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Retour sur la projection des nouveaux chiens de garde

Par      • 1 Déc, 2013 • Catégorie(s): Cinéma  Cinéma    

Vendredi, nous étions une vingtaine à Saint-Eloi-de-Fourques à la projection du film, les nouveaux chiens de garde, inspiré du livre de Serge Halimi. Et pour tout vous dire, je m’y suis particulièrement ennuyé. L’un des auteurs du film, Gilles Balbastre, était resté pour répondre à nos questions. Avec son costume à carreaux et sa casquette, le bonhomme semble venir tout droit des années 50 et son propos sur la situation de la presse nous ramène, pour l’essentiel au Conseil National de la Résistance.

En réponse à l’une de mes questions sur l’importance du financement public, il a très justement fait remarquer qu’il n’était pas normal que de l’argent public aille à des groupes capitalistiques comme ceux de Serge Dassault, d’Arnaud Lagardère, de François Pinault, au Crédit Mutuel, à la banque Rothschild ou à la banque d’affaires Lazard. Le système d’aides publiques à la presse fut mis en place en 1942 par Pierre Laval et le régime de Vichy pendant l’occupation allemande.

Mal barrée !

La presse écrite française est mal barrée. Son chiffre d’affaires est passée de 10.45 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2008 à 8,7 milliards en 2012. La subvention publique en 2012 a été de 1.2 milliards d’euros, à laquelle je me permets d’ajouter le manque à gagner pour l’Etat concernant le taux de TVA réduit à 2.1% de 1.5 milliards d’euros.

Les exemples de la manière dont la presse s’acoquinent avec les pouvoirs en place ne manquent pas particulièrement et l’épisode de l’affaire Cahuzac fut révélateur du manque d’indépendance d’une grande partie de la presse française. Je n’oublie pas, pour ma part, la manière dont le Canard Enchaîné s’est fourvoyé en s’en prenant à Mediapart. Indépendant, le Canard ?

La presse spécialisée : pas mieux !

J’ai eu l’occasion, la semaine dernière, de lire la revue O1net. Cela ne m’était pas arrivé depuis plusieurs années. J’ai eu le sinistre sentiment d’avoir feuilleté un assemblage de publi-reportages, vantant les mérites des éditeurs et des fabricants de matériels. Il est d’ailleurs révélateur que la place consacrée au logiciel libre, de plus en plus utilisé en entreprise, y soit toujours aussi mince. Les tirages de Micro Hebdo devenus 01net sont passés de 162 387 à 94 885 et je ne vois rien dans la ligne éditoriale actuelle qui puisse éviter, à terme, la disparition de ce média.

La PQR touchée de plein front

Google a besoin de dindes et de dindons ! Elle les a trouvés dans la presse écrite et dans la PQR.De ce côté-là, les affaires ne semblent pas aller beaucoup mieux. Pris en tenaille entre la baisse des lecteurs et des recettes publicitaires qui se portent désormais sur Internet, le Groupe Sud-Ouest a mis en place un plan de départs volontaires. Dans la foulée, il vient de signer un accord avec la régie publicitaire de Google qui cherche à augmenter son parc de dindes et de dindons dans la perspective du prochain Thanksgiving !

Quel modèle économique ?

Du fait du désintérêt de plus en plus grand des jeunes – et des plus vieux – pour l’écrit, je ne vois pas ce qui va permettre à la presse écrite de redresser la barre. L’obligation d’adapter ses contenus au support numérique, la course au Buzz, la contrainte du référencement, le siphonnage des contenus par Google et quelques autres ne sont pas de nature à raviver la flamme du journalisme d’investigation. Vendredi soir, Gilles Balbastre proposait la mise en place d’AMAP de l’information. Les utopies ont toujours fait avancer le monde.

 

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9 Réponses »

  1. Bonjour,
    je suis « le bonhomme » qui « semble venir tout droit des années 50″ que le camarade-journaliste ci-dessus est allé voir vendredi soir à Saint-Eloi-de-Fourques. C’est moi qui l’ai profondément ennuyé et j’en suis absolument désolé.
    Je me permets de répondre au camarade journaliste présent ce soir là et… tout droit sorti des années 70. Contrairement à ce qui est dit, je ne portais pas de costume à carreaux à cette soirée et effectivement une vingtaine de personnes selon la Préfecture de la police locale et une trentaine selon les organisateurs peuvent en témoigner. Ma veste était grise anthracite, ma chemise bleue (un peu délavée), et mon pantalon noir. Comme quoi, il n’est pas toujours facile de délivrer des informations exactes, et même si je suis le premier à critiquer les journalistes (voir mon film Les Nouveaux chiens de garde »), je sais qu’être un bon journaliste n’est pas chose facile…
    Très cordialement
    Gilles Balbastre

  2. @Gilles

    La raison pour laquelle je me suis ennuyé tient au fait que tout ce que vous y racontez a déjà été écrit. Certes, personne ne l’avait filmé.

    Je tiens à préciser que je ne suis pas journaliste. Tout juste blogueur !

    Cordialement !

    Denis, un ancien abonné du Diplo

    NB Désolé pour l’imprécision vestimentaire ! ;+)

  3. Personnellement, j’ai passé un bon moment, et ce n’est pas parce que j’ai aidé à son organisation. Faire suivre la projection d’un repas-débat était une excellente idée. Il faut souligner que c’était une première pour ce village d’organiser un tel évènement. Ca n’a pas été simple. Il faut saluer les bénévoles qui ont préparé le repas et la salle.
    Quant au film documentaire, il n’avait pas vocation à déclencher une révolution mais seulement à apporter un autre éclairage sur notre si vieille télévision française. Le débat qui en a suivi avec le réalisateur a permis de mieux connaître le monde du journalisme. Là était la finalité de sa présence. Et au sujet de l’avenir de la presse, M.Balbastre nous a donné quelques pistes concrètes dont des presses alternatives comme Fakir, Basta! ou bientôt Nada-info. A lire également un article récent de Serge Halimi sur la presse : http://www.monde-diplomatique.fr/2013/10/HALIMI/49703

  4. Basta, Le Diplo, Fakir… là, on est dans l’institutionnel ! ;+)

  5. @Denis

    Je suis d’accord, aujourd’hui le vrai rebelle c’est « Le Point », B. Couturier s’attaque avec courage aux neocons que sont Sapir, Chevenement, Zemmour, Le Pen…. :+)
    Pathétique ce Couturier….

  6. – un bon moment aussi pour moi mais je n’ai pu participer au débat ayant d’autres obligations.je me souviens très bien de l’intervention tv en noir et blanc de alain peyrefitte (on l’appelait mr PERFIDE -:)),tout nouveau ministre de l’info lors de son intervention pour la « libération » de ORTF !! personne n’était dupe de la manipulation qui a abouti à mai 68 avec ses fameux slogans que je relis régulièrement.c’était du costaud !
    -toute la presse est toxique
    -la police à l’ortf c’est la police chez vous
    -libérons l’ortf
    etc etc. je me souviens aussi en avoir beaucoup parlé avec François LONCLE et……Maurice SEVENO

  7. Bonjour,
    Je regrette de n’avoir pas pu me rendre présent pour cette projection des Nouveaux chiens de garde. J’ai vu le film il y a un an et demi à Bernay, programmé par l’Amicale Le Temps des Cerises, je crois. C’est le type de documentaire qu’on rêverait de voir diffusé à la télé tant il est édifiant sur les relations incestueuses entre le pouvoir économique, le pouvoir politique et l’oligarchie médiatique. Bien sûr, les gens bien informés n’y apprendront pas une foule de choses qu’ils ne savent déjà, mais le grand mérite du film est de synthétiser et de mettre en perspectives toutes ces informations. Bravo aux auteurs donc, et félicitations aux organisateurs/trices pour cette programmation de qualité.
    VB

  8. – yann:
    CHEVENEMENT « neocon ?? comme….. LE PEN !!……….tu peux développer -:)). merci

  9. @Yvon

    Je suis en train d’écrire un post sur ce point :)
    mais un indice ;)
    http://www.lepoint.fr/chroniques/la-revanche-des-neocons-27-11-2013-1762543_2.php

    Le Point, la presse poubelle…