Blogs en campagne : pour moi, c’est fini !
Par Denis


Lorsque Laure Leforestier m’a demandé de participer à l’initiative Blogs en campagne initiée par Marc Vasseur, c’est avec beaucoup d’enthousiasme que j’ai accepté.
Tout allait au mieux dans le meilleur des mondes jusqu’au matin où Sébastien Bailly, chef de service à Paris-Normandie, me notifia par mail qu’il ne trouvait pas très opportun de parler du décès de Benoît Fenault dans l’espace de ce blog. Il m’expliquait avoir échangé sur cette question avec Laure Leforestier qui, m’a-t-il dit alors, était exactement sur les mêmes positions que lui. Je regrette que Laure Leforestier ne se soit pas donné la peine de m’en parler au préalable. Je vais hélas finir par donner beaucoup de crédit aux thèses de mon ami Alain Rey sur les gens de l’ultra-centre, ceux-là même qui se réfèrent à l’héritage giscardien, celui de Raymond Barre et de Michel Poniatowski.
Et puis, lundi de cette semaine, coup de grisou ! Sébastien Bailly nous envoie à tous les blogueurs un mail dans lequel il dénonce la prise en otage du blog sans le dire tout en le disant. Il nous propose la mise en place de quotas.
Même si Sébastien Bailly est dans son rôle, je tombe des nues. Ayant blogué un peu plus que les autres (28% des billets), l’attaque me vise directement. En quoi suis-je responsable du fait que les autres écrivent moins ? Rien, mais rien, ne les empêche pourtant d’écrire plus. Nous agissons dans le cadre d’une concurrence libre et non faussée. ;+)
Laure Leforestier renchérit, saluant au passage mon enthousiasme et mon ardeur sans oublier de dire que cela lui paraissait un peu disproportionné. Les choses ont le mérite de la clarté. L’offensive semble manquer quelque peu de spontanéité.
Là-encore, Laure Leforestier parle de tout cela sans jamais s’être directement adressée à moi. Vous pouvez comprendre que je n’apprécie que très modérément cette façon de faire qui ne me semble pas marquée du sceau de la franchise. Je le lui ai d’ailleurs dit par tweet interposé. Dominique Gambier, Edgar Menguy et Arnaud Mouillard se rangent au point de vue qui semble se dégager. Pourquoi pas ? Philippe, Claude restent silencieux.
Je croyais pourtant que l’objectif de Marc Vasseur était que nous parlions des Européennes, que nous nous engagions, que nous produisions, mettant en avant toute notre diversité et tous nos « talents ». Je croyais que l’objectif était de faire « différent ».
Je tiens à préciser que je n’ai jamais cherché à me mettre en avant. Tous ces billets m’ont pris un temps considérable, un temps que j’aurais pu consacrer à ma famille et à mon activité professionnelle. Quant à Laure Leforestier, elle a pu bénéficier, dès notre première rencontre, de tous les honneurs de Paris-Normandie au travers d’un article consacré à ces 7 vies. Business as usual : y a pas de mal à se faire du bien ! Je crois qu’il est parfaitement inutile de chercher à tout prix à transposer ses propres modes de fonctionnement à des gens qui fonctionnent différemment !
Quant au déséquilibre gauche-droite qu’évoquait Sébastien Bailly dans son dernier mail, j’ai, dès 2007, pu me rendre compte de la faiblesse de la blogosphère de droite. Avec 5 blogueurs de gauche, les 4 blogueurs de droite étaient, de fait, en sous-nombre au sein de notre équipe. Il aurait fallu renforcer le pôle de droite (j’y inclus le Modem évidemment) de personnes qui ont l’habitude de contribuer plus régulièrement.
L’usine à consensus mou
Je voudrais finir en évoquant l’usine à consensus mou qu’est devenu la blogosphère « instituée ». Il y aurait beaucoup à dire sur le concept fumeux de blogueur influent. Remarquez au passage dans notre fine équipe l’absence de blogueurs d’extrême droite et d’extrême gauche. Je la regrette. Je pense qu’elle aurait sans doute obligé ceux qui dénoncent la prise en otage du blog à produire davantage. Paradoxalement, elle aurait été un véritable facteur d’équilibre.
Pour vous rendre compte de ce consensus mou qui nous envahit, il suffit de voir toute la polémique qui s’est cristallisée récemment autour du classement Wikio. La grande majorité des blogueurs apparaissant en tête de ce classement doivent leur positionnement à une habile technique de linking. Ils sont, par ailleurs, proches du Modem ou du Parti Socialiste.
Pour illustrer mon propos, je finirai par ce sondage à destination de geeks et d’internautes aguerris qui fait apparaître un total de près de 60% d’intentions de vote pour le Modem et le Parti socialiste. CQFD.
Un merci amical et sincère à Dominique Gambier et Edouard Menguy !
Dans ce monde de médiocrité et de fainéantise, quelqu’un qui a du talent, des idées, qui se bouge, qui est indépendant, bref, un électron libre, gêne souvent…
C’est bien dommage de se tirer dans les pattes plutôt que de parler des élections européennes.
Mais ça ne m’étonne guère, malheureusement !
Bah, au moins ici tu sais combien qu’on t’apprécie. ;+)
Le blog européennes de Paris-Normandie rassemble un collectif de blogueurs, de gauche, de centre et de droite qui rendent compte de leurs rencontres communes avec des candidats aux élections européennes et qui, parallèlement, peuvent être amenés, si il le souhaitent, à commenter la campagne en elle-même.
Contrairement à ce que Denis laisses entendre, aucune décision concernant quelques quotas que ce soit n’avait été prise, hier, lorsqu’il a décidé de te retirer. Avait été évoqué une règle de courtoisie qui aurait voulu qu’on attende que 4 ou 5 des autres blogueurs aient publié un billet pour en publier soi-même un deuxième. Une règle souple qui se serait accommodée des aménagements nécessaires en fonction de l’actualité des uns et des autres.
La décision sur des règles communes devait avoir lieu le lendemain (aujourd’hui, donc). C’est à cette discussion sur les règles communes que Denis n’as pas voulu participer. Je répète ce que je lui ai dit au téléphone : le mail initial ne le visait pas, mais correspondait à une situation où la page d’accueil du blog des Européennes était à 80 % occupée par les billets de deux auteurs sur neuf… Ce qui en faisait un blog un peu trop orienté politiquement à l’instant T, pour un nouvel arrivant sur le site. Mon rôle consiste naturellement, à ce moment de la vie du site, à faire en sorte de rétablir l’équilibre. Denis aurait pu au lieu de deux ou trois mails de deux ou trois lignes lapidaires, s’insérer dans une discussion sur la meilleure manière de respecter le rythme de publication de chacun, il a choisi de ne pas le faire.
J’ai effectivement écrit qu’il ne faudrait pas que le site soit pris en otage, par quiconque. Cela ne le visait pas plus qu’un autre, d’ailleurs, j’avais mis en garde au moins un des autres blogueurs contre ce risque dès le tout début de l’aventure. C’est un blog de discussion, d’échange et de débat, hébergé par un journal, pas un lieu de guerilla ou de guerre de position politique. Il y en a assez ailleurs sur le Web.
Concernant l’épisode relatif à Benoit Fenault, il l’instrumentalise sans rappeler qu’effectivement, il a reconnu lors d’un coup de téléphone qu’il n’avait pas suffisamment explicité le rapport entre son billet et les Européennes. Denis a même modifié son billet suite à nos échanges (qui ne furent pas que par mail comme il semble vouloir le laisser croire).
La seule volonté de Paris-Normandie était, depuis l’origine du projet, de respecter l’équilibre entre les opinions qui s’expriment sur ce blog. Il s’agit d’offrir un lieu qui offre les conditions d’échanges sereins, même entre opposants politiques. Un espace où chacun sache vivre en bonne intelligence malgré ses divergences. Rien de plus, rien de moins.
C’est une expérience. Nous savions, tous, dès le début, que nous apprendrions en avançant. Parce qu’inventer de nouvelles formes de débats démocratiques ou politiques est enthousiasmant, et que personne ne peut se targuer d’avoir en la matière la science infuse. Nous avons donc avancé, avec Denis. C’est un voyage. On s’adapte au terrain. Ou pas. Et l’on continue d’avancer dans la même direction. Ou pas. En acceptant la discussion et la confrontation. Ou pas.
Et je suis vraiment désolé que Denis quitte l’aventure de cette façon là.
Sébastien Bailly
@SB
L’explication du rapport entre Benoît et les Européennes était dès le départ dans le mail dans la mesure où je soulignais son rôle dans le comité départemental. Il suffisait de lire ! ;+) On ne peut pas dire n’importe quoi. C’est d’ailleurs parfaitement vérifiable sur le Blog Voie Militante.
Sur les règles communes, comme je l’ai expliqué, elles se sont imposées au groupe sous l’impulsion de 2 personnes ! Étrange façon de voir ce qu’est la démocratie ! On ne peut pas dire que la discussion devait s’entamer aujourd’hui alors que les choses étaient déjà actées. Nous nous sommes d’ailleurs entretenus au téléphone très longuement lundi AM. Et j’ai dit que je ne me soumettrai pas. Tu m’as dit alors que tu comprenais que je ne changerai pas d’avis. Je te le confirme !
Sur le fait de mails lapidaires, c’est l’hôpital qui se fout de la charité . Je me permets de te citer exactement : « Il ne faudrait pas que certains prennent le blog en otage en publiant à tout va dans les prochains jours. . » Sur le côté lapidaire, il y aurait donc beaucoup à dire.
Et quoi qu’il arrive, je retiens de cette expérience beaucoup de choses très positives.
Denis, je regrette que tu quittes un des trop rares espaces de discussion qui existent aujourd’hui ! tu y as toute ta place d’autant plus que tu exprimes très bien certaines choses!
la Démocratie est fragile ,il faut la protéger et il faut pour cela des règles de fonctionnement y compris si cela peut nous apparaitre comme des contraintes . Avant même que nous les ayons fixées tu abandonnes : ce n’est pas toi !
Je ne suis pas toujours d’accord sur ce que tu dis, mais c’est dommage que tu ne les dises plus ici ! A bientot, et nous en reparlerons!
@dominique
Je te remercie sincèrement de tes messages chaleureux. Au final, avec Edgar Menguy (un UMP de droite, humaniste comme je les aime, empruntant davantage à Mauriac qu’à Barrès) que je salue très chaleureusement, vous avez été les seuls à me « soutenir » par vos messages. Mais sache que je mets ma cohérence et mon éthique au dessus de tout. Et je pense que nous crevons de nous compromettre et de nous accommoder. Je ne veux pas ici faire de comparaisons outrageuses comme d’autres peuvent aimer à le faire et j’en resterai là.
Quand j’ai vu ce qui se passait au Parti socialiste, je n’ai pas hésité à le quitter. Quand je vois la manière dont les gens se comportent, je préfère aussi me protéger. Maintenant, je conviens que cela ne résout pas tout. Pire, cela ne résout rien. Sache que ma relation à la politique se complique de plus en plus. J’en suis conscient… hélas. Et je finirais sans doute par souscrire au point de vue de mon oncle André et de mon père qui, à des niveaux très, très différents, ont acté que la politique ne peut rien changer à nos vies.
Je n’en suis pas encore là. Mais la gangrène me ronge comme elle nous ronge. Et à vrai dire, je n’ai pas trouvé d’antidote. Et le temps presse… plus que jamais. Ton message aura eu au moins les vertus d’un retardateur efficace et, pour cela, je tiens à te remercier chaleureusement !
@Denis
Il apparaît ,puisque j’ai suivi par ton lien les divers intervenants sur PN ,et suite à ta réponse à Dominique
qu’ils sont peu nombreux à t’avoir retenu.ils t’ont souhaité bon vent pour ne pas dire bon débarras .
je crois en la Politique pas celle de Dominique qui soutiens mordicus celle du PS mais je ne suis pas loin
de penser comme ta famille, néanmoins je m »accroche et les blogs politiques comme le tien me font espérer en des jours meilleurs
courage
salutations socialistes
max