La dame de fer à la ferraille
Par Yann

La chanson « Ding Dong! The Witch is Dead » (La sorcière est morte) sortie sur les écrans en 1939 fait actuellement un tabac en Angleterre. « The Wicked Witch » (la méchante sorcière) était le surnom donné à Thatcher. C’est un des premiers films en couleur de l’histoire. On peut y voir Judy Garland, encore adolescente, dans une scène de The Wizard of Oz. |
D’autres chanteurs furent virulents avec elle à l’exemple de « Tramp the Dirt down » (piétinez la tombe) d’Elvis Costello, de « The Day that Thatcher Dies » (le jour où Thatcher mourra) du groupe The Larks. Morissey, le leader des Smiths, avait chanté «Margaret on the Guillotine».
Ses mots
Quelques unes de ses citations reflètent sa forte intimité avec les chimères néo-libérales.
“Quand l’objectif d’un gouvernement est de parvenir à l’égalité […], ce gouvernement constitue une menace à la liberté.”
“Si votre seule opportunité est d’être à égalité, alors ce n’est pas une opportunité.”
“Nous devons soutenir les travailleurs, pas les tire-au-flanc.”
“Guérir les Britanniques du socialisme était comme essayer de soigner une leucémie avec des sangsues.”
“Personne ne se rappellerait du bon Samaritain s’il n’avait eu que de bonnes intentions. Il avait également de l’argent.” (1980)
“Ce que nous demandons, c’est de récupérer l’essentiel de notre argent.” (1979, à propos du budget européen)
“La société n’existe pas. Il y a seulement des hommes, des femmes et des familles.” (1987)
Ma citation préférée !
Et biens sur son célèbre “There is no alternative” (25 juin 1980, à propos de sa politique ultralibérale).
Idéologie sociopathe
La question la plus intéressante est comment le néo-libéralisme, cette sociopathie présentant les vertus (la solidarité, la mesure…) comme des vices et les vices (adoration de l’argent, la démesure…) comme des vertus, ait pu avoir un tel succès à travers le monde. Cela en dit pas mal sur la nature humaine. Le soi-disant succès économique du néo-libéralisme repose sur une montagne de dettes. La dette publique britannique est supérieure à 500% de son PIB, derrière le Japon mais devant les USA. Cette illusion de la richesse, bâtie sur des dettes, engendrera une pauvreté qui, elle, sera bien réelle. |
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“There is no alternative”, avec Mitterrand, Blair et Schröder
Autre paradoxe c’est grâce aux “socialistes modernes” comme Mitterrand, Schröder, Blair… que cette idée archaïque a revêtu les beaux atours de la modernité. Hollande semble être arrivé bien trop tard! |
En fait d’idéologie, nous avons là un curieux mélange d’autojustification et de déculpabilisation de l’oligarchie dans sa cupidité effrénée et court-termiste, très bien servie par les obéissants “chiens de garde” du veau d’or ! |
Encore un paradoxe, si Thatcher est bien morte, si son idéologie a fait la preuve de sa faillite morale et de son échec économique patent, le seul horizon politique européen qui nous est proposé aujourd’hui est toujours plus de cette politique de rédemption masochiste et mortifère. C’est le choix de l’échec assuré. |
De Frédéric Bastiat (1801-1850) :
» Quand le pillage devient un moyen d’existence pour un groupe d’hommes qui vit au sein de la société, ce groupe finit par créer pour lui même tout un système juridique qui autorise le pillage et un code moral qui le glorifie. «
Deux siècles après, cela n’a pas beaucoup évolué.
Source : Le Figaro, Les crises, Atlantico / Crédit photos : Dailymail, L’Express, Contrepoints, McKinsey