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Les blogueurs haut-normands autour de François-Xavier Priollaud !

Par      • 6 Jan, 2013 • Catégorie(s): Haute-Normandie  Haute-Normandie    

C’était le 28 décembre 2012. A l’initiative de Nono, dans l’esprit qu’a su nous insuffler Philippe Méoule en 2010, nous étions réunis autour de François-Xavier Priollaud au Jules et Jim à Andé. Il y avait là, à nos côtés, Lætitia et Nono qui animent Saint Pierre Express, Laure Leforestier qui contribue occasionnellement sur le site du Grand Rouen, Adrien Jolly, Patrice Davidsen qui anime l’équipe de la Petite Souris Normande, Jean-Charles Houel, Loris Guémart.

Mon seul regret, c’est qu’aucun journaliste n’est venu ce soir-là participer à ce dîner à nos côtés, bien qu’ils en aient été informés.


Nous tenons à remercier chaleureusement, François-Xavier Priollaud, pour s’être plié, de si bonne grâce, à nos questions exigeantes et sans concession ! Même si nous n’étions pas d’accord, nous avons eu la sensation tout au long du dîner d’avoir en face de nous une personnalité politique de 1er plan qui tenait la route. C’est assez rare pour être souligné par les temps qui courent !


Les blogueurs haut-normands autour de François-Xavier Priollaud !

De gauche à droite sur la photo prise par Jean-Charles : Laetitia, Laure, Loris, Adrien, Nono, Denis, Patrice, François-Xavier Priollaud

Le parcours de François-Xavier Priollaud

François-Xavier Priollaud a aujourd’hui 36 ans. Il a fait son droit à l’université avant d’entrer à Sciences Po. Il a une expérience dans le journalisme acquise lors de sept années passées au Nouvel Observateur en parallèle à ses études. Il a participé à la fondation des éditions Saint-Simon au début des années 2000. Elle édite notamment George Soros, Jacques Juliard, Jean Daniel, Jacques Delors, Francis Fukuyama, …

En 2001, plutôt que de faire carrière dans le journalisme, il choisit de passer son concours d’administrateur de l’Assemblée nationale où il sera affecté successivement à la Commission des Affaires européennes puis à la Commission des affaires étrangères. Il participera à l’élaboration du traité constitutionnel européen au sein de la Convention européenne présidée par Valéry Giscard d’Estaing.

Il enseigne aujourd’hui en tant que maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris et aussi à l’ENA. Il y intervient dans le droit européen. Il a écrit 5 livres consacrés à l’Europe. Il pratique le piano et le violon, aime la cuisine et la lecture.

Sur le plan politique, il adhère en 1992 à l’UDF. En 2008, il est conseiller politique auprès d’Hervé Morin, ministre de la Défense. Il est délégué départemental de la Fédération de l’Eure. Il milite activement pour  la réunification de la Normandie. Il est élu conseiller régional en 2009 au sein du groupe « Pour une Nouvelle Normandie » aux côtés de Bruno LE MAIRE, ministre de l’Agriculture, et de Catherine MORIN-DESAILLY, Sénatrice de la Seine-Maritime.

Il appartient à l’UDI de Jean-Louis Borloo.

L’interview des blogueurs

Comment expliquez-vous l’absence de l’opposition sur le devant de la scène médiatique ?

François-Xavier PriollaudIl y a tout d’abord cette situation singulière à la tête de l’UMP. La droite et le centre sont aujourd’hui en pleine reconstruction. Ces derniers mois, l’opposition est surtout venue de la société civile au travers du mouvement des « Pigeons ».

D’où vient, selon vous, cette incapacité à faire des hommes politiques français ?

La 1ère observation que je ferai, c’est que François Hollande n’a pas bénéficié du moindre état de grâce. Nous sommes dans un pays extrêmement difficile à réformer. Souvenez-vous d’Alain Juppé en 1995. Contrairement aux pays du Nord de l’Europe, les syndicats sont extrêmement faibles. La démocratie sociale n’a jamais fonctionné dans notre pays. Faudra-t-il un jour réfléchir sur la syndicalisation obligatoire des salariés ?

Nous sommes en face d’une crise de la représentation. Nous vivons aujourd’hui une véritable fiction démocratique. Le choix des dirigeants dans l’institution se fait sur des logiques de corps. Pour réformer notre démocratie, il faut s’attaquer au principal problème qui ronge les institutions de la Vème République : le cumul des mandats… dans le temps. Prenons l’exemple de Laurent Fabius. Il est élu puis réélu député depuis 1978.

Le rapport Gallois date le décrochage de l’économie française du début des années 2000. Selon vous, quelles seraient, les mesures à prendre pour ramener la compétitivité au niveau des entreprises françaises ?

L’insuffisance de respiration de notre démocratie fait aussi que le pouvoir prend des mesures qui ne correspondent pas toujours aux aspirations des salariés et aux besoins des entreprises. Il faut aujourd’hui permettre davantage de flexibilité pour restaurer davantage de pouvoir d’achat mais aussi de compétitivité.

Nous devons aussi réfléchir aux moyens d’abaisser le coût de travail et, de ce point de vue, l’instauration de la TVA sociale préconisée par Nicolas Sarkozy était une bonne chose.

 Nous avons perdu en 10 ans près de la moitié de nos emplois industriels. De plus en plus de gens vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté, alors que la rémunération des actionnaires évolue au rythme des licenciements boursiers. Tout ne serait donc qu’une question de coût du travail ?

 Notre pays est aujourd’hui face à un problème de formation. L’idée que j’ai, c’est d’instituer un droit universel à la formation s’appuyant sur un « capital formation » pour tous. Chaque français disposerait ainsi d’un nombre d’heures de formation identiques, dans lequel nous intégrions la durée de la formation initiale.

Depuis l’arrivée de François Hollande à l’Elysée, ne pensez-vous pas que cette incapacité à faire dont nous parlions revêt un caractère plus personnel ?

Je ne connais pas personnellement François Hollande. Ce que je constate, c’est qu’avec le quinquennat, une présidence « normale » n’a strictement aucun sens. La pratique de Nicolas Sarkozy a tué la fonction de 1er ministre. Avec le quinquennat, il n’y a désormais plus de place pour deux à la tête de l’exécutif, sachant que j’avais voté contre cette réforme.

 Jean-Louis Borloo, le Président de l’UDI, a annoncé qu’il voterait en faveur du mariage pour tous ?

 Sur cette question du mariage, je crois qu’il y a tout d’abord un problème de sémantique. Le mariage, reste toujours dans l’esprit des opposants au mariage pour tous de l’ordre du religieux. Je préférerais pour ma part qu’on parle de mariage républicain. Je suis, pour ma part, favorable à l’égalité des droits aux hétérosexuels et homosexuels. Arrêtons l’hypocrisie. Et sachez que, si j’étais député, c’est tout naturellement que je voterai ce texte aux côtés de Jean-Louis Borloo.

Vous avez écrit plusieurs ouvrages sur l’Europe. Vous enseignez le droit européen à Sciences Po et à l’ENA. Vous avez contribué à l’élaboration du projet de TCE. Selon vous, que faudrait-il faire pour que nous sortions de la crise au niveau de l’Europe ?

 L’Europe doit aller vers un gouvernement économique plus intégré. Nous devons harmoniser notre fiscalité et aussi renforcer le budget européen. C’est l’euro qui, aujourd’hui, garantit notre souveraineté. Mais il faut que nous disposions d’institutions susceptibles de créer les conditions d’un véritable « leadership » européen. La réponse doit être institutionnelle évidemment. Vote à la majorité qualifiée. Oui, avec Jacques Delors, sur le départ de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne. Oui à l’intégration de la Turquie. Oui à une taxe carbone aux frontières de l’Europe.

Mais les réponses que nous donnons ne doivent pas être qu’institutionnelles. Nous devons avoir le souci d’un espace que s’approprient enfin les citoyens. Là où Erasmus reste réservé à quelques uns, je propose la création d’universités européennes, l’institution d’un droit civil européen, un service civil européen, la création d’un jumelage électronique qui aide à rapprocher les citoyens sur le plan numérique, la pratique de deux langues étrangères.

 Comment voyez-vous votre rôle sur la scène politique locale au cours des prochaines années ?

 Je suis lovérien depuis l’été 2009. Cette décision fait suite à la demande d’Hervé Morin, dont j’étais le conseiller politique depuis 2008, d’investir politiquement la ville de Louviers. Je suis entré à l’UDF en août 1992. De septembre 1994 à avril 2001, travaillant au Nouvel Obs, je me destinai à la carrière de journaliste. En 2001, j’ai préféré, après avoir obtenu mon concours d’administrateur de l’Assemblée Nationale, m’orienter vers la politique. J’ai la sensation d’y être plus utile.

Dans le cadre de la démarche d’union de la droite et du centre, nous nous sommes mis d’accord, Benoît Veyrat et moi-même. C’est lui qui conduira la liste d’opposition à Franck Martin pour les élections municipales de 2014. Nous avons ensemble l’ambition de faire autre chose de Louviers qu’une annexe résidentielle de Rouen ou de Paris. Nous voulons redonner l’envie de vivre à Louviers. Pour ce qui me concerne enfin, je reste disponible, au sein de ma famille politique, pour être présent sur les listes aux prochaines élections européennes.

 Ouvrages

  • 2008 : le traité de Lisbonne, publié à la Documentation-Française, avec David Siritzky
    2011 : que reste-t-il de l’influence française en Europe ? François-Xavier Priollaud, David Siritzky

 

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2 Réponses »

  1. Interview positive dans l’ensemble. La réponse sur le problème de l’emploi industriel me semble très légère. J’y vois le symptôme de l’illusion que celui-ci (l’emploi industriel) puisse revenir ; d’une manière ou d’une autre. Or, à mon avis, là se trouve une grande partie de l’aveuglement actuel : plein emploi, industrie forte, croissance, revenus venant du travail ; une vision du future… dans un rétroviseur. Les besoins en produit manufacturés sont limités par nature et par la nature et les robots sont capables de faire tout ou presque. Le future ne ressemblera quoi que l’on fasse à tout sauf à cela.

  2. @Kelson

    J’ai de nombreux désaccords avec FXP. L’Europe, l’euro, … Je trouve que nous sommes, là, en face d’une fuite en avant. Les propos qu’il nous a tenus sont du même acabit que ceux que je pouvais tenir sur l’Europe alors que j’avais 18 ans. C’est d’une grande naïveté. Sur le plan économique, je le trouve aussi extrêmement « conventionnel », manquant encore d’expérience. Mais je crois qu’il a une bonne perception des problèmes de notre démocratie, notamment concernant le cumul des mandats et des corps. Nous sommes en train d’en crever.