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Les frères Bielski : des justes bien discrets !

Par      • 5 Sep, 2010 • Catégorie(s): Mémoire  Mémoire    

En 1941, en Biélorussie, envahie pour les troupes d’Hitler, commence l’une des plus belles histoires de la grande Histoire, écrite par trois hommes justes et courageux, grâce à qui des centaines de milliers de juifs vivent aujourd’hui à travers le monde !

D’abord un drame familial.

Dans la région de Novogrudok, après qu’une partie de leur famille a été victime d’exactions antisémites perpétrées par les allemands, soutenus au début de la guerre par les populations civiles, Tuvia, Zus et Asaël Bielski, fils de meunier, connaissant bien la campagne environnante, décident de se replier dans la forêt.

Ce sont de solides gaillards, ils savent comment survivre dans la forêt et dans les marécages. Ils connaissent de nombreux paysans, ce qui leur permet de pouvoir se cacher parfois dans certaines fermes et surtout de s’approvisionner en nourriture. Très vite ils croisent la route d’autres juifs, ayant fuit les ghettos – alors que beaucoup sont restés passifs, entre attentisme, résignation, foi salvatrice et impression vaine de gagner du temps – et un groupe d’une vingtaine de personne se forme.

Une organisation hors pair.

En quelques mois, ce que l’on appelle alors le groupe Bielski devient un véritable rassemblement de partisans combattant contre les nazis et destiné à sauver le plus de juifs possible. Installés au coeur de la forêt, à quelques kilomètres seulement des nazis, ils s’organisent avec les conditions climatiques, les difficultés d’approvisionnement en vivres et le fait qu’ils soient souvent contraints à fuir dans d’horribles conditions.

Alors que les deux tiers de ses membres ne sont pas des combattants, le groupe Bielski tend des embuscades aux troupes allemandes, exerce des représailles contre les collaborateurs biélorusses et sabote des lignes de chemin de fer. Traqués par les Allemands, les centaines de juifs ainsi réunis – environ 300 – hommes, femmes, enfants, vieillards, doivent se cacher toujours plus profondément dans les bois.

Tuvia – le frère aîné – assure la direction du groupe, sa priorité est de sauver des vies. Zus et Asaël se chargent des actions armées et se font remarquer par les autorités soviétiques. Ainsi, en 1943, le groupe Bielski est officiellement intégré à l’armée des partisans soviétiques. C’est Tuvia qui va gérer les relations complexes avec ces alliés communistes officiellement athées et peu enclins à accepter une unité constituée de juifs… Les réfugiés transforment leurs abris de fortune en véritables villages avec une école, des artisans et même une synagogue !

Une fin de vie bien différente…

L’épopée durera donc plus de deux ans. En 1944, à la libération, le village Bielski abrite 1.200 habitants !

Asaël est mobilisé dans l’Armée Rouge, et sera tué en 1945, lors du siège de Berlin. Son épouse et sa fille – née pendant la guerre – s’installent à Haïfa.

Tuvia et Zus – après un bref retour dans leur village d’origine – émigrent en Israël avec leurs familles, puis décident de s’établir au début des années cinquante à New York. Tuvia est chauffeur-livreur, Zus crée sa compagnie de taxis. Leur plus jeune frère Aron – encore adolescent pendant la guerre – est parti avec eux.

Aujourd’hui Tuvia et Zus sont morts. Leurs veuves et leurs enfants se souviennent de leur modestie et du fait que jamais ils ne se sont considérés comme des héros !

Des oeuvres pour ne pas oublier.

Moins connus qu’Oskar Schindler ou d’autres justes, les frères Bielski ont tout de même inspiré de nombreuses oeuvres, dont le roman Defiance de Nechama Tec, Les Frères Bielski de Peter Duffy – avec une préface de Simone Veil – et le film Les Insurgés d’Edward Zwick. Si beaucoup reprochent à ce film de ne pas avoir fait dans le poignant à la Polanski ou dans le grand spectacle à la Spielberg, je trouve pour ma part que le choix de la sobriété sied parfaitement à cette histoire, car les frères Bielski se considéraient comme des hommes comme les autres, sans compter que cela évite de tomber dans le « pathos » ou le classique film de guerre – ce qu’ont pourtant cru beaucoup de personnes en voyant l’affiche avec le visage de Daniel Craig qui joue Tuvia – eh oui… les raccourcis ! Si vous voulez en apprendre plus sur ces hommes exceptionnels, au sens propre du terme, plongez-vous dans ces oeuvres de qualité.

Les frères Bielski méritent que l’on se souvienne d’eux !

Crédit photos : Evene.

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2 Réponses »

  1. @Virginie

    Merci de de billet. Je suis toujours très fier qu’on puisse lire ce genre de billets sur Voie Militante.

  2. @ Denis,

    Tu n’as pas à me remercier.
    Voie Militante est un projet collectif – amené à évoluer – et je fais juste modestement ma part.
    De surcroît je suis loin d’avoir ton talent.
    Au moins on se complète !