La logorrhée identitaire !
Par Denis


Cette pensée de « supporters » me devient franchement insupportable. Et nous en avons eu ici de nombreux exemples dans les colonnes de Voie Militante. Je pense notamment à ce fameux billet que j’avais écrit le 17 août 2009 sur le quad et les quadistes. Jetez un coup d’œil dans les commentaires. C’est tout simplement édifiant !
Plus d’un siècle de réclames en tout genre aura sculpté l’esprit humain de manière plutôt curieuse. J’avais déjà remarqué la propension que nous avions à expliquer aux autres le caractère extraordinaire de ce ce que nous vivions. « Je mange bio. » « Je suis de gauche. » « Je crois en Dieu. » La globalisation fait aujourd’hui que ce que nous croyons extraordinaire est d’une furieuse et incroyable banalité. Les objets et les marques consommés à Paris le sont aussi à Pékin. Nous nous identifions au travers d’objets produits en masse. La consommation de masse induit, par ricochet, des modes de vie et des comportements de plus en plus standardisés.
Au détour d’un billet technique relatif à Linux que je publiais hier sur mon blog technique, j’ai pu me rendre compte une fois de plus, au travers des commentaires, des ravages d’une pensée identitaire. D’ailleurs, faut-il encore parler de pensée ? Beaucoup d’entre nous ne raisonnent pas. Ils réagissent, ils bavent, ils éructent, ils beuglent au terme d’un processus de compilation de mots trouvés rarement dans les limbes de leur cerveau embrumé et plus souvent au détour de recherches effectuées sur Google. Ah, les ravages de la googlelisation des esprits…
Sans savoir qui il est, ce qu’il a pu écrire, sans avoir pris le temps même de le lire, l’autre a forcément tort, même quand il a raison !
La République des corps gras !
Etant des êtres sociaux, nous avons tendance à standardiser nos comportements et à nous auto-censurer, c’est évident. Facebook en est la preuve. Mais plus flagrant ce sont nos comportements sociaux, nos codes, qu’il soient éthiques, vestimentaires ou culturels. Et plus évidemment encore la langue que nous parlons et dont nous avons besoin pour échanger nos idées, nos informations, nos sentiments. Et même sur cette langue nous n’échappons pas aux phénomènes de mode ou d’appartenance à des groupes. L’appartenance à un groupe nous rend plus important : plus le groupe est fort, et plus on a raison. Et dans ce groupe, pour exister, il faut avoir un message à dégainer pour montrer à quel point on y appartient. Et s’il est important d’appartenir à un groupe, une tribu, ou quelque mot que l’on veuille coller au concept, encore faut-il y exister. Et se situer dans la hiérarchie du groupe.
La différence, c’est la mise à l’écart, l’exclusion, et quand tu n’appartient plus à aucun groupe, c’est la mort sociale. L’indifférence. La solitude.
Aujourd’hui, il faut tout savoir. Avant, c’était pratique, on regardait la télé, et le lendemain, on dissertait du programme de la veille. A l’époque des dossiers de l’écran, on savait de quoi on allait parler le mercredi.
Avec les TIC, c’est plus compliqué, la masse semble énorme, alors on compulse les digest, et on a rarement le temps de faire une longue lecture, ou de construire un argumentaire qui ne fasse pas perdre du temps au lecteur par manque de fond.
Mais la majorité des commentaires ne sont pas des participations à des débats, ce sont des réactions toutes prêtes pour affirmer le poids du groupe auquel on appartient. Que ce soit la gauche, la droite, le voile, le logiciel libre, les quads ou la couleur du short du capitaine de l’équipe de France de …, on affirme sa position, une fois qu’on a compris que l’auteur était pour ou contre. Car il n’y a pas de questionnement, on est pour ou on est contre. Les anti sont des cons, et les pros sont tout aussi cons et vice-versa selon les formes.
Ce n’est pas un débat, c’est de la démonstration typique de l’usage de la force, qui aboutit à effacer les questions posées sous le poids de la nullité de l’ensemble du débat. Plus on dit ou écrit des inepties, plus le débat s’effondre.
Cela vaut sur les billets et articles dans la presse, comme des débats nationaux. On l’a vu, le débat sur l’identité nationale qu’avait voulu organiser le gouvernement a tourné court du fait de la médiocrité des réponses. Et j’ai tendance à penser que la qualité des questions posées y est pour grand chose.
En tous cas, les blogueurs échappent peu à la loi du genre, et si je me réfère au corps gras de Benoit Poelvoorde, la paresse que l’on peut avoir à couper le gras pour s’en servir en le collant dans son argumentaire, on réduit, et l’on sera recopié et recollé en plus réduit encore, puis retwitté et facebooké.
L’idée aujourd’hui doit tenir en 140 caractères, et le débat d’idées se fait de 140 caractères en 140 caractères avec des twittos qui n’ont pas lu tout le fil, mais sont tout aussi qualifiés que les autres pour y participer. C’est la démocratie participative en 140 caractères maximum. Et si ça passe à la télé, c’est gravé dans le marbre et repris en boucle sur youtube.
Et quand on est blogueur ou journaliste, même le choix du titre d’un article est standardisé pour raison de SEO.
Exit l’humour, vive Google. Je pense entre autres à ton soutien à Christophe Grébert.
Obligés parfois de titrailler comme des idiots pour être catégorisés correctement par des automates.
Et pour rappel, une personne pourtant intelligente, et qui ne privilégie pas la paresse avait répondu à laetitia, sur le billet http://www.saintpierre-express.fr/de-la-revolution-ecologique-a-levolution-des-consciences-a-lecologie-politique-ou-comment-sortir-du-nucleaire/ : « Trop long ce billet pour une lecture Web : il aborde tellement de sujets qu’il mériterait d’être « segmenté ». »
Devons-nous nous conformer à la paresse de certains lecteurs, et adapter tous nos formats à ce qui est paresseusement acceptable ? Genre à la sauce marketing avec des grosses images et un court message, un formulaire pour poser LA question : êtes vous pour une hausse des impôts ? oui-non-ne sais pas, cliquez sur suivant pour voir le beau camembert 3D…
Mais la recherche Google et la référence wikipedia sont des incontournables. Et si une erreur vient à se glisser dans les résultats de recherche, le résultat sera tellement repris, que c’est ce résultats qui sera remonté, ce sera la vérité. Tant pis.
Bref, pour des raisons d’économies d’énergie, le pays de lumières a du éteindre des quartiers entiers.
Tout autre chose : as-tu vu le dossier sur l’aménagement numérique pour la Haute-Normandie (de son p’tit nom 276) du 22 février 2012 ? C’est le plan fibre qui y est décrit. J’avais vu ça chez Martin qui était fier d’annoncer que la CASE entendait rester en tête du peloton en préparant l’arrivée du Très Haut Débit, de concert avec le « 276 ».
Le constat fait bien part d’une croissance exponentielle du très haut débit, il démontre que dans 10 ans 80% des foyers seront sous-équipés.
Le plan de l’Etat de couvrir 98% du réseau en 2025 risque de ne pas être au rendez-vous. A Bernay, vous serez plutôt bien lôtis, puisque 8300 prises FTTH vont être déployées pour 17.500 habitants.
A la CASE, la pilule sera plus amère, car c’est un partenariat public/privé qui sera signé, avec un affermage avec une filiale SFR, EuraSeine, pour un déploiement de 23 km de fibre optique qui reliera 9 parcs d’activité et prévoie le dégroupage de 3 centraux. Une vision très casienne du développement, à seule destination des entreprises, qui ignore les besoins des habitants qui seront les principaux utilisateurs demain.
Un peu comme la volonté d’avoir le TGV pour attirer les avocats dans la CASE, même si pour ça, les habitants doivent renoncer au confort des voyages quotidiens.
J’imagine que tu as lu, sinon, je t’y invite. C’est très intéressant. Je sais que le débat te passionne.
Amitiés.
Un partenariat public/privé avec une filiale SFR
Désolé pour la reprise de la fin, mais mon captcha était arrivé en fin de vie. D’où le copier/coller foireux sur le back…J’ai été un peu long encore ;)
@nono
Ça, c’est du commentaire !
Tu as exprimé ton point de vue. Il est respectable. J’aime ton esprit chafouin et j’admire toujours autant ta capacité de couper le cheveu en quatre. ;+)
Juste sur la fibre. Là, c’est tout juste du barnum. En Corée du Sud, c’est tout le pays qui est 100 Mbits.
NB Pour Grébert, c’était sincère. Mais mon œil de professionnel n’a pas pu s’empêcher de regarder. « Humain, trop humain. »
Du barnum à la CASE oui. dans le Haute-Normandie, on fera le minimum syndical, Apparemment chez toi ce ne serait pas mal. Mais cela reste une « volonté ». Enfin, aux citoyens d’expliquer aux autres le scénar’ du barnum et de réclamer 1- la vérité aux élus, 2- d’agir, pas de couper des rubans tricolores avec des ciseaux plaqué-or qui donnent sur un décor en carton-pâtes.
Pour Grebert, son combat contre Ceccaldi-Raynaud et toute l’équipe UMP de Puteaux, avec les moyens engagés et déployés force l’admiration. Il doit souffrir !
@nono
Parce que Grébert est de droite, il ne faudrait pas le soutenir ?
Je le soutiens totalement Denis, il est remarquable, depuis le début. Je te l’ai dit : il force l’admiration.
@Laetitia
Je n’avais pas tout à fait compris le commentaire, manifestement. Je ne savais plus si c’était du lard ou du cochon. ;+)
c’était nono, piquant l’ordinateur de laetitia,
pas grave, on est tous d’accord sur le coup.
nono