on les reconnaît« , nous disait Michel Audiard. Il ne croyait pas si bien dire…
Alors osons !
Il peut arriver dans la vie d’avoir des intuitions. Je ne sais pas d’ailleurs s’il ne s’agit pas de bouffées délirantes. Vous en jugerez par vous-mêmes. Depuis quelques temps, je suis de plus en plus convaincu qu’il est possible de prévoir le résultat d’un vote à une élection par l’analyse des requêtes réalisées sur le moteur de recherche Google. Rappelons que Google représente plus de 90% des recherches effectuées sur les moteurs en France et que 2/3 des foyers français disposent d’une connexion Internet à leur domicile. Selon les données de ComScore, nous serions 42 millions à être connectés. Google représentait en octobre 2010 près de 6% du trafic mondial.
Grâce aux données fournies par Google, nous disposerions donc d’un sondage permanent effectué sur la quasi-totalité de 42 millions de Français. Qui n’a pas en effet utilisé Google au moins une fois dans sa journée ? Pour rappel, les sondages sont effectués sur des échantillons de 1000 personnes. Or, à l’observation de nos comportements de navigation, vous remarquerez que nous recherchons de l’information autour des personnes et des idées pour lesquelles nous exprimons de l’intérêt et de la sympathie, même si, à l’occasion, nous pouvons exprimer de la curiosité malsaine. Dit autrement, un électeur du Front National n’ira jamais s’informer sur le portail de l’Humanité, alors qu’un militant communiste ne sera pas enclin à lire les informations mises en ligne sur le site du Front National. Nous allons majoritairement sur les sites des gens et des personnalités proches de ce que nous sommes. Dès lors, l’analyse des tendances de recherche peut fournir un excellent outil pour prévoir le résultat d’une élection, c’est-à-dire prévoir notre futur !
Etude d’un cas clinique : la désignation de Jean-Luc Mélenchon par les militants communistes.
Je voudrais, au préalable, remercier David Burlot pour m’avoir donnée l’idée de cette étude.
Les militants communistes se sont prononcés le samedi 18 juin 2011 dans le cadre de la désignation de leur candidat à la présidentielle de 2012 en faveur de Jean-Luc Mélenchon à hauteur de 59.12%. Il était opposé à André Chassaigne qui a recueilli 36.82% des voix. Ce résultat était prévisible par Google ?
André Chassaigne annonce qu’il est candidat à la primaire, au sein du Front de Gauche le 10 septembre 2010. C’est le démarrage du buzz : les deux candidats sont en campagne. Mélenchon crève l’écran. Il est partout. Pour l’essentiel, les campagnes des partis se font désormais en dehors de leurs enceintes. La 14 février, Jean-Luc Mélenchon sera opposé à Marine Le Pen sur iTélé. Trois mois avant le vote, les militants ont eu le temps de se forger une opinion. Pour Jean-Luc Mélenchon, la campagne de l’opinion est finie : il a gagné. Mais, à partir du 20 mars, soit trois mois avant la date effective du scrutin, André Chassaignes remonte relativement à Jean-Luc Mélenchon. Cela peut aussi s’expliquer par la mobilisation d’André Chassaigne en fin de campagne, là où Jean-Luc Mélenchon, sûr de sa victoire, sera parti en roue libre.
Candidat | Données issues de Google 05/09/2010 -16/04/2011 |
Données issues de Google 20/03/2011-16/04/2011 |
Résultat 18/06/2011 |
Jean-Luc Mélenchon | 1235 | 123 | 59.12% |
André Chassaigne | 694 | 82 | 36.82% |
Ratio | 1.78 | 1.50 | 1.61 |
Pour la primaire socialiste, la marge d’erreur des instituts de sondage est donnée entre 2.1 à 3.4%. Avec la méthode que j’ai employée, le scrutin du 18 juin 2011 pouvait être connu deux mois avant qu’il ait lieu, avec une marge d’erreur de 1.24% par rapport aux données réelles. Sans doute, un effet du hasard pur et de la nécessité !!!
Les instituts de sondage en France
David Burlot vous remercie de l’honneur que vous lui faîtes !
C’est toi que je remercie, David. Tu m’as mis sur une piste ENORME !!!