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50 ans d’écologie politique ?

Par      • 14 Nov, 2010 • Catégorie(s): Ecologie  Ecologie    

Le 13 novembre 2010 à Lyon, 53% des militants présents ont décidé du nouveau nom du rassemblement des écologistes. Ce sera finalement Europe Ecologie – Les Verts. Après avoir liquidé aux européennes les velléités écologistes du Modem et après s’être défaits de l’AEI, la question est de savoir quel bilan on doit tirer de 50 ans d’écologie politique dans notre pays.

 

Les écolos sont-ils aptes à parler de projet d'écologie politique ?

Les écolos sont-ils aptes à parler de projet d'écologie politique ?

Y-a-t-il moins de nucléaire en France ? NON. Il n’y en a jamais eu autant !!! Flamanville est en cours d’achèvement et Penly est sur les rails ! Areva est devenu le fer de lance industriel mondial du retraitement des déchets nucléaires. Opposée à Superphénix, la ministre de l’environnement du gouvernement Jospin, Dominique Voynet, ne s’est jamais opposée à Iter, ce délire prométhéen condamné récemment par le physicien Georges Charpak aujourd’hui décédé qui n’était pas connu pour ses sympathies anti-nucléaires. La politique du tout nucléaire aura toutefois permis la naissance du réseau Sortir du Nucléaire ! Grâce au nucléaire, nous nous sommes « décarbonés ». De 1973 à 2007, la part des énergies fossiles est passé de 90% à 52% sur cette période. Le co-auteur du pacte écologique de Nicolas Hulot, Jean-Marc Jancovici, l’a répété à de nombreuses reprises : le nucléaire fait partie de la solution !? Sur la période, les énergies renouvelables ne se seront jamais développées malgré la présence dans les gouvernements successifs de représentants des Verts et de Génération  Ecologie.

L’agriculture est-elle devenue moins productiviste ? NON. En Haute-Normandie, cette année, les rendements en blé ont dépassé les 115 quintaux à l’hectare. Certaines parcelles ont même atteint les 130 quintaux à l’hectare ! Dans l’après-guerre, les rendements atteignaient péniblement les 45 quintaux à l’hectare. Après avoir arasé les haies et tué une grande partie de la biodiversité, nos campagnes où se cultivent aujourd’hui à titre principal soja, betterave, maïs, blé et pomme de terre épuisent les sols. L’usage des pesticides, malgré les pratiques dites de l’agriculture raisonnée, finissent d’achever les colonies d’abeilles en abaissant leur système immunitaire. Et pour les hommes ? Les cancers augmentent. Les agriculteurs français ne nous nourrissent plus : ils nous empoisonnent !!! Le maraîchage intensif et l’arrosage du maïs se chargent d’épuiser les nappes d’eau devenues impropres à la consommation du fait de la concentration en pesticides et en azote. Les collectivités territoriales tentent de sécuriser l’approvisionnement en eau en interconnectant tous les réseaux d’eau. Nous en sommes aujourd’hui réduits à filtrer notre eau à l’aide de cartouches de charbon actif ou à boire une eau en bouteille plastique chargée en antimoine !!!

L’utilisation des transports en commun s’est-elle développée dans notre pays ? Pas sûr. Nous sommes passés de 12 millions de véhicules particuliers en 1970 pour atteindre les 30 millions en 2010. Le réseau autoroutier de 1970 à 1995  a plus que quadruplé passant d’un peu moins de 2000 km à 8000 km. En 2010, nous en sommes à 10950 km. Le nombre de kilomètres parcourus par an et par véhicule a augmenté alors que le parc automobile triplait. L’étude de Béatrice Bourdeau nous montre que le nombre de poids lourds a explosé. Dans le même temps, dans la majeure partie des départements et régions françaises, les exécutifs de « gauche » ont transformé d’anciennes lignes de chemin de fer en voies vertes. Les Verts sont aujourd’hui associés à des exécutifs socialistes qui prônent l’extension du trafic aérien comme en Loire Atlantique et la création de voies nouvelles comme en Haute-Normandie. Le co-voiturage et le télétravail tardent toujours à se mettre en œuvre dans notre pays. Nous en avons entre 20 et 40 ans de pétrole au rythme auquel nous le consommons.

En clair…

Quelle est aujourd’hui la capacité de l’écologie politique à changer les orientations de la société française qui a oublié les rudiments de la géologie et de la pédologie ? Autrement dit, devons-nous compter sur les vertus pédagogiques de la catastrophe plutôt que sur la politique pour que les citoyens comprennent que nous allons droit dans le mur ? Toujours est-il que la question de l’intérêt d’un parti représentant le champ de l’écologie politique est clairement posée. Nous verrons bien quel avenir réserveront les électeurs et les militants à la renaissance d’un parti dont l’action a amené l’écologie politique de 1974 à 2007 de 1.32% à 1.57% des voix exprimées à l’occasion du 1er tour de l’élection présidentielle !!!

Autre regard : Terra Economica / Crédit photos : Développement durable

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6 Réponses »

  1. Une fois n’est pas coûtume, Denis…

    Ce soir je ne suis pas d’accord avec toi. Je suis persuadé qu’un vaste mouvement des écologies doit s’organiser de façon à percuter la sphère politique.

    Cette force politique fait encore cruellement défaut en France et en Europe où beaucoup voit dans le mouvement écologiste une opportunité pour faire carrière et épnouir leur tendance à parler à la place des autres.

    Depuis plus de 20 ans, en effet, ils sont nombreux ceux et celles qui ont ramené l’écologie politique à une simple écologie politicienne. Les écolos ne s’y sont pas trompés : ils ont déserté au fur à mesure ce qui s’apparentait de plus en plus à une machine électoraliste vaguement peinte en verte.

    L’invention d’Europe Ecologie apparaît dès lors comme un constat de carence de la nomeklatura verte. De peur de disparaître du paysage politique français, ils ont fait appel au mouvement écologiste pour venir interrompre la déliquescence de l’écologie en politique.

    Pour une fois que la Nomenklatura verte s’approchait quelque peu de l’écologie politique… on allait pas s’en plaindre !

    Aujourd’hui secourue par le mouvement écologiste et sauvée par les urnes, la Nomenklatura verte reprend du poil de la bête. Sa propension à persévérer dans son être ne doit pas pour autant nous effrayer.

    Plus que jamais la nécessité d’un mouvement écologiste s’impose, comme Cochet l’a rappelé hier :
    http://www.dailymotion.com/video/xfmi39_assises-de-lyon-17-y-yves-cochet_newsundefined

    Tout l’enjeu est que ce mouvement ne soit pas détourné à fins privées et s’érige comme une alternative effective face au bloc productiviste.

    En effet, la ligne de partage principale sur la scène politique n’est plus entre droite et gauche mais entre productiviste et anti-productiviste.

    EELV, malgré tous ses défauts, reste la seule force politique qui puisse engager une mutation anti-productiviste.

    Pour que cette mutation soit authentique, il convient donc que tous les écologistes acceptent de s’en rapprocher que ce soit en tant que coopérateur ou qu’adhérent.

    Le défis poser par la fondation d’EELV est un appel à la responsabilité de tous les écologistes.

    GdD

  2. @Guillaume

    Je n’ai pas d’avis définitif sur cette question. Je me pose des questions à la lueur des faits. Tant que les représentants de l’écologie politique se comporteront en alliés serviles des partis productivistes, tant qu’ils feront de la politique pour des raisons de prestige ou des raisons alimentaires n’hésitant pas à cumuler les mandats, tant qu’ils se comporteront de manière profondément anti-démocratique comme nous l’avons vécu, tant qu’ils feront le contraire de ce qu’ils disent, tant qu’ils permettront à leurs « copains » de faire vivre leurs associations, leurs petits commerces, leurs exploitations « bio » à coup de subventions publiques, … nous en serons toujours là où nous sommes.

    Nous nous gargarisons de mots. Mais quelle est la réalité des exécutifs auxquels se trouvent associés les Verts aujourd’hui ?

    Reste une énigme : comment porter un projet autonome d’écologie politique ?

    NB Yves Cochet le rappelait à Nîmes en 2009 où il fut copieusement sifflé par les Verts : sommes-nous d’accord sur le diagnostic ? Là-dessus, je crois qu’il a mille fois raisons.

  3. s’il n’y avait que des questions de pouvoir…. mais il y a aussi des problèmes de compétences. Il n’est pas sûr que EELV sache aujourdhui investir les plus solides et les plus compétent(e)s à des postes clefs que ce soit dans le mouvement ou dans les institutions.

    On peut toujours s’étonner en Haute-Normandie que Gilles ne soit toujours pas en responsabilité alors qu’il est certainement le plus compétent d’entre nous. On peut s’étonner de l’absence de Jean-Pierre à nos côtés. On peut s’étonner de bon nombre de prises de positions…

    Mais en dernier recours je crois que c’est faute de contre-pouvoir solide au sein du mouvement écologiste que de telles dérives ont eu lieu.

    Si nous savons resserer nos liens, être exemplaires dans nos pratiques militantes et acquérir les compétences nécessaires, je pense que nous pourrons collectivement engager une dynamique démocratique qui associe éthique, technique et politique… ce qui fait cruellement défaut sur la scène politique française.

    Essayons déjà de mener une action contre le cumul des mandats… ce serait un bon test.

    GdD

  4. LUTTE CONTRE L’HIPPOPHAGIE

    NON ! UN CHEVAL CA NE SE MANGE PAS !

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    AEC
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    Amitiés.

    AEC.

  5. @ Denis
    tu es machiavélique;pour tenir parole et ne plus écrire vive le recyclage…d’articles pas périmés et prémonitoires
    signé l’oracle

  6. @Max

    Je crois qu’il y a beaucoup d’articles de Voie Militante qu’il conviendrait d’explorer. A me relire, je me demande d’ailleurs si j’en suis l’auteur. ;+)