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Les nouveaux statuts d’Europe Ecologie

Par      • 26 Sep, 2010 • Catégorie(s): Ecologie  Ecologie    

A la lecture de la proposition des nouveaux statuts d’Europe Ecologie, vous aurez l’impression d’une grande complexité et aussi le sentiment d’une navigation à vue renforcée par des contradictions et autres erreurs de formulation. Il vous reste jusqu’au 27 septembre 23 h 00 pour faire vos propositions. Dany Cohn-Bendit – le seul à s’être opposé au processus de fusion –  et José Bové s’y sont d’ores et déjà essayés sans qu’on en comprenne clairement les enjeux. Le pari du bureau exécutif d’Europe Ecologie/ Les Verts est de faire vivre deux structures en une : le réseau coopératif (Europe Ecologie) d’un côté et le parti politique (les Verts) de l’autre. La volonté des rédacteurs semble être de proposer une alternative à la professionnalisation de la politique en introduisant notamment une représentation par tirage au sort. Pourquoi pas ? Fort de ses 10000 adhérents alors que le Front National, à titre d’exemple, en comptabiliserait 75000, Europe Ecologie aura-t-il les moyens militants et financiers pour maintenir une structure à double niveau ?

Ce que j’ai compris…

En jaune, le réseau de coopérateurs… en vert le parti…

Fonctionnement du futur Rassemblement des Ecologistes - Europe Ecologie/Les Verts

De fortes contradictions

A la lecture du texte, très vite, c’est la perplexité qui domine. Si, en page 2, les rédacteurs précisent que les coopérateurs sont « ceux qui adhèrent aux statuts« , en début de la page 3, les choses se compliquent quelque peu : « le réseau regroupe l’ensemble des coopérateurs et coopératrices du mouvement qui, sans avoir besoin d’adhérer aux statuts[…]« . Et en page 6… « notre mouvement se veut en rupture avec la démocratie[…] » La formulation est pour le moins maladroite.

De la même façon, la volonté affichée de permettre au réseau coopératif de disposer de ressources propres tranche singulièrement avec le contrôle exercé par l’appareil politique au travers de la présence pour moitié de membres du parlement fédéral au sein de l’agora nationale. On aurait pu s’attendre au mécanisme inverse. « Les coopérateurs/trices ne participent ni aux décisions ni aux élections internes au parti. » C’est quoi, dans ce cadre, l’intérêt de « coopérer » ?

Lorsque les rédacteurs assènent en page 6 que « le débat ne devra être confisqué ni par des tendances organisées, ni par un appareil bureaucratique« , la réalité du processus initiée en octobre 2008 auquel nous avons participé et le choix du contrôle de l’agora nationale par le Parti nous montrent absolument le contraire. Pendant deux ans, les militants ont été confisqués de parole  à tous les niveaux par des « professionnels de la politique et des ONG« . Présents à hauteur de 50% dans les instances dirigeantes où la décision doit être acceptée par des 2/3 des présents ou par consensus, les Verts ont toujours su exercer le contrôle du mouvement au profit de leurs propres intérêts assurés qu’ils étaient que Dany ne ferait rien contre les Verts.

Mouvement unifié de l’écologie politique ?

Malgré la présence de nombreux militants de CAP21 et de quelques militants du MEI au sein d’Europe Ecologie, le manifeste rédigé par le député européen Jean-Paul Besset, ex-trotskiste, ex-collaborateur de Laurent Fabius, puis de Nicolas Hulot, s’inscrit dans une logique politique extrêmement contestable. Dans une démonstration qui relève du sophisme renvoyant dos à dos libéraux et sociaux-démocrates dans un premier temps, le futur président du Comité national d’éthique, aboutit à la conclusion, dans un deuxième temps, selon laquelle “L’écologie politique est donc conduite à envisager ses alliances avec les partis de gauche.” Dans ce cadre, il est difficile d’évoquer un mouvement unifié de l’écologie politique alors que Corinne Lepage, les responsables de l’Alliance Ecologiste Indépendante ont été soigneusement mis de côté du processus pour tendances droitières. Il y a deux visions complémentaires en terme d’écologie politique : la première s’appuie sur la responsabilité individuelle ; la seconde sur des choix collectifs.

Quant à la gauche, Géraud Guibert, représentant du pôle écologique, dénonçait la sous-traitance des thématiques environnementales aux Verts par le Parti Socialiste. La présence de Paul Ariès et de Martine Billard (démissionnaire en juillet dernier du parti vert) au sein du Parti de Gauche montre les nouvelles velléités des mouvements de la  gauche politique française sur les questions liées à l’écologie. L’écologie politique à gauche n’appartient ni aux Verts ni à Europe Ecologie. Et d’ailleurs, la question se pose de savoir si ces velléités monopolistiques ne finissent pas par nuire à l’écologie politique elle-même en faisant le choix de l’arrimer artificiellement à un camp. Dominique Voynet avait obtenu à 1.57% aux élections présidentielles comme en 2007.  A force de dire que l’écologie politique est de gauche, les écolos votent au 1er tour pour le candidat de gauche qui a le plus de chance d’être présent au second tour.

L’écologie politique n’est ni de droite ni de gauche. Elle est ailleurs !!!

Propositions d’amendements

Très peu d’amendements aux statuts à se mettre sous la dent à vrai dire…

Crédit photos : Decitre, Centre Edgar Morin

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10 Réponses »

  1. Bonjour,

    Merci pour cette mise en avant de ma « proposition de proposition »:-D (ce ne sera une vraie proposition que lorsqu’il y aura suffisamment d’adhérents la soutenant).

    Ce matin, je n’ai pas encore assez de soutien pour avoir le droit de présenter l’amendement « Olé » (Osons l’égalité/ disponible sur : http://hasard.europe-ecologie.net/ ). Si tu veux m’accorder une chance de le défendre, merci d’envoyer un mail à l’adresse: osonslegalite@laposte.net
    [Merci de préciser ton prénom, ton nom, ton code postal, ton statut relativement à Europe Ecologie (Signataire? Adhérent? Membre d’un exécutif? Elue? …) et/ou relativement aux Verts (Adhérent? Membre du CNIR? Membre d’un exécutif? Elue? …) ].
    (Attention, ce soir il sera trop tard!)

    Cet amendement propose un objectif de tirage au sort global (avec une montée en puissance progressive sur 3 ans) sur l’instance de décision réelle du rassemblement des écologistes. La proposition de statut actuel, ainsi que les amendement soutenus par nos « poids lourds » médiatiques proposent des doses de désignation au hasard, et pas forcément sur les instances qui décident réellement.

    De simples doses de tirage au sort entraînent:
    – une différence de légitimité entre les membres,
    – une diminution de la nature, déjà par définition imparfaite, d’échantillon représentatif de l’assemblée,
    – la poursuite de l’existence d’une caste de « dirigeants » supposés « savoir » et non « représenter » et ainsi, la poursuite de la rupture entre représentés et représentants.

    A mon sens, les spécialistes, les élus, les personnalités médiatiques ont toute leur place dans les exécutifs et dans les médias mais ne devrait pas avoir plus de place que les autres militants dans les instances délibératives où il me semble préférable qu’ils interviennent pour défendre leurs points de vue, éclairer les membres de leur savoirs puis s’effacent lors des délibérations (de même que les avocats et procureurs ne participent pas aux délibérations lors des assises).

    Un tirage au sort global sur l’instance de décision majeure oblige à reconnaître le statut de représentant et non de spécialiste aux membres des instances délibératives et ainsi, entraine la nécessité que l’assemblée recueille par des interventions extérieures et publiques l’ensemble des points de vue et expertises: (ceci marche à grande échelle pour la justice ou, plus modestement mais dans un domaine plus proche, dans certains Conseils Economiques et Sociaux Communaux). Cette nécessité augmente la transparence des décisions (les débats sont ainsi supposés pouvoir être suivis par des non-spécialistes) et facilite la formation de l’ensemble des militants.

    Amicalement,

    François NICOLAS

  2. Bonjour !
    Votre très intéressant article est hélas corroboré par d’autres pratiques. Qui sont les 10.000 adhérents revendiqués par EE ? Dans les faits, quiconque s’est abonné à la lettre mail d’EE pour tout bêtement s’informer est réputé avoir signé la fameuse charte et adhéré à EE ! J’ai ainsi reçu ces derniers jours entre 10 et 20 exhortations à voter (après envoi d’un chèque quand même). Je ne suis pas la seule a avoierété considérée comme adhérente « à l’insu de mon plein gré » : en une journée, sans chercher, rien qu’en discutant, j’ai trouvé 7 personnes dans le même cas ! Sur le Web, en Basse-Normandie une responsable verte se dit ravie d’avoir 226 adhérents… à EE , alors que le triple avait signé la charte. Y aurait-il 3 fois moins de réels adhérents que les 10000 revendiqués ? la question est posée. Et où sont passés les deux tiers disparus dans la nature ? Pas contents du produit ? Encore une question à poser !
    Enfin, après l’épisode des 400 adhérents en liquide (dont 200 Tamouls) en banlieue parisienne – Tamouls que l’auteur de cette farce démocratique propose à sa collègue de Basse-Normandie, quel humour ! – j’ai trouvé aussi la trace de réunions « vertes/EE », à Lyon et Grenoble, dont la particularité était de rassembler essentiellement un public du sud-est asiatique. Si c’est pas de la clientèle à l’ancienne, ça…
    Cordialement
    Maryse Lapergue (66)

  3. @Maryse

    Oui, franchement, il y a beaucoup de questions à se poser sur la nature profonde de cette opération « Cordned Beef ».

    @Fred

    Excellent !

  4. Autre question : pourquoi les médias sont-ils dégoulinants de complaisance envers un futur truc (mouvement ? coopérative ?) qui prétend ré-inventer des pratiques démocratiques tout en ayant déjà choisi par cooptation, avant même ses assises fondatrices, sa candidate aux présidentielles, sa secrétaire générale, son porte-parole, son président ??? Combien de temps la farce va-t-elle faire illusion devant l’opinion ? On assiste à une sorte de « mixed grill » (c’est plus saignant que le corned beef !) de l’aventure « démocratique » de feu le Modem et du relookage de la LCR en NPA : on prend les mêmes et on recommence sous un faux nez. Bonjour les gogos (version laîque du ravi de la crèche).
    Maryse la

  5. Autre question : pourquoi les medias sont-ils dégoulinants de complaisance envers EE ? Aucune analyse critique d’un mouvement qui prétend réinventer la démocratie avec des statuts et un organigramme qui ne sont qu’un avater de l’anarcho-bureaucratisme, sans oublier qu’avant même sa création prévue mi-novembre, les chefs du mouvement en question (ou coopérative) se sont déjà co-optés en choisissant avant tout débat la candidate à la présidentielle, le président du truc, la secrétaire générale, le porte-parole… Combien de temps cette farce fera-t-elle illsion sans qu’on y voie le mixed grill( plus saignant que le corned beef) de la démocratie réinventée (aie aie aie) de feu le modem et du NPA (faux nez de la LCR). Et il y a des gogos qui s’y laissent prendre !
    Nota bene : entre les oreilles il y a un cerveau qui ne demande qu’à servir avec les éléments d’information que la période lance sur les ondes et autres net…
    cordialement
    Maryse Lapergue (66)

  6. @Maryse

    Jean-Paul Besset et Edwy Plenel me semblent être d’anciens copains, non ?