Invictus !
Par Virginie

Le film de Clint Eastwood, Invictus, est sans nul doute un grand film ! Le réalisateur a su savamment mêler deux choses que j’adore : la politique et le rugby – les rencontres de rugby sont magnifiquement filmées – sur un fond d’humanisme. Matt Damon campe un formidable François Pienaar tout en retenue et Morgan Freeman interprète magistralement Nelson Mandela. Cet homme exceptionnel a réussi à fédérer tout un peuple autour de valeurs, par l’intermédiaire du rugby, grâce à sa grandeur d’âme…
Le poème qu’il lisait du fond de sa cellule et qu’il a transmis à Pienaar, le voici, lisez le et inspirez vous en, il n’y a rien à ajouter :
Invictus, William Henley
Out of the night that covers me,
Black as the pit from pole to pole,
I thank whatever gods may be
For my unconquerable soul.
In the fell clutch of circumstance
I have not winced nor cried aloud.
Under the bludgeonings of chance
My head is bloody, but unbow’d.
Beyond this place of wrath and tears
Looms but the Horror of the shade,
And yet the menace of the years
Finds and shall find me unafraid.
It matters not how strait the gate,
How charged with punishments the scroll,
I am the master of my fate :
I am the captain of my soul.
Traduit il perd un peu de sa poésie mais le sens reste remarquable :
Hors de la nuit qui me recouvre,
Noire comme un puits d’un pôle à l’autre,
Je remercie les dieux, quoi qu’ils puissent être
Pour mon âme indomptable.
Tombé dans l’étreinte des circonstances
Je n’ai pas gémi ni pleuré à voix haute.
Sous les coups de la fortune
Ma tête est ensanglantée, mais redressée.
Au-delà de ce monde de colère et de pleurs
Ne plane que l’Horreur de l’ombre.
Et pourtant la menace du temps
Me trouve et me trouvera, sans peur.
Peu importe l’étroitesse de la porte,
Le nombre des punitions sur le parchemin,
Je suis le maître de mon destin :
Je suis le capitaine de mon âme.
Crédit photos : The Sydney Morning Herald.
@ Virginie
Je n’ai pas encore eu la chance de voir ce film qui, je suis sûr,vu le réalisateur doit être un régal pour l’ancien rugbyman (petit) que je suis ;cela reste un film j’en conviens et il faut le regarder comme tel mais la réalité est hélas un peu plus triste que cela.
interviewé recemment par le Parisien sur ses souvenirs de ce match, Pierre Berbizier et d’autres n’y
sont pas allés par quatre chemins en dénonçant les contrôles antidopages positifs de huit joueurs Sud Africains qui n’ont jamais été sanctionnés et dont l’IRB(gestionnaire de la coupe du monde) a tout fait pour ne pas divulguer les résultats alors que la France a été l’équipe la plus contrôlée dans cette coupe du monde.
Quant à mes souvenirs de cette époque ,je me souviens d’un test match contre les sud africains six mois ou un peu plus avant la coupe du monde ,une très bonne équipe avec de solides gaillards, mais quelle surprise en voyant cette même équipe arrivée sur la pelouse six mois plus tard avec des cous de taureaux et une musculature anormalement impressionnante…(j’ai fait de la musculation en amateur et je peux vous certifier qu’il n’y avait pas besoin de test antidopage pour savoir qui prenait des anabolisants ou pas car les muscles ne sont pas dessinés de la même façon et les muscles du cou sont anormalement gonflés)
Et puis il faut se replacer dans le contexte politique et social de l’Afrique du Sud à ce moment là:
Un président « noir » à la tête d’un pays où les « blancs » avaient tous les postes clés du pouvoir et de l’argent et où tous les noirs étaient dans la misère et n’avaient aucun droit et si l’on parle de l’emblématique et très bon joueur François Pienaar , il ne faut pas oublier que dans cette équipe de « blancs » il y avait un des meilleurs ailiers au monde : CHESTER WILLIAMS qui était l’unique et seul noir dans cette équipe: Tout un symbole !!! Cette équipe etait dans l’obligation de gagner et Nelson MANDELA l’avait compris,c’était un formidable coup de pied au cul à l’histoire malsaine de ce pays:UN président noir et un joueur noir qui allaient gagner la coupe du monde de rugby si populaire dans l’hemisphère sud dans un pays ravagé par la racisme… et ils l’ont fait !!! tant mieux
bon j’arrête là ma triste version des faits concernant les soupcons de dopage . On parlait de cinéma et l’art est fait pour rêver donc je vais y aller en pensant que seul le poème de nelson mandela a été l’élément déclencheur de leur victoire dans cette coupe du monde parce qu »en plus je suis sûr que c’est vrai et j’y crois et j’adore Clint Eastwood , deux bonnes raisons d’y aller.
@ Arnaud,
Vous avez raison…
Je sais tout ça, mais ça ne m’empêche pas de saluer le génie politique de Mandela, avoir su profiter de la Coupe du Monde de Rugby pour pacifier son peuple, fallait le faire, fallait oser !
Il y a dans cette histoire du positif et du négatif, comme toujours, mais pendant le film j’ai essayé de ne pas trop penser au négatif pour me laisser porter par cet élan de fraternité.
Ca n’a pas vraiment duré, disons que les choses évoluent doucement là-bas, les noirs n’ont toujours pas leur vraie place dans ce pays, mais ça va quand même mieux, grâce notamment à Mandela.
Et puis c’est un film magnifique, je vous le conseille, je ne sais pas où vous habitez, mais de toute façon il passe encore dans de nombreux cinémas.
Merci de cet intéressant commentaire.
Pour les patients qui ne veulent pas consommer trop de carburant, je vous signale qu’ Invictus passera le 18 et 21 mars à Bernay à 20h15 en VO.
Merci pour le poème, que je ne connaissait pas. O captain! My captain! c’est aussi un très célèbre poème de Walt Whitman pour rendre hommage à Abraham Lincoln, l’abolisseur de l’esclavage…
A l’époque de l’apartheid, j’enseignais, cela n’était évidemment pas au programme, l’apartheid et ses horreurs: je me servais de chansons, d’affiches (‘boycottons les oranges outspan’), de photos et du livre interdit « une saison blanche et sèche » de André Brink. Ce livre est devenu un bon film de notre réalisatrice antillaise trop rare (Euzhan Palcy) et depuis, ces faits sont devenus de l’histoire: les lycéens étudient très officiellement l’apartheid au programme. Il y a déjà des réservations de scolaires pour la séance en VO.
Merci pour ces informations Marie-Noëlle !
Pour ma part j’adore Whitman…