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Congrès de Reims : soyons modernes… soyons de gauche !

Par      • 2 Nov, 2008 • Catégorie(s):  
LELITOULALU

LELITOULALU

Je vais une fois de plus me prêter ici à ce que nous savons faire de mieux : parler de nous-mêmes alors que notre rôle serait d’être aux côtés des gens qui souffrent.

C’était le bon temps…

En 1981, la victoire de François Mitterrand fut une joie sans nom pour le peuple de gauche. Les premières réformes nous enthousiasmèrent alors que les Etats-Unis avec Ronald Reagan imposaient au monde leur potion conservatrice dont on mesure aujourd’hui les effets mortifères au niveau de l’économie mondiale. 1% des plus riches aux Etats-Unis « possèdent » 25% du PIB.

N’est pas de gauche qui veut !

Les élites hors sol embarquées dans le sillage de la mitterrandie si elles continuent de se réclamer à gauche – ce qui reste tout de même à démontrer – n’ont jamais été de gauche. Leur perméabilité, leur porosité, leur goût des limousines et des ors de la République sont autant d’éléments explicatifs de la purge libérale de 1983-1984. Ayant choisi le camp de la gauche par pur opportunisme dans certains cas, ces hommes et ces femmes sortis de l’ENA nous ont conduits dans une impasse idéologique qui emprunte davantage au trou noir qu’au vide sidéral. Ces malfaisants, comme disait Vincent Peillon, sont toujours à l’oeuvre au Parti Socialiste.

A droite toute !

La conversion des « socialistes » au libéralisme économique a fait que les Français n’ont vu aucune différence entre les cures d’austérité de Jacques Delors, de Pierre Bérégovoy ou d’Edouard Balladur. Les Français, loin d’être des veaux, finissent toujours par préférer l’original à la copie. De 1983 à 1993, la Bourse de Paris a vu sa capitalisation passer de 225 à 2700 milliards de francs rien que pour les actions. La gauche a su pratiquer une politique de classe, contre les classes qu’elle était censée défendre de la violence économique qui se déchaînait sur l’ensemble de la société française. Il est toujours pathétique chez les « socialistes » d’entendre que la seule réforme authentiquement de gauche fut la suppression de la peine de mort, là où l’Europe, quelques années plus tard, l’imposait à l’ensemble de ses pays adhérents. En 1985, sous un gouvernement de gauche, naissaient les Restos du Coeur.

L’Europe, ce machin

Ah… l’Europe ! Parlons-en. Comment est-il possible d’avoir accepté le principe de l’exercice d’une concurrence libre et non faussée qui est à l’origine du recul des services publics et de la désindustrialisation active qui a généré tant de chômage ? Au nom de l’euro ? Comment est-il possible d’avoir cautionné une BCE qui nous prive des outils qui monétisent nos déficits ? Les Américains ne sont même pas allés jusque là et, dans la crise actuelle, en faisant racheter des bons du Trésor par la FED, les pigeons de  la crise financière sont les Européens. Les gesticulations du chef de l’Etat n’y changeront rien. « Quand on est con, on est con.« , nous disait le poète (1). Que dire enfin de ces « socialistes » qui, au nom de leur conviction empruntant davantage à l’orthodoxie libérale, ont voté oui au mini-projet européen de Lisbonne !

On ne peut pas tout… privatiser

On dit de Lionel Jospin qu’il fut l’un des meilleurs premiers ministres qu’ait connu la France. L’autosatisfaction a des vertus. La façon dont ont été faites les 35 heures a amené un blocage des salaires pour les plus modestes, là où les entreprises ont bénéficié de gains de productivité financés par le contribuable. C’est sûr : y a de quoi être content quand on sait que ce sont les cadres qui en auront tiré le plus grand profit. Sarkozy, depuis, cherche à corriger l’injustice faite aux ouvriers en leur intimant de travailler plus pour gagner plus même le dimanche.

En 2 ans, sous Jospin, le gouvernement français n’aura jamais autant privatisé : plus d’un millier d’entreprises ont quitté le secteur public alors que la destruction des emplois industriels s’accélérait. Faut-il être à ce point complètement déconnecté des réalités pour ne pas s’en apercevoir ? En 2002, les Français ont sanctionné Jospin. Son projet de l’aveu du candidat n’était pas socialiste. A Wilword, Jospin avait même déclaré que l’Etat ne pouvait pas tout, parlant des Michelins qui subissaient un nième plan social. Alors que nous étions aux manettes, Jospin et Fabius arbitrèrent contre la réforme des cotisations et pour la baisse des impôts.

Ces grands « socialistes »

Dans l’opposition depuis 2002, nous avons la chance d’avoir des représentants « socialistes » au niveau de l’OMC et du FMI. Pascal Lamy, un converti de plus à l’ordre – devenu désordre – libéral prône le libre échange comme outil de développement des peuples. Bien sûr. Les crises de la faim de 2007 sont dues pour l’essentiel aux potions du Docteur Lamy et de ses sbires. Imposant le libre échange et les importations très largement subventionnées, les pays en voie de développement ont, en partie, détruit leur agriculture vivrière pour mieux exporter. L’idéologie de l’OMC s’appuie sur la théorie de l’avantage comparatif développée par Ricardo en 1817. A défaut d’être original, ce grand socialiste s’est converti en prêtre du dogme.

Et puis, à gauche, nous avons la chance d’avoir DSK au FMI. Ministre de l’économie, il réclamait à cor et à cri le développement du financement des retraites par capitalisation. Heureusement, pour les Français, les projets de ce grand économiste n’eurent pas le temps de se réaliser. On en mesure aujourd’hui toute l’inanité.

La modernité, c’est être enfin de gauche !

Les socialistes au pouvoir à l’exception de 1981 et de 1982 ont toujours fait le contraire de ce qu’ils ont dit. Avec les TUC devenus emplois jeunes en 1997, avec le RMI, la CMU alors que les déremboursements faisaient rage, nous n’avons fait que de rafistoler là où les Français attendaient que nous fassions autre chose que le contraire de ce que nous avions dit. Anciens rocardiens, Hamon et Lienemann sont aujourd’hui catalogués sur l’aile gauche du Parti Socialiste, là où ils me semblent que ce sont des socialistes restés fidèles à leurs idéaux et leurs convictions.

Si nous faisons le choix collectivement de soutenir ces hommes et ces femmes qui nous ont conduits dans l’impasse, alors nous n’aurons aucune chance de gagner en 2012 et les Français choisiront Bayrou pour s’opposer à Sarkozy.

« La folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent. », nous disait Albert Einstein.

(1) Je ne parle pas du chef de l’Etat dont on ne peut pas dire qu’il soit un imbécile.


Autres éclairages

Crédit photos : Formosa, Lelitoulalu


Morceaux choisis de la « pensée socialiste »

  • De Vincent Peillon : « Moi, je ne suis pas du tout pour la suppression des stocks-options. »
  • De Manuel Valls : « Je veux aider la gauche avec la pensée libérale. »
  • De Bertrand Delanoë : « Chacun admet aujourd’hui que l’Etat n’est plus adapté à notre réalité économique, sociale et même technologique ».
  • De DSK : « L’investissement en actions doit encore être développé. »
  • De Jaurès : « Ce que la vie m’a révélé, ce n’est point l’idée Socialiste, c’est la nécessité du combat. »

Encore merci à l’excellent François Ruffin.

Crédit Photos : Linternaute

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5 Réponses »

  1. ça plaisir de lire un tel billet venant de la galaxie socialiste !

  2. quelle virulence Denis !!

    jetter par la fenètre la CMU, le RMI, et les emplois jeune, tout de même !

    je sais qu’il est de tradition qu’un congrès du PS se gagne à gauche, mais la ce n’est plus du « Mélenchon » comme discours, c’est du « Besancenot » !!

    tu semble te laisser emporter par l’émotion.

    amitié

    guillaume CHARIGNON

  3. Excellent billet Denis qui me conforte dans l’idée de voter pour la motion C, même si j’ai été « séduit » en partie par les propositions de la motion D. En effet Martine Aubry a tout de même mis en place la base du temps de travail à 35 h ; le « socle » comme dirait G. Filoche. Mais voilà, à ce que je sache, les protagonistes de la motion C n’ont pas de « casseroles au cul » comme ceux nommés dans ton article ; les « Edgar Faure » du parti socialiste. Véritables girouettes qui tournent dans le sens du vent qui les préserve : « Laisse tomber tes convictions, vire comme cela pour être élu ou garder ta place … ! »).
    C’est pour cela qu’à mon sens B. Delanoé s’est « grillé » en s’acoquinant avec F. Hollande qui porte une lourde responsabilité dans l’affaiblissement du PS, que L. Fabius doit clamer haut et fort qu’il s’est planté en 2002 (extrait que tu cites : « … Alors que nous étions aux manettes, Jospin et Fabius arbitrèrent contre la réforme des cotisations et pour la baisse des impôts »).
    Il faut être socialiste tout court. Pas besoin de rajouter « de gauche » (pléonasme) et encore moins « libéral » (antagonisme). Les socialistes qui ne connaissent plus le prix d’une baguette de pain (ceux qui n’ont vraiment pas de problèmes de « faim » de mois), doivent reprendre le chemin des banderoles près du peuple qui souffre, ou bien s’en aller avec l’autre François du centre droit.
    C’est pas un comité de surveillance sur Besancenot qu’il faut mettre en place, mais retrousser les manches pour élaborer un véritable projet socialiste de transformation de la société, capable de répondre aux attentes, fussent-elles en partie, des mal nourris, des mal logés, des mal soignés, des sans emploi, des mal payés (liste malheureusement non exhaustive). De cette manière notre petit facteur au demeurant sympathique, nous restituera notre colis « d’égarés » qui a été acheminé par erreur (on verra cela le 20 novembre) à la mauvaise adresse !

  4. @Guillaume

    Je ne me suis pas laissé guider par l’émotion, mais par le regard d’un homme de gauche – et non à gauche – sur le Parti Socialiste.

    Il n’y a aucune colère dans mes mots. Sans doute viendra-t-elle… après !

    @Fabrice

    Je suis revenu au bercail même si ce sont les autres qui l’ont quitté. C’est à nous maintenant de garder la Maison. Elle est en de mauvaises mains.

  5. En accord avec ce que tu as décrit, Denis; je pense qu’il est temps de repartir du bon pied et refaire ce qui a été mal fait. Osons regardé en face ce qui a échoué, pourtant mis en place par les socialistes lorsqu’ils étaient au pouvoir, mais qui ne reposait que sur un idéalisme mâtiné de réalisme. Reparlons des 35 heures, faites sur le sacro-saint principe que la réduction du temps de travail serait signe de progrès. A quoi sert d’avoir plus de temps, si tu n’a pas les moyens de bien te loger, de partir en vacances et de rembourser tes crédits. Quand aux différents systèmes de temps partiels ou petits boulots inventés pour dégonfler artificiellement les chiffres du chômage; quel honte pour la gauche !
    Assez des cassiques du parti dont les alliances sont deviennent franchement obscènes : Lionel Jospin, qui réussit une bonne gouvernance mais qui n’osa pas jusqu’à dire que c’était une politique socialiste s’allie avec François Hollande, qui fit tellement pour éviter les conflits au sein du parti, qu’il n’y eu plus, durant longtemps de débats, et donc plus d’idées nouvelles; Martine Aubry, qui a cru qu’il suffirait de réduire le temps de travail pour que celui-ci soit partager par tous et que le chômage s’évapore, avec Dominique Strauss-Kahn, dont la vision exclusivement économiste de a politique lui fait oublier ce que vivent et endurent ceux qui travaillent. Je m’arrêterai là, par pitié pour les autres qui se raccrochent à ce qu’ils peuvent, en souvenir d’un temps où nous avions le pouvoir et où nous avons réalisé de grandes choses. Je ne parlerai pas des élus locaux qui contrôle les débats dans les sections auxquelles ils appartiennent et auxquelles ils fournissent les locaux et permettent (ou non) les réunions, selon leurs propres emplois du temps. Je ne dirai donc rien, sauf que j’en ai assez de l’absence d’idées, de vrais débats et du plein de nostalgie d’une période que certains trimbalent parce qu’ils auraient pu faire plus. Et comme à chaque fois que l’on reproche à l’un de nos camarades d’avoir exprimé une opinion contraire à ce que l’on pense soi-même, (parce-que c’est comme çà que ce fait un dialogue) on est accusé d’agressivité partisane, je ne citerai donc pas d’autres noms. Chacun au niveau local saura reconnaître les personnes visées.
    Moi, en conscience, je me suis déterminé pour le texte de la motion C, et non pour une personne. Sans illusion parce que je sais que les tractations de fin de congrès fera que beaucoup d‘eau sera mise dans le vin, mais avec l’espoir, toujours vivace, que les choses peuvent changer.