D’Aragon à Breton.
Par Virginie

Louis Aragon a toujours eu une place particulière pour les fondateurs de Voie Militante. Il a su nous accompagner, dans bien des moments, y compris les plus sombres…
Il a aimé Elsa Triolet d’un amour fou, dont personne ne peut douter, mais… l’amour, pour lui – comme pour beaucoup – pouvait être bien plus compliqué et prendre d’autres formes. A l’heure où le gouvernement nous gave jusqu’à l’excès avec le mariage pour tous, dont sincèrement on se fout royalement – il ne s’agit là que d’accorder un droit qui aurait dû l’être depuis longtemps, mais franchement, il n’y a pas de quoi polémiquer, le nombre de chômeurs en augmentation et les retraites qui baissent me semblent bien plus importants – il est bon de rappeler, simplement, que l’essentiel, c’est aimer !
Si certains ont évoqué récemment son homosexualité avec vulgarité, je préfère pour ma part, partager avec vous les mots qu’il a envoyés, du fond de son cœur, à son « cher » ami, André Breton, avant que leur relation ne se termine… mal.
« Si tu n’as rien à me dire pense que je suis la plus belle femme du monde et écris-moi.«
« Envoie-moi seulement un mot pour mon coeur.«
« Mais je t’aime tant que tu ne sais pas à quoi tu t’engages.«
« Je me tiens au courant de la littérature. Mais qui me tiendra au courant de ton coeur.«
« Ecris-moi très souvent, je voudrais une lettre chaque jour, conversation.«
« Ô mon ami qu’importe le monde entier quand j’ai une lettre de toi.«
« Non tu n’as rien à craindre POUR LE MOMENT parce que pour le moment rien ni personne ne m’est plus cher que toi, et ce qui fait le prix de cette amitié c’est la dramatique certitude qu’UN JOUR nous nous tuerons à mort.«
« Mon ami, quand je me livre à toi par toutes mes lettres pieds et poings. Je sais bien que tu peux me tuer. Je voudrais que cela te fût encore plus aisé. Que t’écrire qui me mette plus totalement à ta merci ?«
« Il y a un moyen bien plus sûr de te débarrasser de moi, vite je te l’indique : que je sache t’être devenu indifférent, que tu me regardes comme Royère, ou Soupault. Alors je serais mort vraiment d’une façon atroce. Essaye, ténor, si ça te chante.«
« Ma solitude, tu n’en sais rien… «
« Mon cher ami, il n’y a que toi au monde, je dois l’avouer, que j’aie jamais rencontré, qui aies le désir de quelque chose d’autre que ce qui est. Ta lettre j’en avais grand besoin, imagine-toi. Je m’en allais d’ennui, de découragement. Si tu savais ce que je viens de passer.«
« Ainsi. Nom de dieu de nom de dieu de nom de dieu. Je crois que j’ai besoin de te voir.«
Je n’y vois pas que de l’amitié, j’y vois tant… d’amour !
Si vous voulez continuer à lire cette correspondance magnifique, qui vous en apprendra beaucoup sur Louis Aragon et André Breton – car quoi de plus intime qu’une correspondance – ainsi que sur une époque, celle du début de l’entre deux guerres, vous pouvez vous offrir ou vous faire offrir Lettres à André Breton, paru aux éditions Gallimard.
Crédit photos : Profondeur de champs ; Amazon.
Jolie façon de mettre en avant la complexité et la beauté des sentiments. Beaucoup de subtilité dans cet article.