Faut-il brûler Zoé Shepard ?
Par Jerome Pasco

Quand « Absolument débordée » est paru, il y a plus de deux ans, ma curiosité a été piquée. Un livre sur la fonction publique territoriale, même caustique, même critique, même humoristique, ce n’est pas banal. D’autant que l’ouvrage était écrit par un agent de cette fonction publique.
Je l’ai acheté, je l’ai lu, comme beaucoup. J’ai été séduit, pas emballé certes, mais j’ai trouvé cela sympathique. Bien que caricatural, bien que exagéré, je retrouvais quelques postures, quelques personnalités, quelques traits de caractère que je croise, que je côtoie, que je supporte depuis 10 ans, depuis que je suis moi-même et ce depuis le début de ma carrière, fonctionnaire territorial.
« Absolument Débordée » méritait d’être oublié, sur une étagère, après avoir fait sourire son lecteur.
C’était sans compter sur le buzz qui a suivi la publication de l’ouvrage. Le courroux de sa hiérarchie, la colère de ses collègues, la sanction administrative qui a touché l’auteur. Finalement, le malheur (relatif) de Zoé Shepard a fait le bonheur de la promo de son livre. Elle aurait dû s’en satisfaire.
Au lieu de cela, elle a décidé de récidiver. Pourquoi pas après tout ? Cela aurait pu être aussi sympathique que la première fois, bien que redondant. Mais en réalité, ce qui au début était dépeint avec une pointe d’humour, l’est cette fois avec de la haine. En tout cas, avec amertume, avec rancœur. Et là ce n’est plus drôle du tout !
J’ai écouté les interviews de Zoé Shepard (de son vrai nom Aurélie Boullet), j’ai lu les bonnes feuilles, comme on dit, de son nouvel opus. C’est sans concession, sans nuance, sans objectivité sur la fonction publique territoriale. Elle juge sans procès, elle tire à vue sans sommation, sur une fonction publique qui ne mérite pas cela.
Non Zoé Shepard, tous ces fonctionnaires qui bossent dans les régions, les départements, les mairies, ne sont pas les décervelés que vous décrivez, ces personnages grossiers que vous mettez en scène, dans un environnement corrompu et dirigé par des incompétents. Ce qui me gêne par dessus tout, et même si tel n’était pas votre objectif, ce sont les raccourcis utilisés, la généralisation qui en découle, l’image qui reste de la Territoriale dans les médias et dans l’opinion après vous avoir vue, lue ou entendue.
La Fonction Publique Territoriale que je connais, que j’aime, que je vis au quotidien, c’est celle des agents qui œuvrent avec passion et courage pour aider les personnes âgées dans leur quotidien, pour les gestion des crèches, pour assurer l’entretien de nos routes, pour le fonctionnement des cantines scolaires, pour la formation professionnelle… toutes ces missions est bien d’autres, essentielles, indispensables, conduites dans des conditions difficiles.
La Fonction Publique Territoriale que je connais, que j’aime, que je vis au quotidien c’est celle aussi d’élus responsables, visionnaires, qui s’engagent pour leur territoire qui en dessinent l’avenir pour le bien-être de tous. Des élus qui savent s’entourer, décider, impulser. Des élus à mille lieues de ceux de vos ouvrages.
Bien sûr, tout n’est pas rose, je ne nie pas quelques gabegies, quelques absurdités… mais, ces errements ne sont ni le monopole de la fonction publique territoriale, ni l’essentiel d’un corps au service de la population.
La fonction publique territoriale ne mérite pas Zoé Shepard, à moins que ce ne soit l’inverse !
Crédit photos : Infos Bordeaux ; Babelio.
@Jérôme,
Merci pour ce billet, on a failli attendre ! ;+)
Si son livre est trop noir, je crois que ce billet est trop rose…
La vérité est ailleurs. Entre les deux.
C’est étonnant, d’habitude, vos billets ne font pas dans l’angélisme pur (tout est rose dans la FP, tout va bien, les élus sont gentils, les agents impliqués) et là, vous démontrez que vous n’avez pas lu le bouquin de Zoé (qui n’est pas du tout axé sur ce que vous prétendez), mais qu’en plus vous faites dans la mauvaise foi.
Dommage, elle développait justement des parties intéressantes et vraies sur les syndicats dans son second opus.
Votre titre est racoleur et inutilement violent et je trouve ça dommage pour la Voie militante
@Maxime : C’est ce que je dis Maxime, je n’ai pas lu le second bouquin de Zoé Shepard. Et je ne le lirais pas. J’avais lu le premier qui portait déjà en lui quelques relents mal venus, même si j’avais plutôt bien aimé.
Ce que je dis dans ce billet, peut être me suis je mal exprimé, ou m’avez-vous mal lu, c’est que les interviews de l’auteure, les retours médias de « Ta carrière est Finie » sont tels que l’image de la Fonction Publique Territoriale est déformée, abimée, mal-menée… et ça me met en colère. A la limite je ne parle pas du livre lui-même, mais de tout ce qu’il y a autour (ré-écoutez l’interview de Zoé Shepard par Philippe Vandel sur France Info, c’est hallucinant!!)
Pour bien connaitre cette fonction publique, oui j’y ai croisé des agents impliqués, passionnés qui gèrent et rendent des services essentiels! Je dis aussi qu’il existe des gabegies, je reconnais des dysfonctionnements (et là encore peut être me suis je mal exprimé, ou m’avez-vous mal lu), mais ce n’est ni tout rose, ni tout noir… et je suis d’accord peut être la vérité est-elle ailleurs, entre les deux!
Alors si je suis peut être un peu trop Rose, Zoé Shepard est bien trop noire… et moi je préfère la couleur!
Un élu de la république qui se demande s’il ne serait pas bon de tuer une personne, je ne trouve pas ça « un peu trop rose », mais très dérangeant. La FPT, dans laquelle je travaille depuis 15 ans comme rédactrice, s’est terriblement dégradée. Zoé Shepard le dit, argumente et même s’il y a 20% de caricature dans ce qu’elle écrit, c’est bien qu’elle puisse le faire.
Elle a sans doute l’intransigeance de sa jeunesse mais rédiger un article sans avoir lu ce qu’elle écrit ne réhausse pas votre point de vue.
Le titre n’est pas acceptable, encore une fois, vous n’êtes pas un citoyen lambda écrivant sur un blog personnel, mais un élu écrivant sur un blog militant.
En même temps M PASCO vit de la collectivité et sur la collectivité;ces propos agressifs envers ZOE SHEPARD et le ton dédaigneux prouvent qu’elle a au moins réussi a bousculer certains ronds de cuir. Et puis M. PASCO aime bien aboyer avec la meute… et câliner son bon maître ouah ouah je souris..
Je ne connais pas Zoé Shepard. Ce que je peux dire, c’est que les collectivités territoriales gouvernées par la gauche de droite regorgent d’emplois fictifs. C’est aussi vrai des collectivités territoriales gouvernées par la droite.
Deuxième remarque. Il y a deux échelons de trop dans notre République : la commune et le département ! J’étais pour ma part en accord total avec le projet de fusionner le département et la région.
@Jérôme
Sur les talents « visionnaires » des élus responsables des collectivités locales, là, je suis extrêmement sceptique. Pour la plupart, ce sont ou des cumulards ou des retraités ou des bourgeois en mal d’occupation !
@Maxine : Je n’appelle pas au meurtre vous vous méprenez totalement!! J’utilise ce titre comme d’autres l’ont fait avant moi, comme quand les INROCKS titraient « Faut-il bruler Sade », ou quand l’express titrait « Faut-il brûler Lacan ». C’est un clin d’œil à ces unes célèbres! Penser que je puisse vouloir tuer ou appeler à tuer quelqu’un c’est à l’opposé de ce que je suis.
Je vous précise que j’écris ce texte en tant qu’attaché territorial, qui a connu trois grandes collectivités depuis 10 ans et qui pense que la territoriale vaut bien mieux que cela!!
@henrijules: Vous parlez de qui là? de moi? comme vous êtes drôle! C’est déjà ça!
Vous êtes un élu, donc ne pensez pas pouvoir dire « j’écris ce texte en tant qu’attaché territorial », ce serait trop facile de décréter qu’on change de casquette suivant ses envies.
Doit-on vous préciser que Sade et Lacan étaient morts quand les articles ont été écrits ou vous avez suffisamment de culture générale pour l’avoir réalisé tout seul?
Je ne vais pas y passer la journée de toute façon, mais franchement, je trouve votre titre abject et choquant.
@Henri Jules : effectivement, Monsieur Pasco doit se sentir visé, peut-être.
Stéphane Mari, que je suis sur Twitter, premier conseiller PS de Marseille, a lu le livre et l’a trouvé adapté aux fonctionnaires ayant de l’humour. Tirez-en vos conclusions.
@Maxine : Bien sûr Sade et Lacan étaient décédés, mais de là à imaginer que je puisse vouloir la mort de cette jeune femme… Je lui souhaite plutôt une belle carrière, dans la Fonction Publique Territoriale, en espérant qu’elle la voit différemment. Si le titre de cet article vous a choquée je m’en excuse, je crois que vous en avez compris le sens et il n’est pas à but criminel.
Je veux juste préciser une chose. Si j’ai écrit cet article, c’est justement parce que je me sens concerné et non visé. Mes fonctions professionnelles me conduisent aujourd’hui à m’occuper (entre autres) des risques psychosociaux, du suivi personnel des agents de la territoriale qui se retrouvent en échec, en souffrance… Et ce que je vis, ce que je vois, me permet de dire que le discours de Zoé Shepard est vain. Il est vain, inutile et même dangereux, car je suis intimement convaincu que la Territoriale a besoin qu’on la tire vers le haut, qu’on la valorise, qu’on la considère. Et ce n’est pas en étant acerbe et assassin que l’on fera avancer les choses.
Zoé Shepard disait il y a quelques jours sur RTL à Yves Calvi qu’elle voulait changer la Territoriale. Et bien, elle se trompe de méthode!
Bonjour Jerome Pasco
Je développe un journal satirique qui commence à avoir une bonne lecture attentive et plus nombreuse à chaque parutions.
Le journal s’intitule » Le Canardeur « . Il a la particularité d’être aussi sans concession avec les abus de position que l’on appelle aussi » abus de pouvoir »
Préparer le bucher pour me brûler car en janvier 2013, si la fin du monde n’a pas tout balayé, paraîtra justement un dossier, preuves à l’appui, sur les passe-droits, emplois de complaisances (familles d’élus-ues- militants politiques) ou encore subventions et marchés à des très proches du pouvoir socialiste (pratiques aussi effective à droite).
Nous verrons si vous avez l’audace de défendre ces lieux de perditions politiques où tout n’est que magouilles et petits arrangements entre amis.
cela ne signifie pas que les salariés ne soient pas des gens sincères et honnêtes. Je vous parle des arrangements politiques et embauches fictives qui se déroulent dans l’arrière boutique des région, département ou de la crea du côté de l’agglomération rouennaise.
Alors oui ce numéro se vendra bien et que cela pourrait créer le « buzz » local car on ne parle jamais de ces magouilles organisées à l’échelle d’une région d’un département ou d’une agglomération.
et je vous assure mr Pasco que même dans les mairies de petites communes, il n’est pas rares de voir des familles entière profiter des emplois municipaux sous pretexte que papa, l’oncle ou le grand père est maire de la cité.
Alors, s’il vous plait Jérome Pasco, malgré tout le respect que je vous porte ( car je ne suis pas dans le « tous pourris ») , je vous suggère aussi de réaliser une introspection dans les pratiques politiques et s’en admettre certaines déviances qui pourrissent ce milieu.
J’ai aimé et le premier, et le second livre de Zoè….Et c’est un ancien directeur de service Politique de la ville (15 ans) qui vous le dit !
Ce deuxième livre n’est qu’une pompe à fric. Soyons honnêtes ! Cette employée a écrit un premier livre pour dénoncer des choses et vu le succès (400 000ex.) elle s’y remet pour toucher le pactole. Et la presse se fait écho de ce combat ??? Foutaise oui ! Tout cela n’est que de la com. Les journalistes feraient mieux de s’intéresser à Henri Rouant-Pleuret, auteur de Abruti de fonctionnaire, un auteur à l’agonie et au placard, mais pour ça, il faut faire de l’investigation et ne pas passer son temps à lire les dépêches AFP en prétendant être journaliste.
Et j’oublie de dire Merci à « la voix militante » pour cet article ENFIN objectif sur cet auteur plus intéressé qu’en difficulté. Une opinion sincère, ça fait du bien. Un journalisme indépendant, c’est indispensable, alors n’arrêtez surtout pas !!!!
@Fred Quillet : J’ai eu l’occasion de lire de « Le Canardeur », belle initiative! Je suis de ceux qui pensent que toutes les vérités sont bonnes à dire. Alors ce n’est pas moi qui vais vous décourager.
Je n’ignore pas ce que vous dénoncez, les errements de gestion ont exister et existent encore. Je sais qu’il y a eu des élus, dont certains sont encore en place, pour croire que le mélange des genres pouvaient servir quelques intérêts.
Mais j’ai la faiblesse de croire que ces agissements sont en voie de disparition. J’ai la faiblesse de croire que les nouveaux élus qui arrivent ont une autre culture et ne tomberont pas dans ces travers.
Les erreurs d’hier, doivent servir de leçon pour demain.
ce n’est pas une raison pour dégommer un auteur qui prend de sacrés risques
Claire, le livre d’Henri Rouant Pleuret est nul, c’est un plagiat raté du premier livre de Zoé Shepard. Qu’il se colle sur toutes les publications de Zoé, c’est humain, mais il faudrait arrêter avec ce bouquin mal écrit et bourré de fautes d’orthographe (inadmissible, il y en a plusieurs par page!)
Je suis d’accord avec ce que je viens de lire et je ne dis pas cela parce que j’ai moi même écrit un livre récemment sur la fonction publique (je l’ai financé moi-même- édité sous mon nom propre en prenant la précaution de ne pas citer de noms de mes employeurs) et je ne verse pas dans les clichés mais je dénonce les systèmes de pouvoir mis en place depuis quelques années, la perte des valeurs à travers mon témoignage (32 ans de carrière et autodidacte)
Bref, je pense que le sujet est trop grave pour s’en moquer. Si vous voulez en savoir plus sur moi, et bien cherchez sur mon profil.
Malgré le titre de mon livre, je ne suis pas dans le regret mais dans la révolte contre certaines dérives managériales.
Ce qu’Aurélie Boullet dépeint est conforme à mes souvenirs de la fp territoriale. Des incapables. Niais ou ambitieux, mais incapables. Et fainéants.
J’avais un emploi mais je voulais aussi un travail. Je suis parti quand j’ai compris que si le travail est un DROIT en droit du travail, ce n’est pas le cas en droit administratif.
Bravo ZOE c’est exactement ça le fonction publique je viens du privé et les choses sont hallucinate
Ils évitent le surmenage décisions toujours à la traine reunion sur reunion etct et tout ça avec l’argent de qui?
je vous laise deviner A+
@ détracteurs de la fonction publique qui à chaque fois sortent les mêmes clichés et font le lien avec l’impôt, je leur répond que ce ne sont pas les fonctionnaires eux-mêmes qui ont créé leurs propres emplois, et vous invite à lire mes arguments http://fonctionnairemalgremoi.over-blog.com/article-6001-visiteurs-aujourd-hui-et-mon-coup-de-gueule-de-la-semaine-111464665.html
avant de faire des allégations toutes faites….
Je viens de finir le tome 1 et, moi qui suis dans la territoriale depuis 25 ans (catégorie C), ça m’a bien fait marrer ! Dans une Mairie de 450 employés et dont le DGS n’est même pas administrateur, j’avoue reconnaitre beaucoup de ce qui est dénoncé à travers ce livre, surtout l’incompétence de nombreux cadres, le dédain qu’ils ont pour la catégorie C, le gaspillage dû à tout cela et les élus qui cautionnent… L’Administration est en train de changer, mais malheureusement pas en bien ! Les jeunes qui y rentrent, ne pensent qu’à leur plan de carrière et aucunement à la qualité de leur travail et encore moins aux contribuables pour lesquels ils devraient êtres dévoués ! En 25 ans, j’ai vu ce basculement et ça me fais peur ! Que seront les collectivités dans 10 ans ? Tout part au privé car certains cadres touchent des primes sur les travaux, permettant ainsi de dégraisser la catégorie C, mais le service Public dans tout ça ! Ce qui me pousse encore à ne pas baisser les bras, c’est que j’aime ma ville, j’y suis né et y ai grandi et je continuerai à y travailler pour le bien de mes concitoyens.
@Jissé, je partage votre point de vue sur la dégradation des conditions de travail dans la fonction publique, elle est dûe malheureusement à l’article 106 du TFUE qui obligent tous les etats membres à libéraliser TOUS les marchés (même la sécu est en projet)…. c’est à dire rendre profitable financièrement à quelques uns la satisfaction des besoins de tous et de la société.
Nous sommes donc dans une logique de libéralisation des services publics au détriment de la qualité du travail;
Tout cela s’est donc accompagné d’une évolution managériale où l’on tente d’appliquer des notions d’évaluations individuelles, d’injonctions contradictoires de nature à déstabiliser les collectifs de travail, en isolant les agents et en accentuant la concurrence entre eux. Le travail a perdu son sens et les agents n’ont plus les moyens de faire leur boulot.