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Deux manières de voir la prostitution !

Par      • 14 Avr, 2011 • Catégorie(s): Points de vue  Points de vue    

Les prostituées ont droit à la dignité !Le projet de loi de la ministre de la santé (???), Roselyne Bachelot, sur la prostitution relève de l’imbécillité pure et simple. La prostituée, dans notre pays, doit disposer d’un véritable statut… social. Du point de vue fiscal, c’est déjà fait. L’Etat français est, en effet, le 1er proxénète de France. Sur ce sujet, comme sur beaucoup d’autres, notre hypocrisie est absolue.

Ou bien, on reconnaît que des femmes ont le droit de « tirer » commerce de leurs charmes et, dans ce cas, nous faisons collectivement le choix, par une loi, d’encadrer le plus vieux métier du monde, sans qu’il soit d’ailleurs le plus honorable. Ou bien, à la manière des prohibitionnistes de tout poil, nous faisons le choix de pénaliser la prostitution et, ainsi, de précariser davantage ces femmes venues des pays lointains. Le choix du gouvernement de pénaliser le consommateur porte en germe le risque de précariser encore davantage l’activité de femmes qui sont, pour la plupart d’entre elles, contraintes à faire commerce de leur corps pour des raisons purement économiques.

La traite des noires venues d’Afrique et des blanches venues de l’Est qui s’organise partout en Europe est tout simplement inacceptable. Ces femmes ont le droit à être protégées comme nous pouvons l’être. C’est en les protégeant que nous lutterons d’ailleurs contre ce fléau. Le regard moral, souvent associé à la perversité la plus extrême, n’aidera jamais toutes ces femmes à vivre dignement. Nous avons le devoir de les protéger. Les femmes ont, par ailleurs, au même titre que les hommes, le droit à disposer de leur corps. C’est aussi leur liberté !!!

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5 Réponses »

  1. Je veux bien admettre que la pénalisation soit contre-productive, mais on ne peut pas faire abstraction des rapports de dominations entre sexes.

    La question des rapports de domination hommes-femmes est centrale dans le traitement de la prostitution non libre (c’est-à-dire provoquée par un statut de migrant clandestin, la précarité économique ou une situation de rupture familiale pour les mineur(e)s, et encadrée par un ou des proxénètes). Il y a un lien de subordination entre le/la client(e) et le/la prostitué(e). L’un(e) donne de l’argent en échange du droit de profiter sexuellement du corps de l’autre.

    Bien sûr, changer les mentalités prend du temps. Il faut démanteler les réseaux de proxénétisme. Et il faudrait aussi des programmes d’insertion pour celles et ceux qui sont devenus prostitué(e)s contre leur gré. Et ces personnes sont la majorité des prostitué(e)s…

  2. Le projet visant à punir le consommateur n’est autre qu’un moyen détourné de nier la réalité quotidienne que vivent les 3/4 de prostituées en France.

    On nie ces difficultés car il est évident qu’avec la menace du front nationale le gouvernement préfere agir en Shérif par rapport aux clients que de s’intéresser humainement à la situation de la prostitution.

  3. Moi, je trouve ça normal de condamner les clients. Il faudrait des sanctions très lourdes contre les proxénètes et les hommes qui vont chez des prostituées contre la volonté de celles-ci. Il faut leur faire prendre conscience de leur crime. Chaque fois qu’une prostituée a une relation sexuelle, c’est un viol. On ne peut pas dire le contraire. Les personnes qui pratiquent cette activité de leur plein gré et sans aucune contrainte économique sont certainement ultra-minoritaires (5%). Mais personne ne peut le prouver parce qu’il n’y a aucune étude statistique fiable et ça arrange bien ceux qui prônent une prostitution règlementée. Le lien vers l’exposé de mix-cité.org est vraiment très bien, c’est clair et précis. Cela montre que jusqu’à maintenant, le régime règlementariste n’a jamais fonctionné, ni en Allemagne, ni aux Pays-Bas… Le dispositif mis en place en Suède (le client est poursuivi, mais pas la prostituée) semble le plus convaincant et le plus efficace pour lutter contre le fléau de la prostitution parce qu’il fait évoluer les mentalités.

  4. @ Fantine
    D’accord pour combattre la traite des corps par les maffias mais on ne peut résumer ce commerce de services sexuels à sa version la plus dévastatrice. Pour des raisons qui tiennent à ma formation en psychophysiologie sexuelle, je ne crois pas que la prohibition et les lourdes sanctions régime suédois soient la panacée :
    1) Il ne faudrait pas que le remède soit pire que le mal, la peur du gendarme ne transformant pas les latins en suédois du jour au lendemain : supposons qu’on efface la prostitution par magie : ça ferait monter la frustration sexuelle des clients et le passage à l’acte chez certains : le nombre de viols augmenterait et ces viols s’accompagneraient parfois de l’assassinat de la victime pour effacer le (la) témoin principal, ce qui n’est pas nécessaire avec un(e) pro du sexe dans un contexte décriminalisé. L’autre problème, c’est que la prohibition va accroître la violence faite aux prostitué(e)s les moins douées pour se protéger, que les bénévoles de Médecins du monde craignent de ne plus pouvoir les suivre médicalement. « L’enfer est pavé de bonnes intentions » : il me semble contre-productif de vouloir casser un thermomètre tant qu’on n’a pas fait baisser la fièvre en s’attaquant à ses causes profondes ! Vaste programme sociologique, vu où l’on en est de la lutte contre les violences faites aux femmes !
    Pour moi, Danielle Bousquet, mon ex-collègue élue municipale que je respecte pour son travail de députée, dont j’ai lu les rapports et écouté les arguments sincèrement bien intentionnés, se donne bonne conscience en remettant une couche de Loi bien pensante qui ne sera pas appliquée faute de décrets d’application ou de moyens et surtout de volonté politique et institutionnelle (par réalisme) : le tout sera assimilable à de la pure hypocrisie politicienne de la part des députés qui la voteront.
    Commençons donc par utiliser les lois et outils qui existent pour neutraliser les maffias proxénètes et le travail clandestin de prostituées sans papiers, à les améliorer si nécessaire pour traiter d’abord ce qui paralyse la police et la justice devant ces femmes esclaves à 90% étrangères faciles à retrouver sur le terrain.
    2) la prostitution est antérieure à l’apparition de notre espèce biologiquement polygame (comme l’atteste pour faire simple le dimorphisme sexuel hérité des grands primates, qui échangent allègrement nourriture contre sexe) et on la retrouve historiquement aux 2 extrêmes de la société : pendant que les riches entretenaient des harems, les hommes les plus pauvres ou isolés devaient se partager une femme accessible qu’ils entretenaient en commun en payant ses services.
    Le vrai problème chez les primates est donc celui du consentement plus ou moins ou pas du tout consenti au coup par coup : viol ou pas ? les 2 éventualités se sont observées et s’observent encore aux 2 extrémités de l’échelle sociale et selon les contextes culturels et historiques. Donc je vais te contredire car je veux bien croire les prostitué(e)s qui disent ne pas être violé(e)s sauf exception hélas favorisée par la règlementation actuelle, Je l’ai entendu en direct avec mes vieilles oreilles et j’ai cru à des accents de vérité dans leurs voix, que mon cerveau décode sans parti pris car je n’y ai aucun conflit d’intérêt, n’ayant jamais été client de ce type de service de ma vie, ni proxénète.
    3) généralisons le raisonnement abolitionniste : comment va-t-on satisfaire les besoins sexuels des heureux bénéficiaires de la sélection ante-natale en Asie et dans les balkans ? http://religions.blogs.ouest-france.fr/archive/2011/12/05/ces-filles-qu-on-elimine.html , si on n’a pas traité d’abord la cause sociologique d’un sex ratio de 5 hommes pour 4 femmes, qui va évidemment encore s’aggraver au fil du temps car ce « progrès » médical ne sévit pas depuis longtemps ? pas en pénalisant les clients, garçons nés dans un pays sans filles !
    4) La loi doit bien sûr être changée, notamment pour trouver moins stupide que la loi votée en 2003 sur le racolage passif, loi qui fait des victimes des proxénètes des délinquantes auxquelles on rend la vie plus dure encore, comme si ça ne suffisait pas à leur misère. Mais pas pour remplacer de l’idéologie de droite par de l’idéologie de gauche, ou vice versa, spectacle pitoyable auquel on assiste sur bien d’autres dossiers avec la même inefficacité (dette souveraine en tête). Mieux que celle de 2003, la nouvelle loi délocaliserait la prostitution dans d’autres pays européens, ce qui lave propre en local mais renforce le tourisme sexuel pour ceux qui en ont les moyens (pas d’impact pour la gauche caviar de l’affaire du Carlton, qui peut sévir en tout continent).
    La grande difficulté est d’encadrer la prostitution d’une façon qui protège ceux et celles qui l’exercent de tout proxénétisme et de toute maltraitance du fait du client, tout en leur offrant des possibilités de réinsertion dans une profession qui leur convienne mieux, ce qui suppose auparavant une aide psychologique car c’est rarement un choix professionnel fait pour des raisons positives.
    Le vrai problème est que ça coûte cher en emplois induits d’organiser cette activité économique pour l’assainir (médecine du travail, psychologues, assistantes sociales, associations relais, police etc.) et que c’est bien trop risqué politiquement de rouvrir des maisons d’assistance sexuelle aux isolés, sex-addicts, handicapés et autres exclus de la sexualité, donc on retombe dans un mal français multiséculaire : écrire une nouvelle Loi, la plus exemplaire et idéologique possible, bien déconnectée des modélisations scientifiques de la réalité, tant biologique (psychobiologique) que culturelle ou économique, … pour satisfaire des promesses à son électorat, une bonne recette politicienne et démocratique aux problèmes mal posés, doublée d’une nouvelle recette fiscale (taxer les clients qui se feront prendre dans quelques lieux emblématiques).
    Clairement, cette Loi idéologique ne sort pas d’un Grenelle de la sexualité sous toutes ses formes et me déçoit.

  5. @veto22

    Je souscris totalement à ce point de vue.