Fallait-il signer le pacte écologique de Nicolas Hulot ?
Par Denis


Le pacte écologique de Nicolas Hulot, de mon point de vue, est avant tout un catalogue de bonnes intentions sans réelles perspectives et sans que soient mis en avant les véritables raisons de la crise environnementale et énergétique que nous sommes en train de contribuer à construire collectivement. J’ai déjà eu l’occasion de m’en expliquer sur mon blog personnel.
On ne peut contester à Ségolène Royal son engagement écologique. Pour autant, nous nous sommes raillés, lors de la campagne interne, du suivisme de Laurent Fabius par rapport à Nicolas Hulot en contestant au passage la constitutionnalité du poste de Vice-premier ministre chargé du développement durable.
Comme Nicolas Hulot le demandait aux candidats signant le pacte, elle a réagi aux dix objectifs pour un changement de cap et aux cinq propositions concrètes pour changer, avancées dans le Pacte écologique.
Sur l’économie, elle parle de la nécessité de mettre en œuvre une économie circulaire qui recycle les déchets qu’elle produit en s’intéressant tout particulièrement aux emballages. Elle évoque l’économie de fonctionnalité et non l’économie de la possession. Sur cette thématique, elle développe des propositions extrêmement concrètes :
- Rendre progressivement obligatoire l’éco-conception pour tous les produits et développer les labels de qualité environnementale et sociale
- Interdire progressivement la production et la commercialisation des appareils électroménagers des classes énergétiques les plus consommatrices (G, F ou E)
- Encourager les Régions à développer des parcs industriels sur le modèle de l’écologie industrielle (économie circulaire)
- Engager un plan de réduction des déchets à la source associé au recyclage mettant l’accent sur la réduction des emballages
- Commercialiser au plus vite des véhicules très basse consommation
Concernant la nécessité de réduire les gaz à effets de serre, elle propose la réduction de la consommation d’énergie en l’articulant autour de plusieurs axes :
- réhabiliation du logement ancien
- adoption des normes HQE pour le parc public
- aide à l’isolation et à l’efficaité énergétique
- mise en oeuvre de la TLCC (Taxe de lutte contre les changements climatiques) en complément de la TIPP
- Taxe à la tonne transportée par route
- Vignette CO2 annuelle pour les véhicules les plus gourmands
- Taxation du kérosène avion (projet de Directive européenne)
- Mesures d’aide : soutien pour l’utilisation des transports en commun, aides financières pour le passage du chauffage au fuel au chauffage solaire, bois ou gaz
- Maintien des tarifs de rachat garantis pour l’électricité produite à partir de solutions renouvelables
- Subventions aux chauffe-eau solaires, chauffage bois, planchers solaires
- Détaxation des biocarburants de deuxième génération
- Encouragement à la production d’énergie par les agriculteurs
- Incitations par diminution des charges salariales et soutien aux investissements pour les entreprises s’engageant dans la fourniture d’équipements et de services liés aux énergies renouvelables
Sur la question agricole, elle évoque la mise en place de circuits courts dans la restauration collective. Elle demande à ce que les Régions gèrent les aides en encourageant l’agriculture de qualité et la biodiversité. Elle rappelle l’interdiction de culture d’Ogm en plein champ et la mise en œuvre du principe pollueur-payeur en matière de gestion de l’eau. Sur l’aménagement du territoire, ses propositions sont beaucoup plus prudentes, même si elle déclare s’opposer à l’étalement urbain. Sur le transport routier, la réponse reprend les éléments déjà évoqués précédemment : automobiles basse consommation, péages urbains, co-voiturage, taxe à la tonne , intégration du transport aérien à Kyoto. Concernant la fiscalité, elle rappelle la nécessité d’accompagner les couches de la population les moins favorisées. Sur la biodiversité, elle propose de réviser les politiques de pêche, d’exploitation forestière et de développement agricole.
En matière de recherche, Ségolène Royal propose la réorientation des crédits vers :
- L’agriculture pour faire place aux questions liées à la préservation de l’environnement et à la qualité des productions, contrairement à la priorité donnée aujourd’hui aux efforts de productivité
- La biodiversité en soutenant une nouvelle dynamique de recherche et de protection fondée sur « l’approche écosystème »
- Les interrelations entre santé et environnement en encourageant les efforts de recherche pluridisciplinaire pour mieux comprendre les enjeux et ainsi guider les politiques publiques.
Sur la scène internationale, elle évoque l’exigence d’exemplarité pour pouvoir prendre l’initiative au niveau mondial.
Sur le point critique de la création d’un vice-premier ministre, elle propose d’étendre son champ de compétences à l’aménagement du territoire dont il aura la charge. Ségolène Royal s’interroge sur l’intérêt de la cohabitation du vice-premier ministre avec un ministre de l’environnement. Elle évoque ses doutes sur la mise en œuvre de la taxe carbone qui favoriserait la production électro-nucléaire. Enfin, elle propose que la question environnementale soit un enjeu de débat citoyen et qu’un effort tout particulier soit réalisé à l’école pour sensibiliser les enfants à cet enjeu.
Remarques
- La préférence régionale permettrait dans le cadre des appels d’offre de minimiser la consommation d’énergies fossiles.
- Sur la question agricole, je propose que les Chambres d’agriculture fusionnent avec les Régions pour une question d’efficacité. Ces chambres financées par l’impôt foncier surajoutent une administration à d’autres administrations. Leur capacité d’imaginer et d’inventer une autre agriculture laisse pour le moins à désirer, tant la satisfaction des intérêts de leurs membres est devenue leur priorité principale. Elles s’opposent à l’intérêt général et aux politiques publiques.
- La question de l’étalement urbain ne peut pas être dissocier des problématiques de qualité de vie. L’enjeu environnemental ne doit pas dissoudre les autres problématiques et notamment celles de l’aménagement du territoire et de la constitution des déserts humains et économiques.
- La limitation de la question de la biodiversité aux seuls DOM-TOM est réductrice lorsque l’on sait ce que l’agriculture intensive peut faire disparaître d’espèces végétales dans l’hexagone !
- Malgré notre influence, nous ne représentons que 1% de la population mondiale. L’efficacité énergétique est avant tout une question d’adaptation dans un monde où les énergies fossiles vont tendanciellement se raréfier.