Festival environnement à Bernay
Par Marie-Noelle Vallet

Les écrans sont-ils le miroir de nos préoccupations ? Sans négliger tout le débat théorique que cette question pourrait entraîner, je voudrais simplement établir une constat : deux succès en salle (« Les femmes du 6ème » et « Ma part du gâteau) sont des histoires simples autour de femmes de ménage.
Leur fil conducteur : les ‘riches’ travaillent dans la finance, (à trente ans d’écart, avant et après l’introduction de la communication instantanée et de la folie des grandeurs généralisée), ils s’ennuient. Ils en prennent difficilement conscience. Ils exploitent leurs prochain(e)s en toute bonne conscience car ils n’habitent pas sur la même planète. Les pauvres dans ces deux films ne sont guère plus au courant des ficelles (intérieures et extérieures) qui tirent leurs vies. Ces deux films pleins de tonus sont des comédies comme on les aime en France, pas franchement grinçantes, mais, il faut oser le mot, humanistes. Sans aucune intention didactique, tout y est dit.
Si d’excellents documentaires circulent (« Inside Job« , magistrale leçon sur la crise financière, plutôt difficile d’accès pour le grand public), il faut saluer ces films, qui, tout comme « Home » (la « Part du gâteau » et « Home ») ont tous deux les ports du Nord de la France comme cadre, qui tient lieu de frontière, pas imaginaire du tout, entre le paradis rêvé et l’enfer subi.
Un autre film français, d’excellente qualité, « Le nom des gens », (leur nom de famille, patronyme, nom du père et de l’origine), au titre si direct trouvera-t-il le public qu’il mérite ? La liste serait longue de ces films ‘bien français et commerciaux’ des dernières années qui méritent une considération que les intellectuels français ne leur accordent pas souvent. Il suffit d’ailleurs qu’un film ait un oscar pour qu’il devienne objet de soupçon (je pense à l’excellent « Precious »). Dans le même registre « La merditude des choses » de Felix Van Groeningen devrait figurer au programme du brevet, aux cotés de « J’ai tué ma mère » (du québecois Xavier Dolan) et « Nulle part, terre promise » (d’Emmanuel Finkiel), ces deux derniers plus recherchés dans la forme, mais pas du tout hermétiques.
Et si on diffusait uniquement ce genre de film sur toutes les chaînes de télé disponibles pendant un mois? Lavage de cerveau salutaire face aux idéologies délétères de ‘qui veut gagner des millions’, ‘vous êtes le maillon faible’, ‘la roue de la fortune’ et autre ‘ile de la tentation’, émissions qui drainent des millions de citoyens ordinaires. Quel ‘terroriste’ aurait envie de faire ce coup d’état non violent sur les cervelles ?
En attendant, on peut toujours se retrouver entre gentils bien pensants, histoire de serrer les coudes, comme ce soir à Bernay, à la projection de Moi, la finance et le développement durable, une collaboration entre le Ciné Club, la MJC et l’Agrion Risle Charentonne, dans le cadre du festival de film ‘environnement vôtre'(au Rex à 20h15, 3 euros la place)