L’autre, cette inconnu-e ?
Par Denis


J’ai toujours été fasciné par ces personnes qui se complaisaient dans un anonymat de pacotille en communicant par pseudo. Toutes nos conversations sont tracées, écoutées : emails, mobiles, SMS. Peu de gens savent rester aujourd’hui dans l’anonymat le plus complet. Pouvons-nous d’ailleurs y prétendre ? Alors pour Paul
ou Bernard Mathieu (1) – alias ramonage27 nettoyage27, salledemassage – ou Annabelle Martin (1) par exemple, le fait de croire pouvoir converser à l’abri des regards indiscrets donne tout d’abord un sentiment d’impunité totale, qui peut amener à chercher à transgresser. Le fait de communiquer sous pseudo peut être aussi caractéristique de personnalités aux vies parfois insipides, qui cherchent à exister dans l’anonymat. Il peut y avoir d’autres raisons comme celles consistant à ne pas vouloir détruire la réputation d’une carrière ou de toute une vie !
Pénalisation à venir ?
La loi LOPPSI, du 14 mars 2011, a créé deux infractions pénales relatives à l’usurpation d’identité numérique. Elle ajoute désormais au Code pénal un article 226-4-1 ainsi rédigé : « Le fait d’usurper l’identité d’un tiers ou de faire usage d’une ou plusieurs données de toute nature permettant de l’identifier en vue de troubler sa tranquillité ou celle d’autrui, ou de porter atteinte à son honneur ou à sa considération, est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende. » L’utilisation d’un pseudo pourrait-elle faire l’objet d’une pénalisation dans les années à venir, à l’image d’un visage voilé ?
(1) Ce qui est marrant avec le pseudo, ce sont les éléments qui le rattachent au personnage qui l’a choisi.
Le pseudo, c’est un peu le vêtement que l’on porte quand « on sort ». Cela n’empêche pas de savoir que l’État sait tout sur soi, c’est un manteau de pudeur que l’on met en contact avec « le tout-venant ». La vraie personnalité n’est exposée qu’aux amis. C’est cette nuance que, par exemple, Facebook refuse : d’où pour ma part le rejet de Facebook. De plus ce « site social » a été inventé par un homme que personnellement je déteste pour des tas de raisons, en particulier son cynisme monstrueux vis-à-vis du fric. Mais aussi le stockage mondial de données personnelles que lui confient des naïfs, et qui ne sont pas perdues pour tout le monde.
On ne peut pas se passer d’un pseudo, à mon avis. Celui qui s’en affranchit, je crains qu’il ne manque de modestie.
@babelouest
Tu me permettras de ne pas être d’accord avec toi. Je ne vois pas l’intérêt de créer cette dualité totalement artificielle et qui m’apparaît au final extrêmement déstructurante.
Très marrante ta rhétorique inversée. Mais je la trouve totalement foireuse. Je pense que nous sommes très majoritaires, nous les immodestes, ;+) à communiquer avec notre véritable identité.
@ Denis,
Je n’utilise pas de pseudo partout et ça ne me donne aucun sentiment d’impunité. C’est au cas par cas en fonction de considérations diverses. Je suis comme Babelouest, je me couvre parfois pour sortir, par exemple je n’allais plus à la plage naturiste lorsque j’étais conseiller municipal d’une grande ville côtière.
J’oublie parfois de les abandonner quand la situation change, donc c’est promis, il n’y aura plus de veto22 sur voie militante, tant pis pour la traçabilité …
Bien sûr Denis : ce qui est si enrichissant, c’est notre diversité de points de vue apparemment inconciliables et irréconciliables.
Les timides sont probablement plus nombreux que tu ne penses. Inconvénient de ceux-ci : souvent ils sont plus agressifs. Peut-être parce que, plus jeunes, ils ont été eux-mêmes agressés, donc leur défense est plus virulente que le vécu de ceux qui écrasaient les autres sans discernement ni conscience de leur rouleau compresseur.
Je me souviens, en première année de psycho, d’un test collectif basé sur le concept du camionneur : le patron, symbolisé par le meneur de jeu, propose un seul nouveau véhicule à des livreurs liés à des itinéraires tous différents en difficultés, en itinéraires, et venant de transports eux-mêmes différents en termes d’usure et- de vétusté. Je me souviens avoir complètement dégommé un type qui s’était approprié le leadership au départ (les a priori étant qu’en fait tous se retrouvaient sur la même ligne en analysant bien), en démolissant un à un tous ses arguments. Je me fichais des résultats pour moi. Ce qui comptait était de le mettre hors course, en raison même de sa capacité à mettre en épingle des raisons qu’il avançait aux dépens des autres. Il a terminé second. Pendant cette échauffourée qui a duré des heures, d’autres étudiants notaient les réactions de chacun des 12 qui intervenaient. Ils avaient étudié cette descente en flammes du leader présumé, au bout du compte. A la fin du « drame » (au sens premier du terme), le meneur de jeu nous avait révélé que certains professionnels confrontés à celui-ci s’étaient vraiment pris au jeu, et en étaient venus aux mains.
Dans la vraie vie, j’ai souvent agi ainsi, non pour moi, mais pour démolir ceux qui s’approprient indûment un leadership basé sur du vent. Je pense que sur le Net, on se retrouve dans des conditions assez similaires. Jeune étudiant on n’est connu de personne, donc votre identité importe peu. Plus tard, avec les interactions professionnelles ou autres, des précautions s’avèrent nécessaires. D’autant qu’un pseudo bien choisi, court, incisif, peut être porteur.
@veto22
J’ai mis aussi dans mon article qu’il pouvait s’agir de raisons liées à la réputation.
Bon sujet pour les fanas du » Dieu net ».
L’anonymat, le pseudonyme a existé de tout temps : écrivains qui prenaient un autre nom (pour éviter la censure, par exemple),chanteurs qui prennnent un « nom de scène » (commercialement, ça « sonne » mieux), etc….
En association loi 1901, nous nous efforçons de privilégier les « rapports humains », les contacts de vive voix.
Pour ma part, je pense qu’entre gens qui se connaissent parce qu’ils font partie du même groupe, le nom officiel doit être privilégié. Le nom officiel, c’est aussi ses parents, son passé, sa généalogie, etc…
En revanche, dans des forums, de santé, de médecine, de questions psychologiques, l’anonymat ne me dérange pas.
Lors des votes, on passe dans un isoloir et votons anonymement, dans certains établissements, il y a des « limites de discrétion », etc…
Sujet de débat donc et, conclusion au caspar cas.
Article tellement nul que je trouve que cela ne vaut même pas le coup de contre-argumenter… Triste.