Recontre du 3ième ou comprendre la défaite en chantant !
Par Denis


Hier midi, la discussion avec l’un de mes convives m’amena vite à comprendre qu’il était militant socialiste fabiusien (selon ses mots). Il m’expliqua qu’il n’avait pas voté Ségolène Royal au 1er tour et qu’il n’avait pas fait sa campagne. Il dût tout de même se résoudre à voter pour elle au 2ième tour… de bien mauvaise grâce. J’en passe et de bien pires. Il m’avoua n’avoir rien en commun avec l’aile droite du PS (???) et que le PS devait éclater en deux. Pour finir, il m’expliqua que la crise du Ps était une avant tout une crise de leadership. Il ne renouvellera pas sa carte en 2008 qu’il a décidé de payer 20 euros cette année, alors que la cotisation est de 33 euros.
Sans me démonter le moins du monde, je lui rappelais, selon moi, les trois problèmes majeurs du Parti Socialiste
- un problème d’organisation et l’absence de liens entre les niveaux
- une insuffisance de production intellectuelle militante
- l’absence de discipline et l’explosion des pratiques égotistes ou égo-centrées
A la réflexion, j’ajouterai un élément : l’absence de recul sur l’histoire du Parti Socialiste. L’excellente émission , du Grain à Moudre, animée par Brice Couturier sur France Culture évoquait l’impasse de la gauche plurielle. Virginie et moi dans un style si particulier avions tenté avec nos mots et notre style si délicat une explication qui semble ne pas avoir été toujours bien comprise.
Le Parti Socialiste emprunte à de nombreuses cultures : la République et la nation, l’anarchisme et le marxisme et aujourd’hui la social-démocratie. Notre discours centré sur les plus défavorisés (quid des classes moyennes ?) s’est « matérialisé » en intégrant un des messages de l’idéologie dominante. Pour être heureux, il faudrait agir et penser en tant que consommateur ! La belle affaire. Le bonheur, ce serait donc d’être en capacité de consommer toujours plus. La droite l’a bien compris : travailler plus, gagner plus, un point de croissance en plus. Mais, au fait, pour en faire quoi au juste ? Pour disposer de grosses voitures, de grandes maisons, de grands écrans plats, d’ordinateurs de plus en plus puissants, de téléphones portables aux gadgets de plus en plus inutiles ? Pour s’endetter . Pour s’aliéner ? La réussite ne se réduit-t-elle donc qu’aux choses ? On mesure la difficulté à faire vivre ce modèle lorsque 6.5 milliards d’individus veulent disposer du même droit à consommer. Aurons-nous vraiment le choix de la décroissance ?
La question centrale de la pensée socialiste au XXIième siècle, comme l’évoquait Cornélius Castoriadis, ne serait-elle pas celle de l’autonomie et – j’ajoute – de la responsabilité ? Nous faudra-t-il relire les libres penseurs si nous voulons éviter que le pouvoir et l’institution absorbent le peu de liberté qui nous reste encore ?
Peut-être que lorsque le PS appelera à « résister » contre la main-mise néo-libérale des conservateurs sur l’Europe, son message apparaîtra plus clair ?
A l’heure actuelle, si je ne m’abuse, le PS dit Oui au « traité simplifié » …
Quant aux nombreuses collusions, parlons notamment du domaine « sécuritaire », lorsqu’elles cesseront d’exister, peut-être que le PS existera ?
Seul le Modem aujourd’hui est capable de s’opposer à cet absolutisme conservateur … C’est bien dommage, mais c’est peut-être normal que le PS disparaisse ?
On a dit la même chose du PS en 1979. Je ne vous rappelle pas le célèbre proverbe. « Qui n’a pas de mémoire est condamné à répéter les erreurs du passé ».
Sur le Modem, je me suis déjà exprimé dans ce blog. Il n’y a aucune cohérence et aucune vision en dehors d’être au centre. C’est quoi le centre au fait ? Pour ma part, j’oscille entre De Gaulle et… De Gaulle sur la définition à en avoir. La personnalisation abusive de ce mouvement le condamne politiquement.
Nous verrons bien aux élections ce qui se passera.
Quand bien même une idéologie (ce n’est pas un gros mot) de gauche au sens large réussirait-elle aujourd’hui à se concrétiser et à fédérer la plupart de ceux qui se sentent orphelins d’un avenir collectif dont on peine à définir la nature et les contours, comment arriver à dépasser ces oukazes de la modernité, peu ou prou intégrées par chacun :
La « condition morale » de l’existence sociale passant désormais par la capacité individuelle à produire et à mettre en scéne cette production dans une logique d’accumulation , mais aussi de mesure permanente de sa propre valeur.
l’intégration individuelle de l’idée que la performance économique d’une nation (et donc l’avenir de chacun ?) se mesure à la capacité de celle-ci à subir et pourquoi pas à sublimer des « réformes » que l’opinion valide tant qu’on lui montre le bouc-émissaire.
La culture de l’immédiateté et l’agitation permanente du théâtre médiatico-politique comme paravent chatoyant à la peur et au vide existentiel, paravent dont on à finalement bien compris qu’il était à double-face, c’est à dire que s’il est utile pour rire des puissants, il sert aussi à se protéger des faibles.
@eguor
Total respect !