Penser global pour reconstruire le local !
Par Denis


Félix Guattari a su parfaitement le démontrer : la logique du capitalisme relève du mouvement brownien. Après avoir conquis le monde en ayant épuisé tous les mécanismes de croissance externe, il ne restait plus qu’au capitalisme, pour continuer à se développer, à entrer dans tous les interstices de la société. La convivialité, la solidarité, le sens du collectif, la logique des biens communs se sont disloqués et ont cédé la place à l’affectio societatis. L’extension du marché à l’ensemble de la société est totalement compatible avec l’organisation de la société dont le principe de base reste l’enclosure.
Regards sur l’engagement militant local
L’un des refrains de la carmagnole écologiste serait, dans le but de transformer notre triste monde, d’agir local, de penser global. A l’observation de la grande majorité des militants écologistes, le moins que l’on puisse dire est qu’ils ne semblent pas déroger à l’envahissement de l’affectio societatis. Mus par la perspective de disposer d’indemnités les mettant à l’abri en cas de besoin, par le népotisme, par les subventions des collectivités territoriales, par un emploi de salarié permanent dedans un parti ou au sein d’une collectivité territoriales, par le besoin de développer ses petites affaires dans le bio ou encore par les indemnités d’élu, une grande majorité de militants « verts » se sont « adaptés » au monde. La résistance à ne pas laisser la place aux autres s’explique avant tout par le souci de maintenir une situation « sociale » ou « professionnelle » acquise en jouant des coudes dans un monde devenu de plus en plus précaire. Le mimétisme « reptilien » nous a dangereusement envahis. La prégnance de l’intérêt personnel conduit souvent au grand écart permanent entre des comportements locaux devenus complètements poreux à l’ordre du monde et un discours idéologique qui continue de marteler son ancrage à gauche. Le local devenu le lieu d’expression des petites ambitions personnelles apparaît désormais bien plus comme le trou noir de l’engagement militant que comme le moteur du changement de la société.
Penser global : le préalable
Si le local est devenu le tombeau de nos certitudes, nous le devons en grande partie à l’absence de production intellectuelle. Que ce soit au Parti Socialiste ou chez les Verts, les projets sont avant tout le fait d’une « élite » ploutocratique totalement déconnectée des réalités, enracinée dans le local, qui sous-traite en grande partie à des « experts » du tout et du grand n’importe quoi. Les apparatchiks se contentent alors au travers d’un mot, d’une expression ou d’une phrase de montrer à leurs supporters enthousiastes qu’ils ont su influer sur le cours des choses. A force de retouches successives, les projets politiques aux limites incertaines se vident de tout leur sens. Totalement dilués et inaudibles, ils ne permettent plus aux électeurs d’entrevoir la moindre perspective de changement. Les électeurs ne choisissent plus : ils votent contre et, tout particulièrement, contre la gauche à l’occasion des échéances électorales majeures !
Les partis doivent retrouver leur vocation première : être des lieux de réflexion et de débats, des lieux de production intellectuelle. Les outils numériques dont nous disposons aujourd’hui nous le permettent d’ailleurs très largement. Il faut y ré-expliquer le monde afin de s’accorder sur le diagnostic qui doit être le cadre. Les conditions de fonctionnement doivent y permettre l’exercice d’une parole égale pour tous dans la transparence la plus totale. L’interdiction stricte du cumul des mandats internes et électifs est la condition pour éviter les dérives népotiques et ploutocratiques ainsi que les mécanismes de la reproduction de la pensée dominante.
Le bloc statutaire proposé aux militants d’Europe Ecologie, malgré tous ses défauts, a proposé deux pistes supplémentaires intéressantes qu’il convient de prendre en compte : l’introduction d’une représentation par tirage au sort et aussi la proposition d’un statut du sympathisant au travers de la notion de coopérative. Le refus de tout amendement par la direction des Verts et de ses militants nous montre, une fois de plus, l’absence totale de volonté de ce parti à se transformer radicalement pour sortir enfin d’une catégorisation politique issue de la Révolution française de 1789. Après les 1.57% obtenus par Dominique Voynet à la Présidentielle de 2007, quel était le risque à tout perdre une nouvelle fois ? Ne faut-il pas chercher à reconstruire plutôt que de partir une nouvelle fois sur de mauvaises bases ?
Crédit photos : Emplois-conseils, Merp
Entièrement d’accord sur ce point que l’on se doit de répéter »A l’observation de la grande majorité des militants écologistes, le moins que l’on puisse dire est qu’ils ne semblent pas déroger à l’envahissement de l’affection societatis. Mus par la perspective de disposer d’indemnités les mettant à l’abri en cas de besoin, par le népotisme, par les subventions des collectivités territoriales, par un emploi de salarié permanent dedans un parti ou au sein d’une collectivité territoriale, par le besoin de développer ses petites affaires dans le bio …. »
Les vrais écologistes ne sont pas ces gens-là,ce sont ceux qui ont les mains dans la terre , qui travaillent par tous les temps, et ,qui savent ce qu’est le dur labeur de la réalité.Les vrais écolos ne sont pas dans un bureau ,au chaud,à se gargariser de doctrines qu’ils veulent faire appliquer aux autres et surtout pas à eux-mêmes.Nous avons un exemple récent avec le SCOT de la Case Seine-Eure-Forêt de Bord ,dans lequel le monde rural avec ses emplois,ses ressources,son dynamisme devrait être rayé de la carte.On devrait rase,ce monde rural, et, l’instrumentaliser au service d’une idéologie écologiste irrespectueuse de l’environnement et des hommes .Le SCOT Seine-Eure-Forêt de Bord est l’essence même de l’incohérence territoriale et écologique.L’évidence est inhérente à la géographie des territoires:vallées,forêts,villes,villages..On ne peut dire »Je ne voir qu’une seule tête »et ainsi construire des immeubles en pleine campagne.Qui ira habiter ces immeubles?
Nous sommes dans les dérives de l’écologie qui ,seulement ,depuis quelques temps commencent à être décriées,haut et fort, car les populations,en contact avec ces inepties, se défendent ardemment.
tu en doutais Denis ^^
es tu allais sur le Blog de Claude Taleb ?
Regarde bien la liste des signataires pour le « oui » alors que les propositions les plus intéressantes émanant du processus Europe Ecologie ont été glacées.
On retrouve bon nombre de hauts-normands et non des moindres.
Le champ de l’écologie politique est en perpétuelle reconstruction et les écologistes sont tel Sysiphe qui remonte son rocher que la force des conservatisme et des convenances ramène ver lebas.
Nous en lacherons pas et je reste persuadé que le Vert est la couleur du XXIe siècle… non pas la couleur des casaques d’une équipe qui veut conquérir le pouvoir mais la couleur du monde que nous voulons construire.
merci pour l’hommage à Guattari
ciao viva
@guillaume
Je crois que nous avons deux ans devant nous pour préparer une réelle alternative à cette opération funeste qui partait pourtant du bon pied. Nous devons tous rester au contact. Je pense qu’Europe Ecologie nous aura permis de nous rencontrer et c’est déjà beaucoup.
Les écolos malades de la peste social-démocrate!
Je pense que du pseudo rassemblement des écologistes Ecolo-Démocrate, proposé par JV PLACE, Cécile DUFLOT et Jean-Paul BESSET, est en totale contradiction avec le postulat de base qui fait de l’écologie politique une catégorie non rattachable au bipolarisme Droite/Gauche. Au fond les Ecologistes qui sont engagés le 9 octobre dans ce processus EE/Les Verts font preuve d’une grande inconséquence idéologique et politique.
D’ abord, loin de rassembler les écologistes cette ligne Ecolo-Démocrate (façon BESSET) contribue à les diviser. Combien sont-ils exactement les militants Verts et EE qui aujourd’hui ont déserté le mouvement (6000-7000) et l’on me dit que le phénomène ira en se développant.
Ensuite, cette ligne va affaiblir durablement le mouvement écologiste. Les militants 6000 à 7000 environs, qui avaient répondu « présent » au moment de l’appel du 22 Mars de DCB dont on aurait pu penser qu’il aurait été de nature à rassembler toute la famille écologiste, tournent le dos déçus pour ne pas dire désabusés. Ceux-là ne sont pas prêts de revenir en politique.
Enfin l’adoption, par les votants du 9 octobre 2010, d’un manifeste qui prévoit un accord «systématique» avec le PS et la Social-démocratie inscrit l’Ecologie politique dans l’une des branches du bipolarisme. Cette disposition contribue au renforcement de ce bipolarisme que tous les Ecologistes conséquents récusent car ils savent combien il stérilise les avancées concrètes nécessaires à la construction d’une nouvelle société plus respectueuses des hommes et de la nature.
Alors que doivent faire tous ceux qui croient encore qu’il est possible de construire ce monde nouveau?
D’abord Il me semble que nous devons impérativement ne pas nous laisser « manger » par les remous de cette péripétie de la vie politique.
Nous devons faire corps et nous mobiliser sur une proposition alternative au choix EE/Les Verts pour conserver à l’Ecologie politique toute ses chances.
Peut-être allons-nous devoir nous impliquer encore plus! « Tout ce qui me blesse sans me tuer me conforte et me rend plus fort » a du un jour dire Nietzche. Cette formule que je cite de mémoire me semble particulièrement adaptée aux moments que nous vivons en ce moment. Blessés nous le sommes tous sûrement, morts pas encore! Notre conviction que l’avenir peut être meilleur et plus éclairé nous reste! Voyons, dans ce contexte, ce que nous pouvons en faire, pour devenir plus forts et surtout pour construire un espace militant porteur d’espoirs pour les idées que nous défendons.
L’heure est à la mobilisation positive, aux initiatives innovantes et au rassemblement des énergies sincères! Les seules batailles que l’on est absolument certain de perdre sont celles que nous refusons d’engager! La bataille politique est une bataille noble lorsqu’elle s’appuie sur des convictions sincères, des pratiques dignes et une volonté à toute épreuve.
Alors local ou global, si bien sur l’action locale reste un passage obligé du militantisme, quel qu’il soit, la nécessité absolue du penser global s’impose surtout si l’on a en tête de contribuer à transformer les équilibres de la société dans un sens plus favorable au bien être du vivant en général et des humains en particulier.
@+
Amitiés
Bernard FRAU