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Un plan bois pour la Haute-Normandie !

Par      • 21 Fév, 2010 • Catégorie(s): Haute-Normandie  Haute-Normandie    

L’augmentation du prix des énergies fossiles a amené les nouveaux rurbains des campagnes de l’Eure et de Seine-Maritime à faire le choix du bois comme moyen de chauffage principal ou secondaire. En 4 ans, le stère de bois a presque doublé pour s’établir à certains endroits à 65 euros le stère coupé et livré. Le bois sec en Haute-Normandie devient une denrée rare.

Paradoxes

Le bois est une énergie renouvelable. Mais elle est loin d’être inépuisable. Le paradoxe des aides fiscales de l’État et des régions à l’équipement d’inserts, de poêles à bois, de chaudières bois ou de poêles à granulés est qu’elles ont concouru, de fait, à accélérer la pénurie en bois de chauffage. Le 11 janvier de cette année, France 3 Normandie titrait : « Pénurie de bois de chauffage en Haute-Normandie« . Il faut sans doute quelque peu relativiser. Dans ce contexte, quel sera l’impact des projets de centrales biomasse à co-génération ? Certains pensent déjà au jour où la biomasse – et le bois – aura remplacé le charbon… ou le pétrole ou le plastique.

Granulé : quelques interrogations !

Granulé : quelques interrogations !

Dans nos campagnes, l’abattage de la forêt privée a commencé il y a un peu plus de 4 ans sous la poussée de  la demande. Là où les têtes des grumes étaient réservées à une consommation locale, certains propriétaires terriens contractualisent désormais avec des entreprises dont l’objet est de revendre la matière première à des entreprises en vue de la fabrication du granulé pour les chaudières-bois qui équipent immeubles des villes et bâtiments des collectivités. Même l’Élysée se chauffe désormais au bois ! Il y aurait beaucoup à dire sur l’énergie consommée au travers de ce processus de transformation ! La production de granulés est passé en Europe de 2.5 à 6 millions de tonnes en 4 ans. D’ici qu’on en vienne à exploiter la forêt française pour exporter le granulé dans les pays du Nord… La forêt française est en train de vivre un très grand massacre dans le cadre du Programme Forestier National 2006-2015 !

Contrastes

Le paradoxe de l’effet de serre et de l’accroissement du CO2 est que les arbres se sont mis à pousser 1.5 fois plus vite entre 1900 et 2000. Une aubaine pour les forestiers même si le réchauffement climatique est à l’origine de la destruction de la forêt méditerranéenne et de celle de l’ouest nord-américain sous l’effet combiné de la pollution, de la sécheresse, des insectes ravageurs et des maladies ! D’ailleurs, ils ne s’inquiètent pas vraiment : entre 1950 et 1990, la surface forestière française a cru de 12 millions d’hectares à près de 16 Millions ! En 1910,  notre pays dénombrait seulement 9 millions d’hectares boisés.

Et puis, en 2008, pour la première fois en 50 ans, patatras : la forêt vient de reculer en France. A l’exploitation spéculative de la forêt, s’ajoutent désormais urbanisation et artificialisation des sols ! 54 000 hectares par an de 1982 à1992… 74 000 hectares par an lors des années 2006-2008.

Urgences

Les têtards de frênes

Les têtards de frênes

Nous avons payé les agriculteurs pour araser leurs haies qui étaient utilisées naguère à titre principal pour le bois de chauffage. Nous avons financé d’immenses ouvrages hydrauliques dans nos campagnes pour palier aux inondations liées en grande partie à la destruction de nos paysages bocagers. Nous marchons sur la tête. Il est temps, en Haute-Normandie et ailleurs, de financer la replantation massive des haies afin de favoriser les arbres à croissance rapide tels que le frêne, le saule, le noisetier par exemple. Le frêne a par ailleurs cette vertu, comme me le révélait un forestier limougeot, de pouvoir brûler sans avoir séché s’il est coupé en hiver ! J’ai pu le vérifier. L’idée selon laquelle il faudrait attendre 2 ans avant de brûler du bois ne vaut que pour certaines essences. Et encore !

La replantation des haies doit être un des moyens visant à faire baisser le prix du stère de bois afin de le rendre plus accessible à tous. On peut imaginer autour de ce plan bois la création d’une véritable filière du bois en circuit court qui passe par la formation et aussi la création d’entreprises d’insertions. Le bois est clairement une partie de la solution pour se dégager de la contrainte pétrolière. Il n’est pas la panacée. Le développement de son utilisation nécessite toutefois une bien meilleure efficacité énergétique au niveau de nos habitats et de nos bâtiments.

Crédit photos : le Pin maritime, France 3 Normandie, LeMonde.fr Planète, Direction régionale de l’environnement Charentes-Poitou

Annexe : et ailleurs dans le monde…

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Une Réponse »

  1. la solution concernant l’énergie bois consisterait réellement déjà simplement à employer
    les déchets de bois issues de la transformation et en faire de l’énergie
    électrique et du chauffage ….

    Ces centrales de co-génération sont en fonctionnement :
    exemple : luxembourg ( Diekirch)

    en bref,
    au 19e siècle les maisons se sont raccordées au réseau public d’eau
    au 20e siècle les maisons sesont raccordées au réseau municipal électrique
    au ( ) siècle les maisons abandonnent le chauffage individuel en prenant
    l’énergie des micro centrales de cogénération ….

    si une entreprise recycle des palettes en les broyant, il est possible
    de fournir de l’énergie pour chauffer des piscines et autres bâtiments collectifs

    j’invite le lecteur à relire un sujet que j’ai mis en commentaire sur le retraitement
    de zones industrielles contaminées ….