Mon hommage personnel à Michel Rocard
Par Denis


Michel Rocard a décidé de mettre un terme anticipé à sa carrière politique et à son mandat de parlementaire européen.
Cet homme est l’un de ceux qui m’ont vraiment donné le goût à la politique. Adolescent, j’avais des posters sur lesquels figuraient Andreas Baader, Daniel Cohn-Bendit, Pierre Mendès-France et Michel Rocard. Comprenne qui pourra.
Dans l’espace de ce blog que je co-anime depuis février 2006, je n’ai jamais ménagé les orientations politiques récentes de Michel Rocard qui, à tort ou à raison, me semblent éloignées de celles qui étaient les siennes en 1977. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Certes.
Fédéraliste dans l’âme (je le suis aussi), il a soutenu les étapes d’une construction européenne avec laquelle je suis, pour ma part, en total désaccord. Mais, peut-être, l’histoire reconnaîtra qu’il aura eu raison : avancer coûte que coûte, à petits pas, en mettant nos quêtes d’absolu de côté. C’est peut-être à cela qu’on reconnaît un bâtisseur et un grand homme. Michel Rocard, sans nul conteste, est de ceux-ci. Un homme brillant, passionné par la chose publique et désintéressé de briller là où d’autres n’ont su faire que cela… pour rien.
S’il avait été écouté en 1981 sur la question des nationalisations, la France n’aurait pas été appauvrie par une politique dont les approximations ont généré la rigueur de 1983-1984 et la conversion idéologique de la gauche de gouvernement à la doxa libérale. L’aveuglement de Mitterrand, sa soif de pouvoir, sa détestation de Michel Rocard sont très largement à l’origine des problèmes politiques actuels du Parti socialiste. Certains ont pu croire que Mitterrand était un modèle. Pire, ils continuent de le croire alors que ce fut le contre-modèle absolu de ce qu’il n’aurait jamais fallu faire. Tant que les socialistes n’auront pas tué leur père, tant qu’ils n’auront pas éliminé leurs vieilles reliques, la gauche en sera toujours au même point. L’opposition Mitterrand-Rocard ne peut pas et ne doit pas être réduite à une question de querelle de personnes. C’est une question identitaire et fondamentale.
J’ai un profond respect pour Michel Rocard qui va bien au delà de petites différences « politiques » et/ou idéologiques, au final, sans grande importance. Il y a deux manières de faire de la politique : celle de Michel Rocard et celle des autres. Je préférerai toujours celle de Michel Rocard.
Crédit photos : le Nouvel Obs, France 2
Rien à rajouter :)
@ denis,
mon Père qui etait un homme modéré était sans qu’il le sache ou sans l’avouer un radical de gauche.
le radicalisme a cette époque avait encore des lettres de noblesse!
il m’a fait connaitre michel Rocard;j’avais une certaine admiration pour cet homme brillant suite a mes
premieres lectures politiques(le parler vrai,a l’épreuve des faits).Que le psu est loin et que de déceptions!
max de beuzeville
@max
J’ai voté PSU jusqu’à ce que Huguette Bouchardeau rejoigne Juquin.
De Rocard, je garde le concept d’autogestion, le parler-vrai comme tu le soulignes et l’aspect désintéressé dans le rapport à la politique. Ne pas chercher à briller à tout prix !
Voilà un politicien sincère et non démagogue, utilitariste et pas aveuglé par des idéologies stériles.
Hommage aussi à Nathalie Kosciusko-Morizet qui quitte le secrétariat d’état à l’écologie. Mais elle reviendra. Cette fille ira loin.
@roms
Je partage entièrement ton point de vue sur NKM.
Parmi ses qualités, il ne faut pas oublier la culture de gouvernement même dans les périodes d’opposition (c’est si rare à gauche en ce moment !)
Mais le drame vient surement du fait que toutes les qualités citées ci-dessus sont incompatibles avec l’élection du président de la république au suffrage universelle …
Denis comment as tu pu avoir des poster de Baader? Comment as tu pu faire l’impasse sur ce pan de l’histoire allemande certes assez méconnue en France????!!!!
Petit rappel pour certains: Sous la conduite d’Andreas Baader, Ulrike Meinhof et Gudrun Ensslin, une nouvelle génération radicalisée entre violemment en guerre contre ce qu’ils perçoivent comme le nouveau visage du fascisme : l’impérialisme américain soutenu par les membres de l’establishment allemand, dont certains ont un passé de nazi. Leur objectif est de créer une société plus humaine. Mais en employant des moyens inhumains, en répandant la terreur et en faisant couler le sang, ils perdent leur propre humanité.
D’ailleurs as tu vu le dernier film consacré à cette tragique période?
@Selim
Ce poster était lié au fait que ces hommes et ces femmes ont été assassinées dans leur prison. Comment l’Etat de droit pouvait s’arroger le droit de tuer, à l’image de ceux-là mêmes qu’ils retenaient en prison ?