Deux poids, deux mesures. Témoignage d’un agent territorial.
Par Zoun

Je n’ai pas lu ni le premier livre de Aurélie Boullet allias « Zoé Shepard », ni le second. Mais comme moi, elle est fonctionnaire. J’ai deux employeurs, deux collectivités territoriales. Avant les vacances, je reçois une note de service nous informant de l’évaluation, de la date, et sont inscrits tous nos noms avec en face, l’heure du rendez-vous, une note de service tout à fait impersonnelle. Lundi dernier, j’ai été évaluée.
14H35, j’entre. L’accueil est froid, pas de poignée de main. Le président commence son laïus comme quoi il est contraint de nous évaluer, chaque année, qu’il faut mettre des notes, qu’il ne juge pas la personne mais les compétences. Il est toujours froid et annonce dès la deuxième phrase les notes, d’un ton sec, notant une appréciation qui l’arrange. Je ne dis rien, décidée à ne pas faire de vague. Pourtant arrive la note sur ma compétence dans mon travail et là tombe le verdict « trop lente ». Je lui fais remarquer qu’il doit y avoir une erreur, que je fais régulièrement le point avec la personne avec laquelle je travaille, que je suis motivée pour ce poste et que je m’investis. Il me répond en haussant le ton que je peux faire le point avec qui je veux, c’est LUI l’autorité territoriale, et que c’est LUI qui décide. Je le reprends alors en lui indiquant que dans ce cas, ce n’est pas la même chose, et que c’est LUI qui a décidé que JE serais trop lente… et que dans ce cas, cela s’appelle un mensonge. Depuis juin dernier, je subis des pressions, huissier sur un temps de travail, deux courriers recommandés, un avertissement, une mise au placard. Ces courriers sont tournés de telle façon, qu’il est quasi-irréprochable, et qu’essayer de prouver ma bonne foi serait une perte de temps et d’énergie, un gâchis. Je suis sortie abattue de cet entretien où il n’était pas prévu que je m’exprime, mais que j’écoute. Il me l’avait déjà dit lors d’une précédente notation, qu’il n’était pas prévu que l’on discute, que c’était LUI qui parlait. Forte de caractère, et surtout indignée par l’injustice, j’ai tout de même dit ce que je pensais, non sans difficultés tant il refusait le dialogue. J’ai compris que c’était peine perdue. Je suis ressortie, écœurée de l’abus de pouvoir de certains élus de petites communes et par la médiocrité de l’être humain parfois.
Vendredi, je suis évaluée par mon second employeur. Il a pris la peine de me téléphoner, de me demander quand nous pourrions nous rencontrer. Le rendez-vous est fixé. Il me prévient alors qu’il va m’envoyer un document, une sorte de feuille de route qui explique le déroulement de l’entretien, pour que je ne sois pas surprise, pour que je puisse préparer tout ce que j’ai à dire, pour que ce moment condensé, certes – trente minutes – soit un moment d’échange productif.
Depuis longtemps, je me bats pour défendre des valeurs pédagogiques auprès des enfants, ainsi que dans ma vie de tous les jours. Je n’ai pas fait de demande de révision à la suite de la notation de mon premier employeur, car la décision finale lui revient de toute façon. Je préfère utiliser mon énergie de façon constructive auprès de personnes positives, car soyons optimistes, il reste des humanistes sur cette planète bleue.
Crédit photos : Alvinet ; Place de la médiation.
@Zoun
Je crois reconnaître ce « Président » qui développe depuis quelques temps un terrible sentiment d’impunité. Ses casseroles s’amoncèlent sur l’étalage de sa grande médiocrité. Le fric rend fou. Le fric rend con. Un jour, il finira par le payer. Il est depuis plusieurs années dans le conflit d’intérêt permanent.
Pour autant, concernant le second employeur, je pense que ce type ne vaut pas mieux. Certaines personnes savent y mettre des formes où d’autres ne cherchent même plus à s’encombrer de sala malek. On peut se trouver, malgré soi, parfois au milieu de rivalités qui nous dépassent !
@ denis :
le pouvoir rend fou.le pouvoir rend con.mais comme le disais hier soir le président de la république « la vérité finit toujours par apparaitre…… »
Merci de votre commentaire. Je partage votre opinion sur ces deux employeurs, car ils m’ont prouvé l’un et l’autre leurs capacités et leurs limites et j’ai bien conscience de ce que je représente dans leur petite guerre respective. Heureusement, mes centres d’intérêt sont ailleurs.
Bonjour,
Je travaille aussi en territoriale en tant que fonctionnaire et j’ai subi « le placard », les réflexions désobligeantes et blessantes et comme vous ai subi une dégradation de ma notation. j’ai connu la question des notes rédigées et qui ne sont pas reprises à votre compte, des missions retirées, de la rétention d’information…
J’ai lu le livre de Z.Shepard et j’ai retrouvé certains traits et pas toujours exagérés de la part de l’auteur,
Mes centres d’intér^t sont également ailleurs, malgré des difficultés.